Chapitre 25 : Sentences Suprêmes (partie 1)

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Tout de noir vêtus, les deux amis descendirent les marches qui les menaient au port. Invisibles et silencieux grâce aux pouvoirs d'Andy, ils détachèrent une barque et grimpèrent à son bord pour parvenir de l'autre côté du lac. Seul le faible clapotis des rames au contact de l'eau rompait le silence de cette nuit claire. Tous deux se taisaient ; s'ils se faisaient prendre, nul doute que leur renvoi ne serait pas négociable.

Le trajet sembla durer une éternité. Leurs bras devenaient douloureux à force de propulser la barque d'un poids conséquent vers le rivage. Elizabeth ne pouvait s'aider de ses pouvoirs pour alléger la charge de travail – les eaux du lac les en empêchaient. Quand ils parvinrent sur la rive, Andy prit soin de cacher la barque de la vue de tous.

Le couple diabolique s'enfonça ensuite au milieu des arbres pour disparaître de toute vue depuis Falkjar. Le Directeur pouvait très bien avoir envie de jeter un coup d'œil depuis son bâtiment et, même si les chances étaient infimes, les apercevoir déambuler librement dans la forêt... Il leur fallait être prudents.

Andy finit par jeter un coup d'œil joueur à Elizabeth, qui s'ensuivit d'une course effrénée entre les arbres. Même si le magicien était musclé, la silhouette fluette de sa partenaire et son agilité lui permettaient de rester à son niveau. Ses pouvoirs faisaient toute la différence : la jeune fille plus puissante parvint au sommet de son arbre quelques secondes avant son adversaire, en pleine forme, riant de son visage aussi rouge et son souffle court. Appuyée nonchalamment contre le tronc de l'arbre, elle le regarda reprendre sa respiration, un grand sourire victorieux aux lèvres.

Il n'y avait pas un bruit pour venir déchirer le silence de cette forêt dense. Les deux jeunes tenaient à en profiter, car à côté de la clameur constante de Falkjar et d'Inglerra, cette tranquillité leur faisait un bien fou. Leurs discutions n'étaient que des chuchotis et leurs rires sourds. Mais Elizabeth s'étonna tout de même de l'absence des chants d'oiseaux et grillons. Le printemps revenait, les oiseaux auraient dû réapparaître depuis quelques jours déjà.

Les deux amis reprirent leur course au travers des arbres en bondissant de branche en branche et tronc en tronc vers une ligne d'arrivée lointaine. Elizabeth restait en tête et savait pouvoir arriver bien avant son ami grâce à ses pouvoirs, mais elle tenait à garder Andy à l'œil. Si le jeune homme chutait, ses pouvoirs ne pourraient le rattraper, et la magicienne avait déjà manqué de le perdre à de nombreuses reprises – hors de question de courir un autre danger. Sans compter sur la distance qui la séparait de l'école, le jeune homme avait le temps de mourir à plusieurs reprises et tous deux seraient renvoyés si par chance il survivait.

Quand Elizabeth, légère et espiègle, passa en premier la ligne d'arrivée, il s'amusa à se plaindre de sa défaite, avant de cesser sa comédie et demander à sa partenaire de grimper au sommet des arbres pour vérifier la distance qui les séparait de la rive.

La magicienne s'exécuta sans peine, et eut tout loisir de contempler le paysage verdoyant au-dessus de la cime des arbres. La nuit était voilée, et seule la Lune transparaissait au travers des nuages, s'imposant comme seule maîtresse du ciel. Le lac était calme et noir, mais bien plus loin que ce qu'ils avaient prévu. La distance la préoccupait, mais ce fut la présence d'une barque qui fit accélérer son cœur. Elle savait ne pas être capable de voir au travers des illusions d'Andy à cette distance, sa puissance était déjà concentrée dans ses yeux pour augmenter leur acuité...

« Tu avais bien pensé à dissimuler la barque tout à l'heure ? demanda-t-elle, inquiète.

— Bien sûr, pourquoi ?

— Quelqu'un nous a suivi. »

Cette phrase eut l'effet d'une douche froide. Andy pâlit à cette annonce, mais ne perdit pas contenance.

FalkjarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant