Falkjar

Chapitre 20 : Fantastique Fête

Durant les quelques semaines qui suivirent, les deux jeunes consacrèrent tout leur temps libre à leurs entraînements quotidiens et à leurs révisions pour les examens de la mi année qui approchaient à grands pas. Leurs heures de retenues achevaient de les épuiser, et avec toute cette masse de travail, les deux amis n'avaient eu le temps de repenser aux derniers évènements.

Les progrès des deux jeunes étaient phénoménaux. Elizabeth riait en se souvenant d'elle-même quelques mois plus tôt, pensant maîtriser au mieux ses pouvoirs et n'avoir presque rien à apprendre dans cette école... Elle s'était bien trompée. Il en allait de même pour Andy. Jamais il n'avait autant progressé que depuis son alliance avec la magicienne. Et depuis l'attaque du démon, tous deux veillaient à rendre ses illusions plus vraies que natures.

Le 15 décembre marquait l'anniversaire d'Elizabeth. Andy s'était promis de rendre ce jour inoubliable et avait organisé pour elle une multitude d'événements qui ne passeraient pas inaperçus - la jeune fille allait détester cette journée. Dès son réveil il lui chanta dans la Salle de Détente - où ils se rejoignaient chaque matin - Joyeux Anniversaire à tue-tête, un chapeau vissé sur la tête et entouré de serpentins qui ne nécessitaient le souffle de personne pour se dérouler. Elizabeth dépassa, rouge de honte, Andy qui ne parvenait pas à refréner son fou rire. Quelques heures après, toute l'école était au courant de l'événement et les élèves ne cessaient de lui lancer des coups d'œil scrutateurs. Au moins le couple diabolique les laissait tranquilles pour une journée...

Pendant ses heures de cours, des feux d'artifices explosèrent et furent accompagnés de farfadets armés de luths qui chantaient sans s'arrêter en dansant autour d'elle. Ils ne s'interrompaient que quand les professeurs excédés mettaient fin à leur enchantement. Ces illusions étaient tellement réelles qu'il fallut quelques heures à Elizabeth avant de percevoir l'enchantement...

À la fin de leur déjeuner, Andy avait fait venir une pièce montée géante allumée de dix-huit bougies. Elizabeth tenta de toutes les éteindre en un souffle et savait que le jeune homme ne la laisserait jamais tranquille tant qu'elle n'aurait pas goûté un morceau. Quand il fut enfin satisfait, elle se réfugia dans son dortoir pour n'en sortir qu'à l'heure de se rendre à son prochain cours. Elle fut accueillie dans la Salle de Détente par une horde d'appareil photos qui la mitraillaient sous tous les angles. Aveuglée par la violence des flashs, Elizabeth les fit tous brûler. La magicienne ne fut débarrassée des plaisanteries d'Andy que quand elle pénétra la salle de son cours de l'après-midi. Après avoir maudit l'école pour ne pas l'avoir déplacée dans un autre coin reculé, elle se retrouva devant le jeune homme armé d'un immense sourire goguenard, dont le rire tout proche faisait trembler ses lèvres. Il n'avait rien prévu de plus pour l'après-midi, et c'était un réel soulagement.

Ils s'installèrent à la cafétéria pour leur dîner. Il lui tendit un paquet emballé avec soin dans un magnifique papier cadeau rouge sanglant, accompagné d'un « C'est pas tous les jours qu'on a dix-huit ans ! ». Elizabeth, tenant entre ses mains la seule vengeance qu'elle pouvait mettre à l'œuvre pour la journée, défit lentement le paquet, veillant à ne pas le déchirer, ce qui eut pour effet d'irriter un peu plus l'auteur de ses hontes. Elle en sortit un écrin qui contenait une magnifique dague.

Elizabeth la saisit avec soin. Son manche était fait de métal argenté étincelant, dont le pommeau comprenait un creux de la forme d'un demi-cercle. La main de la magicienne se posa sur du velours quand elle la saisit. Le fourreau de la dague était fait de cuir noir, entouré d'un dragon argenté dont les yeux rouges semblaient vivants. Elizabeth le retira pour dévoiler une lame complexe. Elle était à double tranchant et affutée, brillante comme si elle était neuve. Droite et parfaitement symétrique, la lame s'affinait en une pointe raffinée. Une phrase en elfique était gravée dans l'acier.