Falkjar

Chapitre 7 : Inadmissibles Incartades (partie 2)

Ce fut avec regrets et après un bref baiser de Jonathan sur son front qu'Elizabeth passa la porte pour rejoindre son cours. Sa professeure lui adressa un regard noir alors qu'elle rejoignait son bureau. L'enseignante profita de son arrivée pour rendre les contrôles aux élèves. Recevoir ses notes chassa ses pensées noires de l'esprit d'Elizabeth, qui se remémora les paroles acerbes du Directeur sur ses épreuves décevantes. Les scores de ses deux questionnaires se rapprochaient dangereusement de 180 sur deux cents points. Décevants ? C'était bien la première fois que la jeune fille atteignait une telle note – et la première fois qu'un devoir comptait autant à ses yeux. Ses dissertations, quant à elles, étaient toutes annotées d'un C- au sommet et accompagnées de passages barrés de rouges et remarques désobligeantes.

« Mademoiselle Tolliver, commença de sa voix âcre sa professeure, on ne vous a jamais demandé d'analyser les éléments se trouvant dans vos livres, encore moins de donner votre avis ! Seuls des magiciens bien plus puissants et mieux formés que vous peuvent accomplir une telle tâche ! La prochaine fois, veuillez rester à votre place et ne pas vanter vos capacités intellectuelles inexistantes. »

Elizabeth fut accablée d'une nouvelle déception. Cette deuxième semaine commençait de pire manière que sa première, sans même savoir que cela fut possible. Elle ne s'attarda pas plus sur ses mauvais résultats pour reporter son attention sur le cours et ne pas baisser son niveau de concentration.

Ses travaux pratiques de l'après-midi furent une bouffée d'air frais dans sa journée. Les jeunes commencèrent à travailler sur un nouveau sort, et entreprirent de maîtriser leurs capacités – comme la semaine précédente – avant de commencer l'assemblage le jour suivant. Ce ne fut qu'à la fin de son cours qu'elle put aller observer l'ensemble de ses notes affichées sur le bâtiment. Les jeunes étaient classés selon leur scores, et Elizabeth parcourut la feuille pour trouver son nom... en dernière position. Cette dernière déception vint s'ajouter à toutes celles de la journée. Ses questionnaires étaient les plus bas – et de loin – par rapport à ses camarades, ses dissertations étaient exécrables, mais seule sa note quasi maximale en pratique relevait son score final. Elle en tira là son unique consolation : elle avait atteint la meilleure note dans ne serait-ce qu'une matière. Son savoir laissait à désirer, mais la maîtrise de ses pouvoirs restait inégalée.

La magicienne ne mangea que très peu ce soir-là, et pour la première fois depuis son arrivée ne profita pas du paysage pour se détendre. Elle avait pris la bonne décision de redoubler d'efforts pour améliorer ses notes pour les examens de la semaine à venir, et parvenir à battre les autres élèves de sa classe. Elle ne resterait pas en dernière position. Et puis Jonathan avait raison, plutôt que de baisser les bras à la première difficulté, elle devait se battre pour ce qu'elle voulait.

Quand le dimanche arriva, Elizabeth se sentait fin prête. Elle avait passé sa semaine à travailler et réviser. Ses moindres pauses étaient dédiées à ses dissertations et ses repas les seuls moments durant lesquels elle s'autorisait à se détendre. À présent qu'elle travaillait avec ferveur, elle comprenait le silence de ses camarades. Quand elle ne travaillait pas et que son esprit n'était pas en ébullition, elle ressentait un besoin immense de se reposer. Les pensées parasites de conversations inutiles l'ennuyaient plus qu'elle ne les appréciait. Le silence était d'or...

La jeune fille, afin de ne pas devenir aphone ni même folle par ce silence continu, se permettait tout de même de commenter à voix haute toutes ses découvertes. Elle était toujours seule et savait qu'elle ne dérangerait personne, de même que prononcer chacune particularité l'aidait à la mémoriser.

Ses dissertations étaient complètes et parfaites, en accord avec ce que lui demandait sa professeure, et ses connaissances quant aux notions étudiées pendant la semaine parfaitement affutées. Elle ne se souciait aucunement de l'épreuve pratique car elle savait sa maîtrise bien suffisante pour lui faire décrocher la première place dans cette matière.