Chapitre 1 : événements inexplicables (partie 2)

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Au son de la cloche, les élèves se ruèrent au-dehors pour raconter à qui voulait l'entendre leur version des faits et exposer leurs théories. Personne n'attendait Elizabeth au-dehors. Elle n'avait personne vers qui se diriger. Ou presque.

La jeune fille trouva son chemin jusqu'aux bureaux du Proviseur. Sa secrétaire lui fit signe d'attendre sur une chaise. La lycéenne voûta ses épaules et baissa sa tête. Elle se tritura les mains et agita ses genoux en attendant le Proviseur. L'anxiété qu'elle projetait était jouée à la perfection.

L'homme vint enfin la retrouver et l'invita à s'asseoir à son bureau. Elizabeth prit place au bord du siège, et fixa ses genoux du regard en ne lançant que quelques coups d'œil fuyants au Proviseur devant elle. Il finit par prendre la parole en premier.

« Je crois me souvenir de vous avoir vue dans cette salle de classe avec les autres élèves. Savez-vous quoi que ce soit sur ce qui vient de se passer ? »

Son ton était à la fois ferme et courtois. Il voulait à tout prix comprendre les événements, et Elizabeth était prête à lui apporter les explications qu'il cherchait tant – qu'elles soient vraies ou fausses.

« Ce sont les autres qui ont tout planifié, dit-elle précipitamment d'une voix chevrotante. Ils en parlent depuis des jours. Ils se sont passés le mot pour faire croire que les vitres ont explosé et qu'un mur a pris feu... Comme ils savaient les événements très graves, ils se sont doutés que personne n'irait vérifier leurs propos avant l'arrivée des pompiers. C'est comme ça qu'ils ont réussi à piéger tout le monde...

— Pourquoi votre professeur m'aurait menti dans ce cas-là ? Pourquoi ne m'en parler que maintenant ?

— Je n'avais pas le choix, répondit-elle d'une voix que les sanglots faisaient trembler. Si je disais quoi que ce soit, ils m'ont menacée de... de... »

Elizabeth ne put terminer sa phrase tant sa peur était grande et ses sanglots violents. Elle tenta tant bien que mal de continuer son discours.

« Ils ont dû faire de même pour le professeur... Je sais à quel point ils peuvent être manipulateurs et convaincants... »

Si le Proviseur n'avait tenu compte que du ton sur lequel elle avait raconté son histoire, il l'aurait certainement crue. Elle était étonnante de sincérité. Mais son discours souffrait d'importantes lacunes, et Elizabeth le savait. Elle usa d'un autre de ses pouvoirs pour glisser en lui l'idée que ses propos étaient vrais. Quand elle eut terminé le processus, le Proviseur eut un éclair de détermination. Il la croyait réellement.

« Merci pour votre discours, mademoiselle. Soyez certaine que j'interviendrai comme il se doit. Pouvez-vous me rappeler votre nom, s'il-vous-plaît ?

— Elizabeth Tolliver.

— Très bien, mademoiselle Tolliver, je tâcherai de me souvenir de votre aide. »

Elizabeth sortit d'un pas las du bureau, et arbora un grand sourire satisfait une fois loin de tout regard. Elle avait joué son rôle à la perfection. Chaque fois qu'elle savait ses excuses trop faibles, elle employait ce pouvoir pour être innocentée. Elle n'en connaissait la puissance et ne savait si quelques années après les personnes influencées continuaient de penser de la même manière ou non, mais ce qui lui importait était de voir les conséquences de ses actes reportées sur ces élèves qui la détestaient tant. Ils le méritaient bien, après tout.

Pendant son repas du midi, Elizabeth descendit dans la cantine de son lycée. Le personnel ne lui accorda aucune attention particulière alors que les élèves la toisaient tous avec un regard empli de haine. Les murmures dédaigneux et sifflements mauvais fusaient sur son passage, mais la jeune fille ne s'en souciait pas. Les voir lui accorder leur temps et attention la satisfaisait bien plus que de se savoir totalement invisible. Son passage laisserait des traces amères qu'elle chérissait plus que tout.

FalkjarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant