Falkjar

Chapitre 17 : Aveux Ardus (partie 1)

Elizabeth faisait équipe avec Jimmy et Andy pour son cours de biologie. Le hasard faisant bien les choses, seuls ces trois magiciens s'étaient retrouvés sans partenaire dans cette classe de 27 élèves. Elizabeth soupira. Andy était d'humeur noire et lançait des regards assassins autour de lui, tandis que Jimmy souriait en le voyant si énervé. Elizabeth préféra ne pas leur accorder d'attention. Lasse de cette ambiance tendue, elle s'était placée entre les deux élèves et rédigeait sur sa feuille les étapes nécessaires pour extraire l'essence des fleurs de Lune Ondoyante. À sa gauche, Andy observait d'un air noir les autres élèves qui tentaient par tous les moyens de réussir l'exercice sans accorder nulle attention à ses partenaires, tandis que Jimmy l'induisait en erreur à trop vouloir l'aider.

Quand elle eut fini de lister tout le matériel nécessaire, Jimmy, perpétuellement de bonne humeur, se porta volontaire pour tout aller chercher. Ce fut la première réaction d'Andy à son sujet : « Quel bon petit toutou ». Elle fut accompagnée d'un regard réprobateur de la part d'Elizabeth, qui n'eut pour effet que de renforcer sa mauvaise humeur. Jalousie quand tu nous tiens, pensa-t-elle. Pour accroître son irritation, elle sourit largement à Jimmy en le remerciant quand il revint. Prends ça, Andy Dashwood.

Elle répartit les tâches entre eux trois. Andy mélangeait les quantités d'eau et d'astylite – une mixture étrange permettant d'amplifier les effets positifs d'une plante – nécessaires tandis qu'Elizabeth choisissait soigneusement les pétales de la plante et que Jimmy les pilait en une poudre fine. Étonnement, aucun d'eux ne se plaint de la tâche qui lui était échue. Soit ils veulent m'impressionner, soit ils ont peur de moi, pensa-t-elle. Cette dernière remarque la fit de nouveau sourire.

« Qu'y a-t-il princesse ? L'un de nous deux est-il sujet à moquerie ? Entre nous, je me demande bien qui ça pourrait être. »

Son sourire s'effaça. Andy et Jimmy se jaugeaient du regard.

« En effet, mais je crois que tu te trompes de personne » lui assena Elizabeth sans se détourner de sa feuille. Elle savait très bien que si elle le laissait faire dès le début il allait s'en donner à cœur joie tout le long de l'exercice.

Jimmy tendit le bol de fine poudre grise à Andy qui le reçut avec un grand sourire.

« Tu as bien réussi à piler le tout ? Quelle grande tâche est-ce là ! » dit ce dernier d'un ton narquois.

« Au moins aussi grande que de mélanger deux liquides, répondit Jimmy avec simplicité.

— Tu vois, entre piler des feuilles et mélanger deux liquides dont une goutte de trop pourrait faire rater ce travail, je crois que la plus impressionnante n'est pas bien difficile à trouver. »

Elizabeth releva la tête de ses rapides calculs, agacée. Allaient-ils donc se taire un jour ?

« Donc si cette expérience échoue, on saura de qui est-ce la faute, riposta Jimmy.

— Oh, mais elle ne loupera pas, crois-moi sur parole. Si tu es jaloux, tu aurais dû demander à faire quelque chose de moins ingrat à notre chère amie. Sauf qu'en petit larbin soumis, tu n'as pas osé contester ses ordres.

— Je ne vois pas quel avantage il y aurait eu à faire une histoire d'une action aussi insignifiante.

— Parce que tu savais tout comme elle que tu n'avais pas les compétences requises pour cette tâche, n'est-ce pas Lizzie ? »

Elizabeth peinait dans ses calculs et sentait sa patience s'envoler. Il n'y avait qu'Andy pour réussir à faire de telles histoires d'un simple fait et réussir à l'impliquer dedans. Et ce surnom qu'elle détestait tant n'était pas pour l'aider à garder son calme.