Elizabeth ne prêtait plus aucune attention au monde extérieur. Ces évènements lui paraissaient irréels. Comme si elle était toujours perdue dans un rêve et incapable d'en sortir. Les seules pensées qu'elle parvenait à formuler étaient J'espère qu'il n'est pas mort. J'espère que je ne l'ai pas tué. Elle n'en dit pas un mot à Jonathan. Ce dernier tentait de la rassurer en lui expliquant que les secours étaient arrivés, que rien de grave ne pouvaient se produire, mais Elizabeth n'écoutait pas un mot. J'espère qu'il va bien.
Les autres vainqueurs la rejoignirent après de longues minutes passées dans le silence. Les autres jeunes lui lançaient des coups d'œil vifs et méfiants. Elizabeth avait juste envie de partir, ne se préoccupait plus de ses résultats. Si ses pouvoirs pouvaient à ce point blesser des innocents, elle n'en voulait pas.
Quand le dernier vainqueur eut pénétré la salle, Jonathan lui indiqua que les discussions avaient commencé pour élire le magicien le plus à même d'entrer dans la classe d'élite. Il lui assura tout de même qu'elle avait toutes ses chances. Elizabeth ne l'écoutait que d'une oreille distraite. Le monde autour d'elle ne l'intéressait pas. Elle avait gâché ses chances d'entrer dans l'enseignement d'élite après son erreur durant son deuxième duel. Détourner son attention de l'ennemi était impardonnable.
Quand les trois juges eurent délibéré, les jeunes leur firent face sans leur mentor respectif. La tension était à son comble, et même Elizabeth semblait s'être réveillée. Tous attendaient le verdict avec impatience, curieux de savoir qui allait avoir la chance de voir sa vie changée par le résultat tant attendu.
Elias Nardeck se leva pour leur faire face, entouré des deux autres magiciens qui s'effaçaient derrière lui.
« Pour ceux qui ne me connaissent pas, je suis Elias Nardeck, directeur de l'école de magie Falkjar, entonna-t-il d'une voix forte et claire. Je sais que vous attendez les résultats avec impatience, mais j'aimerais d'abord prononcer quelques mots.
« Tout d'abord, je tiens à féliciter nos vainqueurs. Vous vous êtes vaillamment battus et défendus tout au long de cette journée, et méritez tous cette place sur le podium. C'est pourquoi vous entrerez tous à Falkjar cette année. Deux d'entre vous rejoindront l'enseignement normal tandis que le grand vainqueur sera admis dans la nouvelle classe d'élite. »
Le cœur d'Elizabeth fit un bon dans sa poitrine. Elle avait réussi, quel que soit le résultat, elle rejoindrait Falkjar dans quelques jours. Elle était enfin délivrée de sa vie d'humaine...
« Vos destinées seront illustres, car vous avez prouvé votre talent et vos dons au travers de cette journée. Vous faites partie des magiciens les plus puissants d'Europe. Cependant, l'un d'entre vous aura une destinée plus glorieuse encore.
« La classe d'élite ne regroupe que quelques heureux élus dont les pouvoirs surpassent tous les autres. Pouvoir y accéder constitue un privilège sans précédent qui permettra à ces élèves de devenir les magiciens les plus puissants au monde. Ils aideront à débarrasser la Terre de tout mal et à protéger les innocents, toujours avec courage et bonté. Cette classe aiguisera leurs sens, leurs pouvoirs, et leurs esprits. Ils seront plus puissants qu'aucun de nous n'a jamais rêvé de l'être.
« C'est pourquoi nous n'avons pas seulement cherché une puissance extraordinaire chez nos apprentis magiciens aujourd'hui, mais également un esprit analytique développé et une capacité de défense sans précédent. Seule une personne a réussi à remplir tous nos critères. Sa puissance dépasse de loin tous les autres participants. L'heureux élu entrera d'ici quelques jours dans l'enseignement d'élite de Falkjar. Cette personne porte le numéro 55, Elizabeth Tolliver. »
La jeune fille resta sans voix alors que les applaudissements retentissaient dans la salle. Elle pensait avoir échoué... après tout elle avait commis quelques erreurs impardonnables durant ses duels. Et pourtant, l'honneur lui revenait.
Le Directeur l'amena aux côtés du jury et la fit serrer la main des grands magiciens devant elle. Leurs regards étaient curieux et satisfaits. Elle-même restait impassible. Cette semaine d'entraînements intenses, d'anxiété, de questionnements... tout en avait valu la peine. Jonathan avait bien fait de croire en elle. Il avait vu juste.
Mais au lieu d'émotions intenses et de joie immodérée, la jeune fille ne ressentait rien. Ce résultat était incroyable, au point où Elizabeth avait peur d'avoir rêvé cette semaine entière. Tout était bien trop beau pour être vrai...
Alors qu'elle s'était assise sans savoir comment sur un canapé dans une salle adjacente, Elizabeth se retrouva à signer un papier dont elle ignorait le contenu. Jonathan avait engagé une discussion mouvementée avec le Directeur. La lycéenne comprit, au travers des bribes de conversation qui parvenaient à ses oreilles, que tous deux tentaient de trouver une solution adaptée pour justifier son départ. Fabriquer des faux papiers ne posait pas de problème, mais légitimer sa disparition auprès de l'État sans éveiller de soupçon était une autre affaire.
Les débats s'achevèrent sans qu'aucun des deux ne trouvât de solution adaptée. Jonathan, après plusieurs heures de route, ramena Elizabeth devant sa maison. Elle empoigna son sac et commença à prendre conscience de la réalité de la journée alors que Jonathan l'accompagnait sous le porche.
« Je te félicite encore une fois, Elizabeth. Tu as dépassé de loin toutes mes espérances.
- Merci d'avoir tant fait pour moi. Merci d'avoir cru en moi... » dit-elle doucement, des sanglots dans sa voix. La réalité lui apparaissait trop belle, et, à présent qu'elle voyait son rêve se réaliser, les larmes lui montaient aux yeux.
« J'aurais fait n'importe quoi pour que tu rejoignes cette école. J'ai hâte de te voir y étudier.
- Pendant que j'y pense, reprit-elle d'un ton plus affirmé, vous pouvez prétendre m'envoyer en maison de redressement pour un temps déterminé. Personne ne se doutera de rien. »
Jonathan laissa échapper un petit rire. Ses yeux pétillaient de joie.
« Ce n'est pas une mauvaise idée. En attendant, repose-toi. Je te contacterai dès que j'aurai plus de nouvelles. »
Après lui avoir déposé un bref baiser sur le front, Jonathan repartit. Trop heureuse pour faire attention aux époux, Elizabeth traversa le salon sous leurs jérémiades et grimpa les marches sans obéir à leurs ordres. Elle s'enferma dans sa chambre alors que l'épouse regardait toujours les escaliers avec incrédulité. Plus que quelques jours, et la magicienne serait enfin libre... Plus d'insultes. Plus de coups. Plus de regards méprisants. Elle serait enfin entourée de personnes comme elle. Elle aurait enfin sa place dans ce monde.
Elizabeth s'endormit avec un immense sourire aux lèvres. Pour la première fois de sa vie, elle n'avait aucune appréhension quant au lieu qu'elle allait découvrir. Tout allait enfin s'arranger pour elle.
Et la grande gagnante est... Elizabeth ! Un résultat qui vous surprend ou non ? Ce qui est tout de même une bonne nouvelle, elle sera bientôt libérée de cette famille horrible ! Et elle découvrira bientôt Falkjar...
D'ailleurs, à part son nom et sa localisation, on ne sait pas grand chose sur l'école. Je suis curieuse de savoir comment vous l'imaginez, si vous avez une idée à ce sujet ;)Prochaine partie : Mercredi 1er Mars
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Falkjar
ParanormalHaïe par ses camarades, ignorée par ses professeurs, abandonnée par chaque famille qu'elle visite, Elizabeth parcourt le Royaume-Uni sans jamais trouver sa place. Déplacée dans un monde qu'elle considère si ordinaire, elle, être exceptionnel aux pou...