Falkjar

Chapitre 2 : Rencontre Tempétueuse (partie 1)

Elizabeth fut réveillée par les rayons du soleil matinal qui vinrent danser sur son visage. Elle réprima un bâillement avant de se lever, le dos ankylosé par l'inconfort que la couchette lui avait procuré.

Une tempête avait été annoncée dans la journée sur Brighton. Elizabeth ne perdit pas un instant et acheta avec son petit-déjeuner un billet de train pour la grande ville. Le mauvais temps fut au rendez-vous. Les vagues s'abattaient sur la plage avec une violence inouïe, le vent les entraînait loin sur la rive et les gouttes d'eau frappaient brutalement les passants. L'accès à la mer était prohibé, mais ce ne fut pas suffisant pour empêcher la jeune fille de braver les interdictions et rejoindre le sable détrempé. La jetée de Brighton avait été fermée aux touristes et était étrangement inoccupée... Elizabeth avait plus l'habitude d'y percevoir une foule de touristes qu'un vide absolu. Les attractions abandonnées ressemblaient à s'y méprendre à un parc fantôme. 

La jeune fille s'assit dans le sable et regarda les vagues monter haut au-dessus d'elle pour s'abattre sur son corps frêle. Elle n'avait pas peur d'être engloutie par les eaux, ni même d'être noyée par les vagues. Elle savait ce qu'elle faisait. Elle-même s'amusait à en amplifier le volume pour les faire atteindre des hauteurs vertigineuses. Aucune vague ne parvint à tremper la jeune fille qui en ressortait sèche comme si rien n'était jamais arrivé. Même ses longs cheveux de jais ne perdirent la moindre goutte.

Les vagues étaient impressionnantes mais avaient perdu de leur intérêt après avoir passé des dizaines de minutes à les observer. La jeune fille avait un but tout autre en tête. Elizabeth finit par se relever et faire alors face à la ville. Elle leva ses mains vers le ciel et découvrit ses paumes face aux fenêtres éclairées. Dans un air de toute puissance, elle fit s'abattre sur les bâtiments des trombes d'eau inégalées suivies d'un vent violent dont les bourrasques bousculaient les passants. L'étape ultime de la jeune fille arrivait à grands pas.

Elizabeth concentra toute sa puissance dans son but de la journée. Totalement en accord avec ce que ses mains commandaient, des éclairs jaillirent du ciel et s'abattirent sur la ville en craquements qui résonnèrent dans les rues paniquées. Les passants couraient pour trouver refuge dans des restaurants, bars ou magasins, alors que le sourire de la jeune fille s'agrandissait en observant leurs réactions. Elle continua aussi longtemps que ses pouvoirs lui montraient leur puissance et qu'il lui restait de la force. L'horizon noir était parsemé d'éclairs fugaces qui illuminaient les toits de la ville. Elizabeth était en admiration devant le spectacle. Si elle ne s'était épuisée avec l'effort, elle aurait pu continuer pendant des heures.

Quand elle fut trop fatiguée pour continuer son tour de force, Elizabeth laissa la nature reprendre le dessus. Les éclairs cessèrent et la pluie reprit une intensité moins soutenue. Le vent s'affaiblit et les vagues de la mer perdirent en violence. La jeune fille retourna se promener dans les rues désertes habituellement bondées. Peu à peu, les personnes ressortirent des restaurants et boutiques en scrutant anxieusement le ciel, cherchant à savoir s'ils seraient saufs et n'auraient à connaître sa colère jusqu'à leur retour chez eux. Elizabeth sourit en les entendant discuter. La couleur du ciel ne leur serait d'aucune aide, seule son humeur déciderait de leur sort.

Les pas de la jeune fille la menèrent à un parc. Le vent continuait de souffler et le ciel était toujours gris, mais la chaleur étouffante et l'humidité eurent raison des habitants qui préféraient rester chez eux. Elizabeth ne ressentait aucune attraction pour la vie que menaient ces personnes ordinaires. Elle ne comprenait ce que pouvait apporter une existence uniquement motivée par le gain d'argent. Après tout, amener un peu d'extraordinaire dans leur quotidien routinier ne ferait qu'agrémenter leur vie d'un soupçon d'aventure.