Le week-end venu, Juliette emmena les filles jusqu'à un coin de l'école encore inconnu d'Elizabeth. Après avoir traversé Falkjar sous le vent violent, elles parvinrent devant une arche ancrée dans la roche-même. Un message y était gravé qu'Elizabeth ne put déchiffrer. L'alphabet lui était totalement inconnu.
« La puissance d'un magicien repose autant sur ses pouvoirs que sa connaissance et ses intentions » dit simplement Juliette. Elizabeth se retourna pour se rendre compte que cette dernière l'observait avec attention. « C'est de l'elfique. C'est aussi la première phrase que l'on m'ait dite en cours quand je suis arrivée. Elle ne m'a jamais quittée. »
Elizabeth demeura silencieuse tandis que les autres filles pénétrèrent à l'intérieur de la montagne. L'arche débouchait sur une vaste pièce circulaire dont les terrasses de bois suivaient le contour de la roche et donnaient accès à des portes ancrées elles-aussi dans la pierre. En son centre des murs formaient un étroit cercle dont deux arches en délimitaient l'entrée. Des statues imposantes étaient posées de chaque côté, comme en gardant le passage. Au travers on percevait un jardin et quelques arbres, ainsi que des clapotis semblant venir d'une rivière ou d'une cascade.
Elizabeth passa l'arche après le reste du groupe. Ce qui s'offrit devant ses yeux l'émerveilla. La salle s'était subitement agrandie pour devenir un immense parc traversé par une rivière chantante, parsemé d'arbres et dont l'herbe grasse et souple formait un sol confortable que coloraient de nombreuses petites fleurs. Les parois du parc étaient des murs de pierres abrupts, tels les flancs d'une montagne, s'élevant à quelques mètres au-dessus de leurs têtes. Les rayons du soleil – malgré le temps gris au-dehors – parvenaient toujours jusqu'aux élèves, et la douce chaleur réchauffait leurs visages engourdis par le froid. Elizabeth avait l'impression d'être au paradis.
Sauf que si elle était vraiment au paradis, la magicienne n'aurait pas dû supporter la matinée entière consacrée à des discussions sur leur manucure, leur maquillage, vêtements et garçons dont l'abreuvèrent les filles. La jeune magicienne feint l'endormissement et préféra les rires de ses comparses plutôt que leurs questions sur l'avis qu'elle n'avait pas. Elle fut heureuse quand cette matinée se termina et que le groupe se leva pour rejoindre la Salle des Repas. Son corps engourdi, elle ne se posa de questions sur la direction que quand elle vit Juliette s'arrêter devant la paroi rocheuse, puis poser ses deux mains à plat dessus.
« Qu'est-ce-que tu fais ? demanda Elizabeth.
— Chut, attends et tu verras. »
Elizabeth la regarda fermer les yeux, un sourire malicieux à la bouche. Concentrée sur une cible inconnue, la magicienne regarda son amie faire, à la fois ennuyée et irritée par le temps qu'elles perdaient. Mais alors qu'elle allait faire demi-tour, un contour apparut dans la roche. Émerveillée, la nouvelle-venue regarda le dessin se terminer et deux portes se matérialiser sur les pierres, qui s'ouvrirent pour laisser le passage au groupe. De l'autre côté s'étendait le couloir les menant aux chambres et à la Salle des Repas. Les portes disparurent quand la dernière les eut passées.
« Comment tu as fait ? On était pourtant à l'autre bout de l'école ! s'exclama Elizabeth.
— Si tu demandes gentiment un service aux murs, ils accepteront sûrement de te le rendre.
— Les murs bougent à ta demande ?
— Oui, si tu t'y prends bien. »
Juliette avait un regard malicieux, le même qu'elle revêtait à chaque fois qu'elle enseignait une particularité à l'ancienne élite. Elizabeth, quant à elle, était sceptique. Elle ne croyait pas aux histoires de murs qui pouvaient bouger et transporter les élèves, pas plus qu'aux bâtiments qui pouvaient la faire réapparaître à un autre endroit. Une certaine magie était à l'œuvre en ces lieux, mais elle ne parvenait à en sentir l'origine.
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Falkjar
ParanormalHaïe par ses camarades, ignorée par ses professeurs, abandonnée par chaque famille qu'elle visite, Elizabeth parcourt le Royaume-Uni sans jamais trouver sa place. Déplacée dans un monde qu'elle considère si ordinaire, elle, être exceptionnel aux pou...