Le Directeur les foudroyait du regard. Elizabeth tentait de garder une moue impassible pour l'empêcher de voir au travers de son esprit. Si elle parvenait à se convaincre parfaitement de son innocence, les deux hommes ne pourraient rien contre elle et Andy. Ce dernier, quant à lui, revêtait une attitude arrogante et provocante. La jeune fille priait intérieurement qu'il s'arrêta, ou sinon les conséquences pourraient être bien plus graves...
Un long silence s'ensuivit. Le Directeur et le magicien quittèrent la pièce, laissant seuls avec les élèves quelques magiciens pour les surveiller. Elizabeth savait qu'ils allaient discuter de leur sort, et croisa les doigts pour que le manque de preuve joue en leur faveur. Après tout, ils n'avaient rien fait de mal. Le bâtiment en question était protégé par un sceau mais rien n'indiquait l'interdiction de le pénétrer. La jeune fille se savait en tort, mais se doutait également qu'elle n'encourait aucune peine grave pour un tel acte. Après tout, Inglerra n'avait jamais réellement établi de système politique ou de sécurité. La ville ne comportait qu'un poste permettant de faire régner la sécurité dans la ville – tous les magiciens l'appréciaient trop pour y faire du mal et les eaux magiques empêchaient les personnes malintentionnées d'y parvenir. Les élèves se rendant à Inglerra devaient toujours respecter les règles de Falkjar et restaient sous les ordres du Directeur. Si un élève s'amusait un peu trop... le Directeur ou les professeurs agiraient en conséquence.
Elizabeth ne savait pas si elle devait en être rassurée. Contre un officier de police seul, elle savait pouvoir s'en sortir par quelconque manipulation doublée par ses talents de menteuse invétérée. Le Directeur la connaissait trop bien pour céder aussi facilement.
Tous deux revinrent dans la pièce après ce qui semblait être une éternité à Elizabeth. Le débat avait dû être long – elle ne savait pourquoi d'ailleurs. Le seul objet pouvant être débattu était la punition infligée aux deux jeunes, et seul le Directeur avait le pouvoir de l'infliger. Ça n'avait aucun sens.
Le garde ne leur assena qu'un vague avertissement et l'interdiction formelle de retourner dans cette bibliothèque. Le Directeur les raccompagna jusqu'à Falkjar où il leur interdit de quitter l'enceinte de l'école pour les deux semaines à venir. Les deux jeunes furent heureux de ne pas connaître pire sanction.
Ils se précipitèrent dans les chemins de l'école pour aller chercher le livre qu'ils avaient envoyé, espérant de tout cœur que personne – professeur ou élève – ne l'ait récupéré avant eux. Leur course effrénée se fit en silence. Les deux jeunes étaient bien trop tendus pour en discuter, et Andy trop irrité par sa journée pour supporter des babillages inutiles. L'ouvrage reposait sur l'herbe humide, fermé, comme attendant les deux jeunes pour l'ouvrir. Andy le saisit avant la jeune fille. Le livre était épais, et la couverture – bien que très richement décorée – n'avait rien de bien spécial. Son titre n'indiquait rien de plus : Aventures et Réflexions. Le jeune homme lui montra la reliure. Le nom de l'auteur lui sauta immédiatement aux yeux : Elias Nardeck. Elizabeth eut un sourire satisfait. Ce risque n'avait pas été pris en vain.
Avides de réponses, Andy s'empressa d'ouvrir le livre qui dévoila ses pages aux deux amis. La surprise d'Elizabeth fut complète. L'alphabet devant elle était époustouflant par sa beauté et les lettres calligraphiées étaient finement encrées dans le papier épais, mais elle ne savait les lire. Andy referma le livre sèchement. Elizabeth n'eut pas besoin de regarder le jeune homme pour le sentir prêt à exploser de colère.
« C'est de l'elfique. Avec l'alphabet elfique, écrit en langue elfique. C'est illisible. »
Son ton était amer et sa voix tremblait sous l'effet de la colère. Elizabeth était trop déçue pour même tenter de le calmer – ou surveiller ses propres paroles.
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Falkjar
ParanormalHaïe par ses camarades, ignorée par ses professeurs, abandonnée par chaque famille qu'elle visite, Elizabeth parcourt le Royaume-Uni sans jamais trouver sa place. Déplacée dans un monde qu'elle considère si ordinaire, elle, être exceptionnel aux pou...