Chapitre 10 : Manipulations Magiques (partie 1)

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Juliette s'assurait à chaque fois qu'elles se retrouvaient seule du bien-être d'Elizabeth. Cette dernière avait de la peine à lui mentir de manière éhontée chaque fois que son amie lui posait de telles questions. Elle savait que tôt ou tard elle finirait par s'éloigner du groupe, mais espérait ne pas lui faire trop de mal. La jeune fille ne le méritait pas.

Le prochain cours qui accapara toute son attention fut celui dénommé Feu. Quand Elizabeth pénétra la salle – déjà bien en avance par rapport à l'heure de début – quelques élèves étaient déjà présents et attendaient en silence le professeur. Les pas de la jeune fille résonnèrent sur le sol et les murs de pierres alors qu'elle alla s'asseoir à une table vide. L'ambiance lui rappelait étrangement celle des élites...

Son professeur arriva en avance et commença le cours sans faire l'appel. Il fut le premier à n'accorder aucune attention particulière à la nouvelle venue. Le petit groupe se rendit au-dehors, sur la terrasse circulaire qui s'avançait sur le lac sombre et agité. La pluie tombait à flots et les éclairs balayaient le ciel noir de nuages. Une coupole magique protégeait la terrasse du temps extérieur, et leur permit de s'entraîner comme si le temps était au beau fixe.

Une illusion prit place à l'autre bout de la terrasse. À tour de rôle, Elizabeth en dernière position, chaque élève lança une boule de feu dessus. Le premier la fit s'enflammer – ce qui lui valut d'être encensé par son professeur – le second la réduit en fumée – et fut félicité par le professeur qui lui demanda néanmoins de réduire la puissance de son attaque pour ne pas détruire la cible – mais les autres ne parvinrent qu'à créer un écran de fumée sans plus l'affecter.

Le tour d'Elizabeth arriva enfin. Le feu avait toujours été son élément préféré et celui sur lequel elle s'était le plus entraînée, évidemment qu'elle parviendrait sans difficulté à réussir l'exercice. Elle se concentra, créa une boule de feu et l'envoya sans ciller sur l'illusion qui prit feu. La magicienne s'amusa un instant à régler leur intensité, diminua leur taille jusqu'à les faire disparaître puis les fit grandir jusqu'à chatouiller la coupole magique au-dessus de leurs têtes.

Son professeur la félicita avec autant d'entrain que pour le premier élève. Après quelques passages de pure réussite, elle eut le droit de s'entraîner sur d'autres exercices sans danger avec un autre camarade, pendant que le professeur se concentra sur ceux ne parvenant à réussir l'exercice. L'élève arrogant se renfrognait à chaque tentative vaine, grommelait que ce n'était pas de sa faute, que le temps nuisait à ses pouvoirs extraordinaires et l'empêchait de s'épanouir. Plutôt que de le laisser dans son état actuel, Elizabeth décida d'un peu plus s'amuser avec lui.

Pendant la dernière attaque du magicien, la jeune fille perçut la puissance parfaite de la boule de feu. Afin de ne pas le laisser réussir, Elizabeth accrut la puissance de l'attaque à son maximum, ce qui fit exploser l'illusion et la détruisit complètement. Des morceaux enflammés se répandirent entre les élèves effrayés. La magicienne revêtit son masque de stupeur et d'effroi alors que le professeur se retourna vers son élève.

« Quand je vous dis de mettre de la puissance dans votre geste, je ne voulais pas dire d'y mettre toute votre puissance ! Vous devez la maîtriser, pas vous laisser dépasser par celle-ci !

— Mais Monsieur, je ne comprends pas, je n'ai pas...

— Pourtant l'attaque doit être d'une rare intensité pour que... »

Le professeur cessa son discours véhément. L'élève en question n'était pas assez puissant pour détruire une illusion, comprit-elle. L'enseignant se retourna vers la jeune fille et la jaugea du regard.

« Mademoiselle Tolliver, auriez-vous quoi que ce soit à voir avec cet incident ?

— Comment ? »

Elizabeth agrandit son étonnement et employa son talent d'actrice comme jamais. Il était impensable qu'elle pût agir de la sorte...

« Avez-vous volontairement amplifié l'attaque de Monsieur Smithern ? » le professeur, plus suspicieux que jamais, pesait ses mots un à un.

« Non, comment j'aurais pu faire ça ? Je n'ai pas lancé l'attaque, je ne peux pas en modifier la puissance ! »

Son visage affichait un air offusqué. Le professeur, malgré son intuition, semblait la croire. Il réfléchit un instant, son regard rivé dans celui d'Elizabeth pour tenter d'y déceler toute trace de mensonge. La magicienne soutint le regard, innocente. Le détourner serait le laisser gagner. Après tout, il n'avait aucune preuve contre elle.

Elle sonda avec attention l'esprit et la puissance de son professeur. Il n'avait aucune barrière psychologique, aucun moyen de se protéger contre une attaque extérieure. Il ne pouvait déceler la magie mentale. Comme elle l'avait fait avec le proviseur de son dernier lycée, Elizabeth y glissa discrètement la pensée qu'elle était innocente, tout en veillant à prendre toutes les précautions nécessaires afin qu'il ne se doutât pas de son subterfuge. Quand elle eut fini, un éclair de certitude traversa le regard du professeur. Il se détourna, marmonna quelques mots, et laissa partir les élèves avec la sonnerie de fin de cours.

Afin d'éviter de retrouver ses chers amis, Elizabeth se dirigea vers la bibliothèque. Leur professeure de biologie leur avait demandé de rédiger une dissertation à propos d'une certaine plante, et la jeune fille préférait commencer au plus vite.

La magicienne se munit de tous les livres susceptibles de contenir des informations concernant la plante étudiée, les fit voler à côté d'elle et atterrir délicatement sur la table de bois massif. Elle commença à feuilleter les ouvrages et observer les noms des différentes plantes qui s'enchaînaient sous ses yeux. La jeune fille se désola de ne pas avoir de temps pour tout lire dans les moindres détails car chaque découverte était aussi passionnante que la précédente. Elle ne l'aurait jamais pensé de l'étude des plantes, et pourtant les noms Mignannolia, Harbricide, Lysargant et Filiminus Paricci lui donnait une folle envie d'apprendre. Elle tourna les pages à contrecœur jusqu'à arriver à la plante concernée. Comme chez les élites, Elizabeth reporta les éléments nécessaires à la rédaction de sa dissertation.

Il était déjà tard quand elle s'octroya sa première pause. Elle repartit avec les livres dont elle avait besoin et retrouva le groupe d'amis pour profiter d'un énième dîner passé dans les bavardages, cris et autres amusements enfantins.


Décidément, plus rien n'arrête Elizabeth ! Le point fort c'est qu'elle semble suffisamment à l'aise dans son environnement pour jouer des tours aux autres élèves. Elle n'a pas l'air de plus apprécier les jeunes de son groupe, mais au moins elle s'amuse, et semble aller mieux que pendant son passage chez les élites. 

Prochaine partie : Samedi 15 Avril

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