Chapitre 8 : Réussite Risquée (partie 2)

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Ce fut avec une bonne humeur inimaginable qu'elle termina sa journée. Après être allée prévenir Juliette qu'elle n'avait plus besoin de l'aide de ses parents - la nouvelle l'avait fortement soulagée - et de son arrivée dans l'enseignement normal en fin de semaine, elle se concentra de plus belle sur ses cours et dissertations. Une après-midi de gâchée était bien plus qu'elle ne pouvait se permettre. Il était temps de se remettre au travail.

Sa semaine passa plus rapidement encore que les précédentes. Elle ne voyait aucune fin à son travail, et elle consacrait jusqu'à ses heures de repas à se répéter en boucle les phrases apprises en cours. Adresser la parole à ne serait-ce que l'un de ses camarades lui était devenu impossible, et la simple pensée de sujet de bavardage irritable : perdre son temps aussi bêtement était inacceptable. La pression était à son maximum.

Quand Elizabeth était totalement seule elle récitait ses leçons à voix haute, argumentait tout ce qu'elle écrivait pour ancrer les moindres détails dans sa mémoire et s'endormait son livre à la main, souvent bien plus tard que l'heure du couvre-feu. Tous les matins elle brandissait toujours sa main avant la fin de la question et répondait toujours avec justesse. L'après-midi elle décernait toute son attention à ses cours pratiques et ses pouvoirs, pour terminer par rédiger à la perfection ses dissertations.

Le dimanche fut un véritable soulagement. Ses questionnaires lui avaient apparu faciles et elle y avait répondu sans aucune hésitation, et son épreuve pratique n'avait été qu'une formalité. Elle se demandait même comment avoir pu obtenir une note aussi élevée durant sa première semaine parmi les élites : sa maîtrise d'aujourd'hui était bien supérieure à celle d'alors.

Elle ne se rendit compte de sa fatigue qu'une fois ses examens passés. Elle lui tomba sur les épaules sans crier gare. Mais Elizabeth n'eut pas le temps d'y penser, elle devait se hâter d'emballer ses maigres affaires et rejoindre le Directeur dans son bureau. Le grand jour était arrivé.

Ce fut d'un pas guilleret qu'elle monta les marches et fit voler sa valise à ses côtés, puis s'assit en face du Directeur, aux côtés de Jonathan qui lui adressa un sourire timide. Elias Nardeck l'attendait les mains croisées sur son bureau imposant, les sourcils froncés, visiblement mécontent face à ce changement inopportun.

« Mademoiselle, le grand jour est enfin arrivé. Êtes-vous toujours certaine de vouloir prendre cette décision ?

- Absolument, Monsieur le Directeur.

- Bien. Jonathan, je compte sur vous pour présenter l'école à cette jeune fille et lui expliquer son fonctionnement. Je suis certain que vos nouveaux camarades seront ravis de répondre à la moindre de vos questions. Je vais, en attendant, vous accompagner jusqu'au portail. »

Tous trois se levèrent d'un même bond et, sans laisser le choix à Elizabeth, Jonathan saisit sa valise. Ce ne fut que devant le portail que le vieux magicien fit ses adieux à l'étudiante, non sans un dernier regard empli de dégoût dirigé vers les niveaux inférieurs.

« Je me désole de voir que cette collaboration n'aura pas marché. Au moins serez-vous en mesure de poursuivre votre apprentissage et faire profiter la Communauté Magique de vos dons dans un avenir plus ou moins lointain.

« J'ai ceci à vous remettre, annonça-t-il en tendant une fine enveloppe à Elizabeth. Je vous prierai d'attendre d'être dans votre nouveau logis pour l'ouvrir. En espérant que cette décision vous soit favorable... » prononça-t-il en serrant la main de la magicienne. Cette dernière n'était pas dupe, elle pouvait très clairement voir son changement d'attitude qui coïncidait étrangement avec la présence de Jonathan. Ce fut sans regret qu'elle laissa derrière elle son passage chez les élites et se prépara à aller de l'avant. Une nouvelle vie l'attendait dans l'enseignement normal.

Jonathan la mena au travers de nombreux escaliers, chemins et ponts pour finalement la faire passer une arche à même la pierre qui menait à un couloir troglodyte. Plusieurs portes de bois étaient ancrées à même la pierre et ouvraient le passage à différentes pièces de l'école - infirmerie, Salle des Repas, dortoir et finalement Salle de Détente. Il ne crut pas nécessaire de lui faire visiter la cafétéria qu'elle découvrirait sûrement très rapidement, et la fit entrer dans la dernière salle citée.

Il laissa le passage à Elizabeth qui entra la première dans la Salle. Il n'y avait aucun élève pour la déranger, et la vue qu'elle découvrit coupa son souffle. Les murs de pierres s'élevaient, hauts, et se terminaient en gravures fines et délicates. La cheminée était ornée des mêmes dessins et encombrée de quelques livres oubliés à son pied. Le mur du fond était quasi inexistant : les arches le perçaient en toutes parts pour laisser entrer la lumière dorée du soleil couchant. La magicienne était émerveillée. Un tel calme ressortait de cette pièce, comme si elle avait été faite pour détendre les magiciens. Cette réflexion la fit pouffer - après tout, la salle portait bien son nom. Sans plus attendre, légère comme une plume, l'ancienne élite s'élança au-dehors pour s'accouder sur la rambarde et observer le paysage devant elle. Le lac était bordé des flancs abrupts de chaque colline verdoyante, noyées sous les sapins touffus. L'étendue d'eau s'étendait à perte de vue, comme touchant l'horizon et le soleil qui s'y reflétait. Le lac était paisible, de même que les arbres. Elizabeth tombait en amour avec le lieu si magnifique.

Sur sa droite montaient quelques marches au-dessus du vide, protégées par les rambardes de fer forgé noires. Se détachaient sur le pan de mur les mêmes arches que la Salle de Détente, et, sous l'invitation de Jonathan qui lui rendit sa valise, elle alla dans son dortoir.

Les lits comportaient tous des photos de famille et autres affiches en tout genre. Des vêtements traînaient sur le canapé au centre et un brouillon raturé avait été oublié sur la table basse. Elizabeth se dirigea vers le seul lit qui ne comprenait aucune personnalisation. Sans plus tarder, aidée de ses pouvoirs, la magicienne rangea toutes ses affaires dans son armoire et détacha ses cheveux de jais. Elle n'avait plus à porter de queue de cheval à présent, elle était libre de choisir sa coiffure. Un sourire simple vint s'inscrire sur ses lèvres. Elle avait enfin retrouvé sa liberté adorée, et pour rien au monde l'aurait laissée partir. Ce sentiment était délicieux.

Elle se décida enfin à ouvrir la lettre que le Directeur lui avait donnée, et en balaya du regard le contenu. Il ne lui fallut que très peu de temps pour comprendre que la simple feuille comportait les notes des examens de sa journée. Son sourire grandit à mesure qu'elle parcourait les chiffres. Elle avait accompli l'impossible.

Elle avait atteint le score maximal - elle était la meilleure.

Elizabeth est libre, enfin ! Il n'y a plus qu'à espérer que l'enseignement normal lui convienne, et qu'elle arrive enfin à s'y épanouir.

Je vais vous faire une confidence. J'avais réécrit une première fois les chapitres à partir du début des cours d'Elizabeth dans l'enseignement d'élite (chapitre 6) jusqu'à ici, et la version me paraissait parfaite. Puis, fausse manip' oblige, j'ai tout perdu, et impossible de récupérer ma réécriture. Comme ces chapitres étaient les derniers que j'avais à retravailler, j'ai dû le refaire immédiatement, sans vraiment en avoir l'envie... donc aujourd'hui, je ne trouve pas cette version trop mauvaise, mais en deçà du reste. Je ne sais pas si mon avis est biaisé par cette mésaventure, mais c'est pour ça que j'aimerais que vous soyez honnêtes, et si quelque chose ne va pas, je vous supplie de me le dire haha ! J'ai du mal à avoir un avis objectif, et jusque là vos commentaires m'ont vraiment fait plaisir. Donc si quelque chose vous gêne, n'hésitez pas à m'en faire part :)

Prochaine partie : Dimanche 2 Avril

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