Falkjar

Chapitre 12 : Leçons Libératrices (partie 1)

Les jeunes profitèrent du dernier jour de leur week-end pour organiser entre eux un concours visant à mettre en lumière le plus puissant du groupe. Elizabeth n'avait aucune raison de s'éclipser : elle était certaine de pouvoir tous les vaincre aisément. Elle accepta de participer avec une grande joie à laquelle les jeunes n'étaient pas habitués.

Les duels étant prohibés par les règles de l'école, le groupe se retrouva dans un coin éloigné de tout bâtiment et complètement désert. Elizabeth s'en était préalablement enquis, Juliette ne lui avait toujours pas édicté le règlement de l'établissement. La magicienne ne s'en souciait pas réellement, elle avait toujours considéré les règles comme une entrave à sa liberté plutôt que comme un moyen de faire régner l'ordre et la sécurité. Elle était certaine de l'oublier sitôt entendu, et de toute manière ne comptait pas le respecter.

Ce ne fut qu'une fois arrivée sur le lieu qu'Elizabeth se rendit compte qu'elle avait oublié un élément essentiel aux combats : un bijou comprenant une pierre protectrice, le même artefact qu'elle avait dû porter aux auditions afin de ne pas être blessée, ou même tuée. Mais la magicienne ne possédait pas un tel objet. Juliette, par chance, conservait un deuxième collier dans ses affaires, et expliqua à Elizabeth où le trouver. Sans perdre une seconde, la jeune fille alla le chercher, pressée de commencer la démonstration de sa puissance.

Elle trouva facilement l'artefact dans les affaires méticuleusement rangées de Juliette et redescendit dans le couloir troglodyte désert. Seuls ses pas résonnaient contre les anciennes pierres. Une main lui attrapa avec force son bras. La jeune fille se retourna en un sursaut, le collier dans un main et une boule de feu dans l'autre, prête à se défendre. Elle put voir Andy qui s'esclaffait, son bras tendu pour emprisonner celui de la jeune fille dans son poing. Il n'avait apparemment aucune peur des pouvoirs d'Elizabeth. Cette dernière lui lança un regard meurtrier.

« Enfin seule. J'ai cru que tu ne te débarrasserais jamais de tes petits copains. »

Son sourire était toujours aussi moqueur et froid. Elizabeth se dégagea avec rage de son emprise. Elle se maudissait pour ne pas avoir senti sa présence plus tôt, et s'être fait surprendre aussi facilement.

« Ce ne sont pas mes petits copains. Et tu pourrais avoir plus de tact, à l'avenir. Tu savais qu'effrayer les gens ça ne se fait pas ?

- Princesse, le tact et moi ça fait deux. Et je croyais qu'effrayer les autres était au moins une chose qu'on avait en commun. »

Elizabeth fulmina. Elle savait qu'il avait raison, et pour cette raison n'arrivait pas à trouver de réponse capable de lui clouer le bec.

« Et arrête de m'appeler princesse » siffla-t-elle entre ses dents. Cette phrase n'eut que pour seul effet d'agrandir le sourire du jeune homme.

« Pourtant tu en es une » répondit-il de sa voix doucereuse.

Elizabeth se détourna de lui. Elle n'avait rien à lui dire, et voulait rejoindre les jeunes et leur présence rassurante. S'en aller comme si l'incident ne s'était jamais produit. Ce fut sans compter sur l'apparition soudaine du jeune homme devant elle qui bloqua son passage.

« Où comptes-tu aller comme ça ?

- Rejoindre mes petits copains, persiffla Elizabeth.

- Je ne crois pas. Aujourd'hui, tu viens avec moi.

- Et pourquoi je t'obéirais ?

- Parce que je ne t'en laisse pas le choix. Si tu veux apprendre quoi que ce soit, ce sera où et quand je le voudrai. Alors ce sera maintenant ou jamais. »