Un soir, alors qu'Elizabeth était une fois de plus en avance et attendait, dos à l'arche et face au magnifique paysage, son ami qui tardait à arriver, elle sentit soudain le souffle du jeune homme contre sa nuque. Comme à chaque fois qu'il voulait obtenir quelque chose, il la prenait par surprise en utilisant ses faiblesses.
« Tu ne crois pas que ces arbres seraient une parfaite cachette contre l'ennemi ? susurra-t-il à son oreille, je crois que nous savons nous battre, mais nous devrions peut-être développer notre agilité.
— Je crois que nous devrions reprendre notre entraînement. »
La magicienne tentait d'assurer sa voix d'un ton fort et ferme, mais comme à chaque fois qu'il agissait ainsi, la proximité du jeune homme dans son dos la désarçonnait. Il enroula un bras autour de sa taille et colla sa joue contre sa tempe, puis continua de susurrer, ses lèvres presque contre son oreille :
« Imagine-toi pouvoir te déplacer d'arbre en arbre. Je suis sûr que des opposants ne s'attendraient pas à te trouver là-haut. Ça te donnerait l'avantage de la hauteur et de la surprise, et tu pourrais dominer n'importe qui. Tu ne penses pas que ce serait un sacré avantage ?
— Si, peut-être... » balbutia-t-elle.
Andy, sentant son amie céder à son désir, la libéra et lui envoya un regard et un sourire narquois avant de s'élancer vers les arbres. Il avait trouvé le moyen le plus facile de la faire se plier à sa volonté. Elle détestait quand il agissait ainsi, plus encore car Andy savait qu'elle ne trouvait jamais d'argument pour le contrer. Chaque fois qu'elle regardait en arrière son manque de répartie l'irritait. Elle trouvait immédiatement une réponse cinglante à lui envoyer, qu'elle ne parvenait à se remémorer la fois suivante.
Elizabeth le suivit et s'aida de ses pouvoirs pour se hisser au sommet des arbres et se déplacer sur les branches. Ils développaient ainsi leur équilibre et la légèreté de leurs pas, ainsi que leur force et agilité. Malgré tout, la magicienne reconnaissait que son idée, à première vue enfantine, n'était pas si mauvaise qu'elle n'y paraissait.
Malgré leur apparente décontraction, la tension était montée d'un cran après les révélations de Juliette. Andy lui avait par la suite reproché de lui faire confiance trop rapidement, que cette comédie n'était qu'un tour pour les faire avouer leurs plans secrets. Elle venait d'offrir sur un plateau d'argent ce que le Directeur recherchait depuis le début. Mais Elizabeth lui avait rétorqué qu'avec ce que Juliette savait, il aurait déjà eu le temps de les renvoyer s'il avait été au courant et l'avait voulu. La magicienne était dans leur camp.
Le mois de mars débuta, toujours enseveli sous la neige. Heureusement pour Andy son anniversaire, le 3 mars, fut un jour de semaine, et Elizabeth n'eut ni le courage ni la force de lui organiser à son tour quelconque événement pour la journée. La seule célébration résida dans le fait que les deux jeunes décidèrent de ne pas se rendre à leurs cours de l'après-midi et profiter de l'ambiance studieuse pour visiter Inglerra, déserte de tout étudiant. Ils passèrent l'après-midi à rire et discuter à la terrasse de leur auberge préférée, autour des Thé Vermeil et Farminio de Mrs Edvardsen, les meilleurs de la région, comme deux vieux amis. Elizabeth baissa les yeux sur un cœur rose à moitié enfoui sous la neige, seul vestige de la Saint Valentin qui avait eu lieu moins d'un mois auparavant. Les deux jeunes ne purent réprimer un fou rire en se remémorant la journée.
L'école avait été décorée en rose et rouge, les murs emplis de cœurs et de rubans, et des chérubins volaient le long des plafond en déclamant des poèmes chantés. Les couples étaient plus amoureux que jamais et les célibataires malheureux se complaisaient dans l'amitié. Elizabeth et Andy n'auraient jamais laissé l'occasion passer pour s'amuser. Les chérubins psalmodiaient des chansons paillardes, les cœurs en papier s'enflammaient sur leur passage, et certains couples ne parvenaient plus à s'approcher l'un de l'autre. Dès que le duo diabolique passait une porte, les regards devenaient anxieux et certains préféraient même quitter les lieux.
VOUS LISEZ
Falkjar
ÜbernatürlichesHaïe par ses camarades, ignorée par ses professeurs, abandonnée par chaque famille qu'elle visite, Elizabeth parcourt le Royaume-Uni sans jamais trouver sa place. Déplacée dans un monde qu'elle considère si ordinaire, elle, être exceptionnel aux pou...