Falkjar

Chapitre 16 : Troubles Télépathiques (partie 1)

L'heure de la fin des vacances avait sonné, et tous les élèves étaient de retour à Falkjar. Le bruit incessant des bavardages avait de nouveau envahi les jardins et couloirs de l'école, et Elizabeth se retrouva à fuir comme la peste la Salle de Détente. Andy ne lui avait pas adressé une seule fois la parole depuis leur dispute, et Elizabeth ne l'avait vu nulle part dans Falkjar. S'il utilisait son don d'illusion pour lui échapper en devenant invisible, ce n'était pas la magicienne qui allait l'en empêcher. Au moins elle le voyait, au mieux elle se portait.

La solitude commençait tout de même à lui peser. Elle repensa plus souvent qu'elle ne l'aurait souhaité aux bons moments qu'elle avait passé avec le jeune homme. La plupart du temps elle se remémorait entre deux dissertations des blagues qu'ils avaient infligées à l'école, ou les plans qu'ils avaient échafaudés quelques semaines auparavant. Quand elle ne pensait pas à des moments passés et qu'elle ne travaillait pas sur ses cours, elle tentait de déchiffrer le livre d'Elias Nardeck grâce au dictionnaire d'elfique emprunté à la bibliothèque. Même si le travail était long, fastidieux et qu'elle n'avait traduit qu'un paragraphe en quelques semaines, elle persévérait dans son travail.

La magicienne ne put cependant éviter son ancien ami pendant le jour de la reprise des cours. Durant l'heure du déjeuner, seule une table était libre, étrangement voisine de celle où siégeait Andy. Elizabeth alla s'asseoir et choisit la chaise qui lui permit de se trouver en face du jeune homme et le fusilla du regard. Tous deux se toisèrent sans ciller tout en mangeant leur repas à petites bouchées. Leur petit manège dura jusqu'à ce qu'une silhouette vînt s'imposer devant Elizabeth et coupa leur échange. Elizabeth releva la tête. Un jeune homme d'à peu près son âge l'observait de ses yeux bleu clair. Des bouclettes dorées encadraient son visage posé sur un corps grand et fin. Toutes les filles doivent être folles de lui, pensa-t-elle avec dédain. Elle était persuadée l'avoir déjà vu quelque part, mais ne parvint à se rappeler le lieu. Après tout, cette information n'avait aucune importance - tout comme lui.

« Je peux m'asseoir ici ? » demanda-t-il en tirant la chaise vers lui. Elle n'avait visiblement pas le choix. Elizabeth fut trop étonnée d'une telle question et que quelqu'un ose s'adresser à elle pour lui répondre. Jamais personne ne venait lui parler... à dire vrai elle n'avait aucune idée de comment réagir. Elle lui adressa seulement un signe de la main et bafouilla quelques mots pour lui indiquer qu'elle n'y voyait aucun inconvénient. La magicienne avait toujours eu plus l'habitude d'engager une dispute qu'une discussion cordiale...

Le jeune homme s'assit avec élégance sur la chaise, ses yeux toujours fixés sur elle. L'attention des autres élèves autour d'eux avait été accaparée par cette action inhabituelle. Elizabeth se sentait à la fois gênée et écrasée - elle redevenait une bête de foire. S'il s'agissait d'un pari, il était stupide.

« Tu ne manges pas avec Andy ? »

Son ton était bienveillant, presque amical. Il faisait attention à l'intonation qu'il donnait à ses mots, comme s'il avait peur de déclencher quelconque réaction non voulue. L'étonnement de la jeune fille ne fit que croître. Que lui voulait-il ?

« Apparemment pas. Tu le vois quelque part à cette table ? » railla Elizabeth. Elle préférait adopter une position défensive : à chaque fois qu'une personne comme lui était venue lui adresser la parole, c'était pour lui jouer un mauvais tour. Elle ne lui en laisserait pas l'occasion.

« Vous vous êtes disputés ?

- Ce ne sont pas tes affaires. »

La jeune fille se tut et mangea son repas en feignant de se désintéresser du jeune homme. Le poids de son attention était véritablement écrasant. Elizabeth voulait plus que tout qu'il s'en aille, mais le jeune homme tenait apparemment à rester.