Chapitre 26 : Machinations Machiavéliques (partie 3)

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Les cœurs battaient à l'unisson, plus rapidement que jamais, sous l'effet de l'adrénaline. Cette ascension n'était que pure folie. Ils ne reviendraient peut-être même pas en vie. À la première intersection les deux jeunes aperçurent le fameux dessin, et s'avancèrent dans le tunnel plus petit, étroit et étouffant encore que le premier. Ils guettaient le symbole à chaque croisement, cet œil qui les observait autant qu'il les guidait. Et à chaque croisement le couloir rapetissait. Elizabeth avait été habituée à des randonnées bien plus plaisantes.

Andy prit finalement la tête. Ses illusions les protègeraient avant les pouvoirs de son amie. Ils marchaient depuis plusieurs dizaines de minutes sans dire un mot, sans avoir besoin de se concerter pour prendre de décision. Le silence était complet, seuls quelques clapotis réguliers venaient le percer. Ils étaient parvenus sous le lac.

L'ascension se poursuivait sans finir, épuisante, insupportable. Le clapotis de l'eau s'était tu. Étaient-ils parvenus sous l'un des versants des montagnes qui bordaient Falkjar ? Elizabeth était perdue. Il lui semblait avoir marché pendant des heures. Son sens de l'orientation – pourtant plutôt bon – ne lui était d'aucune aide. Seule son intuition lui soufflait être sur la bonne voie.

La magicienne commençait doucement à manquer d'air. Elle savait que ce n'était qu'une impression, car son ami n'avait aucune difficulté à respirer. Mais le couloir l'oppressait, le silence la rendait folle. Elle s'inventait des voix qui la poursuivaient, des chuchotis qui la suppliaient de faire demi-tour. Si Andy n'avait pas été là avec elle, elle se serait crue devenir folle. Sa simple présence suffisait à la rassurer. Ils avançaient main dans la main – elle ne se souvenait pas l'avoir saisie. Mais ce simple contact la ramena à la réalité.

Le tunnel finit enfin par s'élargir, ils purent enfin marcher à deux de front. Sa fin était proche, et contenait une échelle de bois qui menait à une trappe de pierre dans le plafond. Elizabeth fut rassurée de reconnaître du chêne. Ils pourraient user de leurs pouvoirs pendant qu'ils grimpaient dans le camp ennemi.

Andy se rendit invisible, alors qu'Elizabeth chuchota Kadosco pour disparaître des yeux du monde. Elle utilisait pour la première fois son foulard, et s'était attendue à une sensation quelconque, être recouverte d'un frisson glacé ou percevoir le monde d'une autre manière, mais seuls les pouces levés d'Andy qui lui indiquèrent que le sort était efficace.

La jeune fille ouvrit la trappe tout doucement, et observa les alentours avant de déplacer la dalle sur le sol. Il n'y avait aucun démon dans leur ligne de mire. Ils étaient saufs, pour le moment. Silencieuse comme une ombre, elle se hissa sur le sol de pierres. La pièce était illuminée par les rayons de lune. Elle aida ensuite Andy à s'extirper, puis inspira une grande goulée d'air frais. Malgré sa position en territoire ennemi, retrouver la surface lui fit le plus grand bien. L'air frais lui permit de se clarifier l'esprit et se concentrer sur leur objectif. Ils devaient comprendre les agissements du Directeur et ses objectifs prochains.

Invisibles et silencieux, les deux magiciens sortirent du vestibule pour entrer dans un salon. L'espace semblait étrangement confortable et chaleureux. Deux canapés faisaient face à une table basse en bois posée sur un tapis richement brodé. Les documents affluaient sur les étagères, consoles et tables basses de la pièce. Elizabeth se demanda à qui appartenait cette maison, et ce qu'il était advenu de ses anciens occupants... Les démons ne l'avaient sûrement pas créée ni meublée, et le style ne correspondait pas à ce qu'elle attendait d'Elias Nardeck. Elle oublia d'ailleurs un instant où elle se trouvait, et ce fut un coup d'œil vers la porte-fenêtre qui donnait sur un balcon qui lui rappela la présence des démons. Tous s'affairaient.

Son pouls s'affola. Le danger était plus proche et plus grand que jamais. Leur mission n'était que folie... qu'espéraient-ils trouver ? Des ordres écrits ? Les ficelles d'un plan ? Ils n'avaient d'autre choix que d'explorer les lieux, mais le volume phénoménal de papiers les découragea. Il n'y avait que très peu de chance de trouver la moindre information sans se faire attraper. Les deux amis s'attelèrent tout de même à la tâche. Ils ne rentreraient pas les mains vides.

FalkjarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant