Falkjar

Chapitre 7 : Inadmissibles Incartades (partie 1)

Quand son réveil sonna ce matin-là, Elizabeth n'avait toujours pas récupéré de son intense semaine passée. Elle éteint son réveil avant de se retourner dans ses draps. Juste une minute de plus... pria-t-elle tout bas.

Elle rouvrit ses yeux quelques minutes plus tard, paniquée à l'idée d'être en retard. Quand elle vit l'aiguille pointant le neuf sur son réveil, son cœur s'arrêta l'instant d'une seconde. Celle d'après, elle se leva en un coup de vent, passa quelques courtes minutes dans sa salle de bain avant d'enfiler la veste de son uniforme et sortir dans la volée de sa chambre. Elle savait qu'elle connaîtrait la fureur de sa professeure si elle arrivait quelques minutes en retard, mais manquer son cours ne serait que pire. Elizabeth sursauta en apercevant une figure imposante qui l'attendait sur le palier de sa porte...

« Mademoiselle, veuillez me suivre s'il-vous-plaît. »

Pour la seconde fois de la matinée, son sang se glaça dans ses veines. Elizabeth suivit docilement le Directeur, craignant son accès de rage amplement mérité. Son ton pourtant calme la fit bien plus frissonner que s'il lui avait crié dessus...

Quand la jeune fille pénétra son bureau, elle vit une silhouette assise dans l'une des deux chaises libres. Sa présence serra le cœur d'Elizabeth, qui évita soigneusement son regard en s'installant à ses côtés. 

« Mademoiselle, commença sans tarder le Directeur, votre comportement est inadmissible. Depuis votre arrivée vous n'avez eu de cesse d'enfreindre le règlement comme bon vous semble, ce que je ne peux accepter une seconde de plus. Si encore vos résultats étaient à la hauteur ils pourraient peut-être justifier une partie de vos incartades, mais ils se sont avérés décevants et sont la preuve d'un manque de travail évident. Alors, dites-moi, quelle raison vous a poussé à manquer votre cours de la matinée ? »

Elizabeth avait relevé la tête à l'évocation de ses résultats. Elle avait donné le meilleur d'elle-même et était sûre de les avoir réussis, comment pouvaient-ils être décevants ? Mais le ton sans appel du Directeur et son regard dur et froid l'empêchèrent de plus poser de questions. Impressionnée par son attitude, elle décida de répondre docilement tout en essayant de minimiser sa culpabilité.

« J'étais fatiguée... Je me suis rendormie avant même de pouvoir me lever... »

Le Directeur laissa échapper un rire mauvais à sa réponse. Elizabeth se recula dans son fauteuil... Elle se sentait faible et honteuse.

« Fatiguée ? Vous avez laissé une telle faiblesse empêcher votre progression ? Je ne pensais pas vous voir tomber si bas... » cracha-t-il avec mépris. Elizabeth se figea – elle ne se laisserait pas faire sans se défendre. Elle avait tous les droits d'être fatiguée avec cet emploi du temps inhumain !

« Nous n'avons aucune journée de repos, aucune heure, rien ! s'emporta-t-elle face au Directeur qui haussa un sourcil surpris. C'est normal d'être fatigué avec un tel emploi du temps ! On travaille comme des forcenés, tous nos faits et gestes sont encadrés... personne ne peut tenir un tel rythme ! »

Le Directeur s'avança sur son bureau pour la mirer droit dans les yeux. Le regard farouche de la jeune fille rencontra celui froid du magicien.

« Si ce rythme est si insoutenable, pourquoi êtes-vous la seule à vous en plaindre ? Pourquoi vos camarades sont en ce moment-même en cours et n'ont jamais été en retard sur leur emploi du temps ? »

Elizabeth fulminait. Elle savait les propos du Directeur réels, mais également que les élèves n'agissaient pas comme des magiciens particulièrement ordinaires l'auraient fait. Quelque chose n'allait pas chez eux et une partie d'elle se doutait que le Directeur était tout du moins en partie responsable, mais n'avait aucun moyen de le prouver. Et sans preuve, son argument n'était pas valable.