Un Simple Pari

chapitre 18

Nous sommes restés discuter une petite heure sur le banc. J'ai raconté ma tumultueuse aventure avec Dylan, aux filles, elles ont rit aux éclats. J'ai évité de mentionner notre espèce de jeu du chat et la souris entre Dylan et moi. Le jeu de celui qui arrivera à faire craquer l'autre en premier.

18h30. Les filles viennent seulement de partir, la mère d'Alice est venue les chercher. J'ai assuré aux filles que je viendrai au match ce soir après mon dîner de qui s'annonce fortement emmerdant. Je me retrouve donc seule, avec Dylan. Dès qu'elles sont parties, j'ai immédiatement ressenti la colère m'envahir à cause du personnage affalé sur le banc à côté de moi, qui pianote sur son téléphone. Tout trace de bonne humeur volatilisée.

- C'est toi qui voulait ce tee-shirt, Chanel, affirme-t-il.

- Ah bon ? C'est dommage, il t'allait plutôt bien, je rétorque avec sarcasme.

Il inspire bruyamment, range son téléphone dans la poche et se tourne vers moi.

- Ce que je veux dire, c'est que ce n'est pas de ma faute si on s'est fait prendre, ok ? Tu n'as pas le droit de m'en vouloir, déclare-t-il sur un ton chargé de reproches.

Le soleil s'éclaircit un peu plus que tout a l'heure, ce qui fait briller la chevelure brune de Dylan.

De toute façon, je n'ai pas envie de m'attarder sur le sujet, alors je coupe court à la conversation :

- Ok. On y va ? Je dois être rentrée dans une heure maximum.

Le dîner est à vingt heures mais je veux passer voir les filles au match, histoire de me détendre un peu.

Il se lève et nous nous mettons à marcher, en silence, jusqu'à sa moto. Une fois arrivés, on met notre casque et je chevauche la moto, maintenant excitée comme une puce. Dylan hésite, mais fait de même et se place derrière moi. Il ne se colle pas comme moi je l'ai fait à l'aller. Je prend le guidon entre mes mains. Un soudain sentiment de puissance s'empare de moi. J'ai toujours rêvé de conduire une moto et là, ça se réalise. Et j'en suis on ne peut plus ravie.
Dylan semble vraiment paniquer. Il faut dire qu'il y a de quoi.

Alors que j'allais enlever la béquille d'un coup de pied, Dylan me stoppe avec une vitesse fulgurante. D'accord...

- Tu es sûre que tu sais bien conduire ? M'interroge-t-il avec un ton pas très rassuré.

Non.

- Oui.

Il rit. Je sens son souffle chaud sur ma nuque, ce qui me provoque des frissons.

Pourquoi est ce qu'il rit ?

- Pourquoi tu ris ? Imbécile.

Il m'énerve à se moquer de moi. Non seulement je suis déjà assez stressée de piloter un engin qui m'est totalement inconnu mais en plus, il en rajoute une couche. Je reconnais que ce n'est franchement pas une bonne idée de vouloir faire ça mais je ne renonce pas pour autant. Je vais y arriver, ça ne doit pas être très compliqué.

- Alors comment tu expliques que nous sommes assis sur la moto, prêts à démarrer et que tu n'as pas retourné la moto face à la route ? Parce que là, tu peux toujours accélérer, tu n'avanceras pas.

En effet, la roue avant de la moto est coincée entre deux barreaux en métal cloués au sol, ce qui m'empêche donc de faire le moindre mouvement. Je me défend comme je peux.

- La dernière fois que j'ai conduit une moto, c'était il y a trois ans, alors soit plus indulgent, je crache.

Donc nous descendons de la moto. Je la soulève mais la relâche sans crier garde. Dylan grimace mais ne réagit pas, il étudie chaque mouvement que j'accomplis. J'essaye une nouvelle fois de la soulever mais elle est beaucoup trop lourde. Dylan ne vole même pas à mon secours. Il se contente de m'observer.