Chapitre 7 : Inadmissibles Incartades (partie 3)

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« Tu es ici depuis longtemps ? demanda enfin Elizabeth.

— Quelques années. Mes parents m'ont enseigné tout ce qu'ils pouvaient, puis m'ont envoyée à Falkjar pour terminer ma formation. Heureusement d'ailleurs, tu n'imagines pas combien il me reste à apprendre... Et toi ? On t'aurait reconnue si tu avais étudié ici les années précédentes.

— Je suis arrivée il y a quelques semaines grâce à une audition pour la classe d'élite.

— La fameuse audition... répéta tout bas Juliette. Toi aussi tes parents t'ont appris tout ce qu'ils ont pu ?

— C'est compliqué... pour faire simple je n'ai pas grandi dans un milieu magique » répondit Elizabeth d'un ton grave. Elle se rembrunit. Il était hors de question qu'elle mentionnât son passé à une inconnue, plus encore devant une foule hostile. Juliette dut percevoir son malaise, car elle se leva pour l'inviter à trouver un endroit calme pour discuter. Elizabeth la suivit avec plaisir.

Les élèves se séparèrent sur leur passage. Partout où elles se rendaient, les conversations cessaient et les jeunes s'effaçaient pour leur laisser la voie libre. Elizabeth se serait presque sentie comme une figure de royauté. Juliette se pavanait devant les regards impressionnés alors qu'elle-même se sentait bien supérieure à eux tous. Elle était une puissante élite qui n'aurait pu faire qu'une bouchée d'eux.

Les jeunes filles parcoururent différents bâtiments, couloirs, ponts et escaliers avant de parvenir là où Juliette le voulait. Sur une terrasse sombre à l'abri de la montagne et surplombant le lac, elles purent poursuivre leur conversation.

« Qu'est-ce-que tu as comme pouvoirs ? » demanda Elizabeth. Voilà enfin une question et un sujet qui l'intéressaient. À sa grande surprise, Juliette se rembrunit. Elle qui parlait de l'école et la magie avec volubilité, Elizabeth se serait attendue à un nouveau laïus sur ses capacités.

« Je n'ai pas vraiment de pouvoir, finit-elle par avouer. Je suis un être de magie. »

Elizabeth connaissait le terme, mais ne savait ce qu'il signifiait vraiment. Jonathan avait tenté de lui expliquer, mais n'avait jamais vraiment réussi.

« Tu peux me rappeler ce qu'est un être de magie ?

— Ça veut dire que je maîtrise la magie à bien plus grande échelle que n'importe quel magicien, je peux accomplir des sorts bien plus complexes que n'importe qui, mais je n'ai pas de pouvoir... Je n'ai aucune capacité spéciale, je ne peux pas me concentrer sur une aptitude pour la développer de la manière dont tu le peux... Ma magie est bien plus grande mais je ne serai jamais aussi puissante que n'importe qui d'autre. Et j'aurai toujours besoin d'artefacts pour me battre, car mes capacités ne sont pas suffisantes pour venir à bout d'un ennemi, même si elles me permettent de pouvoir à peu près me défendre.

— Mais il doit bien y avoir des avantages ?

— Oui... je comprends mieux la magie que les autres. Il paraîtrait que les êtres de magies sont bien plus optimistes et voient le meilleur dans chaque situation... et sont les moins tentés par les forces du mal. Magie dans ce nom tient pour magie blanche. Mes potions et sortilèges seront également bien plus puissants. »

Elizabeth acquiesça d'un mouvement de tête. Elle comprenait là où Juliette voulait en venir. Jonathan était lui-même presque entièrement un être de magie, et elle l'avait déjà vu jouer quelques tours comme ranger la cuisine et faire la vaisselle avec un tour de main pendant la nuit passée chez lui. Il n'avait jamais réellement expliqué la limite de ses pouvoirs, si au moins il la connaissait lui-même...

FalkjarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant