Falkjar

Chapitre 26 : Machinations Machiavéliques (partie 4)

Elias Nardeck revint faire face aux deux jeunes. Elizabeth détestait être à sa merci. Elle n'avait pourtant rien à lui dire. Ou était-ce lui qui l'influençait pour la faire taire ?

« Je tiens à vous féliciter pour avoir su voir au travers de mes plans. Depuis des années que je prépare cette attaque, vous êtes bien les premiers à vous douter de quelque chose. Seulement, vous arrivez trop tard. Mon plan est en marche. Dans quelques heures, l'école et tous ses occupants auront disparus. Il ne restera plus aucun survivant. Désolé. »

Son rictus s'agrandit. Andy cracha à ses pieds. Ce simple geste suffit à faire sortir Elizabeth de sa torpeur.

« Vous êtes malade ! cria-t-il au Directeur, vous êtes un monstre !

— Appelez-moi comme vous le souhaitez. De mon point de vue, ce sont vous les monstres, vous, apprentis-magiciens arrogants qui pensez tout savoir de la magie. Vous qui l'utilisez à des fins insultantes. Vous pensez tous valoir plus que les autres, et pourtant vous n'êtes que des moins-que-rien. Vous ne méritez pas vos pouvoirs et capacités. Vous ne méritez ni ce privilège, ni celui de vivre. Vous semez la mort partout autour de vous à cause de votre maîtrise insuffisante. Je n'ai d'ailleurs qu'un ordre à donner, et vous mourrez. »

Elizabeth jeta un coup d'œil autour d'elle. Des sentinelles humaines étaient postées à chaque coin de la terrasse. Elle reconnut ses anciens camarades, les élites. Elias Nardeck avait réussi à les réduire à de vulgaires combattants dociles et imperturbables. La magicienne savait qu'ils étaient redoutables, car plus rien ne pouvait les retenir. Plus une once d'humanité ne résidait en eux.

« Pendant toutes ces années vous vous êtes fait passer pour quelqu'un que vous n'êtes pas, reprit Andy.

— Uniquement pour parvenir à mes fins. Je ne vais pas vous mentir, accéder à la direction de Falkjar m'aura été difficile. Après tout, mon passé ne comporte aucune illustre action qui m'aurait valu l'offre de ce poste, contrairement à mes prédécesseurs. Mais j'ai su me montrer très convainquant face à la Communauté Magique. Ses dirigeants ont bien vite su voir quels avantages ils auraient à me faire nommer directeur... »

Ses lèvres s'arquèrent en un sourire froid, narquois. Un léger pouffement mauvais s'en échappa. Il fit frissonner Elizabeth.

« Pourquoi vouloir tuer tous les apprentis-magiciens ? Les magiciens ne peuvent survivre sans eux...

— Il y aura toujours des apprentis-magiciens sur cette terre, aussi longtemps que les magiciens apprécieront le fait de se reproduire... Le problème n'est pas l'existence d'étudiants tels que vous, mais bien votre encadrement. Vous êtes tous libres d'agir à votre guise, de révéler notre présence, de semer mort et souffrance sur votre passage. Vous ne méritez pas de vivre. Je savais qu'il me fallait vous détruire, et pour cela faire tomber Falkjar. Des générations entières de magiciens qui ne feront plus aucun mal autour d'eux. Voilà mon but.

— Mais vous avez été apprenti vous aussi. Vous n'êtes pas né avec une parfaite maîtrise de vos pouvoirs...

— Mes parents m'ont appris à m'en servir, correctement. Et voyez où ça les a menés. Tout droit dans la tombe. »

Le Directeur leur adressa un regard mauvais. Son ton enragé fit taire Andy. Elizabeth observait la scène sans dire un mot, trop absorbée par le danger imminent pour pouvoir parler. Sa vie était en jeu, certes, mais celle de tous les élèves de Falkjar l'était également.

« J'ai fomenté mon plan depuis des années. Je savais ne pouvoir l'appliquer qu'en étant Directeur, et là résidait la partie la plus compliquée. Après ça, il ne m'a pas été difficile d'obtenir la confiance de la Communauté Magique. Les élèves étaient ravis de mon enseignement, les parents voyaient leurs progrès phénoménaux, il n'en fallait pas plus pour les rendre aveugles. Tout n'a ensuite été que question d'apparence.