Chapitre 6 : Sérieuse Semaine (partie 3)

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Ce fut ainsi que se déroula la semaine d'Elizabeth. Cette monotonie la fit bientôt tomber dans un ennui des plus complets. Elle ne parlait à personne, étudiait du matin au soir, et le seul repos et divertissement qu'elle trouvait étaient dans l'admiration de Falkjar et du paysage Norvégien à perte de vue. La magicienne regrettait de ne pouvoir partager avec personne ses pensées et sentiments, et malgré les magiciens qui l'entouraient, elle se sentait plus seule que jamais...

La jeune fille dut redoubler d'efforts dans les derniers jours de sa semaine. Elle avait accumulé du retard dans ses dissertations et devait s'entraîner sur ses capacités magiques, et donc n'avait plus le temps de profiter des étoiles lumineuses ni du lac calme autour d'elle. Ses seuls repos survenaient pendant les repas, ses quelques minutes avant le couvre-feu et ses heures de sommeil. Elizabeth était épuisée, mais parvint à finir son travail à temps.

Le dimanche marquait le jour de ses premiers examens. Deux questionnaires se succédèrent pendant son épreuve du matin - qu'Elizabeth pensa réussir avec brio - puis l'épreuve technique qu'elle devait effectuer avec ses autres camarades survint l'après-midi. La magicienne était fin prête.

Une fois que tous furent prêts dans la salle de classe, l'illusion d'une forêt remplaça le parquet et les murs de pierres autour d'eux. Le sol avançait sous leurs pieds sans qu'ils eussent besoin de bouger, ce qui donna une fois de plus la nausée à Elizabeth. Leurs différents entraînements de la semaine s'étaient déroulés dans ce paysage, pourtant il semblait à la jeune fille que jamais elle ne s'y habituerait. L'image se stabilisa alors que des voix montaient d'un camp proche.

L'ennemi était au repos et profitait du calme dans ses tentes blanches. Elizabeth parvenait à les apercevoir, mais comme chaque fois qu'elle observait l'ennemi dans une illusion, c'était comme si son cerveau n'arrivait à se rappeler l'image devant elle. La magicienne n'aurait su dire ce à quoi il ressemblait malgré ces longues minutes passées à dévisager les formes qui se mouvaient.

L'esprit de la jeune fille était en ébullition. Elle repassa tous les cas de figure étudiés pendant la semaine et les différentes utilisations du sort jusqu'à conclure qu'un groupe allié allait faire diversion sur l'ennemi et leur permettre de les piéger en un lieu fermé. Cachés à genoux dans les buissons, le groupe attendait.

Au son d'un chant d'oiseau étrange, les deux premiers commencèrent leur part. Ils créèrent un nuage de poussière qui avançait vers l'ennemi, gagnant en vitesse et volume à chaque centimètre parcourut. L'ennemi commença à paniquer et se mettre en alerte quand l'attaque les atteint. Tous se levèrent et mirèrent autour d'eux, mais ils ne virent rien qui aurait pu expliquer ce phénomène.

Ce fut à ce moment qu'un cor retentit de l'autre côté du camp ennemi. Elizabeth reconnut ses sonorités familières, et sut que les alliées commençaient leur diversion. Alors que les troupes se rassemblaient et commençaient à avancer, les deux jeunes suivants se mirent en place. Leur sort d'immobilité atteint les derniers rangs et se propagea parmi les troupes, sans crier gare. La magicienne savait que ce n'était plus qu'une question de secondes avant de se mettre à l'œuvre.

Un bruissement prêt d'elle retentit et la fit relever la tête. Le son ne provenait pas d'un animal, il n'y en avait pas dans cette partie de la forêt. En jetant un coup d'œil vers l'origine du bruit, Elizabeth put voir une paire de jambes avancer dans sa direction. Elle devrait agir dans quelques secondes, mais s'ils se faisaient découvrir pendant leur sort ils étaient fichus...

La magicienne tenta le tout pour le tout. Elle arma sa main d'une boule de feu assez puissante pour décimer quelconque ennemi et, preste comme un serpent, se leva et l'envoya à l'adversaire. Ce dernier n'eut le temps de réagir et suffoqua, puis tomba raide mort avant d'avoir pu prévenir ses alliés. Elizabeth était rassurée. Son enchantement pouvait commencer.

Elle sentait sous ses doigts la coopération de sa magie avec celle de son partenaire. Elle avait appris à remarquer et analyser les signes qu'il lui envoyait. Cette semaine d'entraînement avait été plus que bénéfique. Chacun à tout de rôle accrut la puissance et la portée de leur pouvoir, jusqu'à sentir le gouffre se créer et les entités tomber dedans. Entre les forces alliées et leur enchantement destructeur, il ne resta bientôt plus rien du camp ennemi.

Quand la victoire fut certaine, la salle de cours réapparut. Elizabeth eut un mouvement de recul et attendit quelques minutes avant de reprendre ses esprits. Les illusions étaient si réelles et l'enjeu toujours si important qu'elle se prenait au jeu à chaque fois. Le retour à la réalité n'en était que plus brutal... Étrangement, ses camarades ne semblaient pas avoir le même problème.

Dans les jardins de son étage, Elizabeth put pour la première fois depuis son arrivée profiter pleinement de sa liberté. Elle n'avait absolument rien à faire, et la sensation était délicieuse. La jeune fille s'assit dans l'herbe pour laisser les rayons danser sur sa peau diaphane. Autour d'elle les autres élites se tenaient dans l'herbe, sans autre réaction, sans savoir quoi faire. Ce fut à ce moment que la magicienne se rendit compte que tout ce qui comptait à leurs yeux était leur travail, et rien d'autre...

Toujours décidée à ne pas baisser les bras, Elizabeth alla s'asseoir à côté d'un de ses camarades et engagea la conversation. Maintenant était le moment ou jamais de tisser des liens.

« On a bien réussi notre sort, tu crois pas ? Je suis sûre qu'on s'en est tous très bien sortis. »

Ses paroles firent frémir le magicien, mais il garda son regard rivé à l'horizon et refusa de lui répondre. Elizabeth doutait même qu'il l'ait écoutée. Toujours décidée à ne pas abandonner, la magicienne se dirigea vers une autre jeune fille dont le regard était perdu à l'horizon.

« Qu'en penses-tu ? demanda-t-elle de nouveau d'une voix douce, on a mieux réussi que les semaines précédentes ? »

Elle n'eut toujours aucune réaction. La jeune fille ne sembla pas non plus la voir ni l'entendre... Et Elizabeth perdit patience.

« Il vous arrive de répondre parfois ? De parler pour autre chose que vos chers cours ! »

C'en fut trop pour Elizabeth qui perdit patience. Elle saisit violemment la fille par les épaules et la força à lui faire face. La réaction de l'intéressée fut immédiate. Sa main armée d'une boule d'énergie menaçait la magicienne, son regard enragé ne semblait pas avoir de difficulté à tenir celui d'Elizabeth. Son souffle, quant à lui, témoignait d'un sang-froid inégalé, presque inhumain... N'importe quelle personne aurait senti son cœur battre plus rapidement et sa respiration s'accélérer, mais pas elle. Comme si cette action n'était rien. Elizabeth avait presque l'impression qu'elle attendait un signal, un ordre ou quelconque approbation avant d'attaquer. Elle tourna instinctivement son regard vers l'étage du Directeur... et le vit qui la fixait d'un air mauvais, les mains crispées sur la rambarde. Le sang d'Elizabeth se glaça dans ses veines. Sans plus chercher de confrontation, elle s'éloigna de tous ces élites qui la mettaient si mal à l'aise.

Elle était tout proche de la fin de son étage quand elle se rassit dans l'herbe. Les cris des élèves de l'enseignement normal résonnaient dans ses oreilles. Ils semblaient tous si heureux et innocents... comme s'ils ne se doutaient pas de ce qu'il se passait ici. Elizabeth se rendit compte à cet instant que c'était ce dont elle rêvait depuis toutes ces années. D'être entourée de magiciens joyeux et insouciants, pouvoir discuter de magie avec eux pendant des heures, et non pas être confrontée à un mutisme irréel quand bien même elle se trouvait dans une classe plus difficile. Elle pouvait bien montrer sa supériorité en étant première de la classe après tout... Elle étouffa un rire triste. La magicienne avait toujours fui et critiqué ces groupes d'amis si bruyants et dont leur bonne humeur l'irritait plus qu'autre chose, pourtant souhaitait les rejoindre aujourd'hui plus que jamais...

Ce fut le cœur lourd qu'elle alla se coucher ce soir-là. Ses examens avaient été une réussite, mais c'était bien la seule de sa semaine...

Elizabeth est confiante par rapport à ses examens, et ça c'est plutôt une bonne nouvelle ! Par contre elle a l'air de regretter son choix d'entrer dans la classe d'élite... surtout quand on voit que la situation ne s'améliore pas avec les autres. Il faut espérer que les semaines à suivre seront meilleures !

Prochaine partie : Vendredi 17 Mars

FalkjarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant