Une étrange relation

Chapitre 57

Je prends une grande inspiration avant de me réveiller un sursaut.
Je ne prends même pas la peine de m'habiller et sors de la chambre, me retrouvant dans le salon. Imy et Jessica ne sont pas là. Mais quelqu'un est resté... Je crois que j'entends une respiration, dans la chambre d'ami. Je me dirige alors vers celle-ci et ouvre la porte à la volée. Une fille se tourne vers moi. Imy.

- Ibrahim... !
-   Il est où Imy ? je demande. Où est Dawson ?
- Il s'est enfui... ! Il est parti dans la forêt !

Je ferme les yeux et me fie à tous mes sens. Les odeurs ont changé. Elles sont toutes plus présentes et moins agréables. Et parmi toutes, je reconnais celle de Dawson. C'est la même qu'avant. En plus forte, plus grande, plus poussée, plus délicieuse encore.

- Je dois le retrouver, j'indique sans rouvrir les yeux.
- Tu... es un loup... elle murmure.

Je hoche la tête.

- Tu veux que... je vienne ? elle demande perdue.
- Tu n'en es pas obligée, je réponds en ouvrant les yeux.
- Je crois que... je préfère rester ici.
- Verrouille toutes les portes une fois que je serais sorti, je dis.

Elle hoche la tête.

- Ibrahim ?
- Hum... ?
- Je suis contente que... tu sois là, elle souffle.

Je lui souris gentiment avant de m'approcher d'elle, lui embrassant le front.

- Je le suis également, je dis. On revient tout de suite. Et n'oublie pas d...
- Verrouiller les portes, oui. Ça va.

Je hoche la tête avant de m'éclipser par ma chambre. Je ne sais pas si c'est mon instinct ou juste l'envie énorme de retrouver mon alpha qui me prend aux tripes, mais je repère rapidement son odeur et me mets à courir. Mais rien n'est comme d'habitude. Je sens chaque petit grain de terre, chaque particule autour de moi. Je ressens le poids de l'atmosphère et tout vibre en moi.
Mon corps boue, mais ça ne fait pas mal non c'est comme... le début d'un changement. Pour améliorer ma course.
C'est une fois que je me retrouve à quatre pattes et que mon allure se fait plus rapide que je comprends que je me suis métamorphosé en pleine course. Mon odorat et mon ouïe sont encore plus fines que lorsque j'ai mon apparence humaine. Ce qui n'est pas pour me déplaire. Je pense me rapprocher à grands pas de Dawson. Ce qui me grise et m'effraie en même temps.
Puis je me retrouve au milieu de nulle part. C'est juste une prairie vide. Enfin... je crois que c'est une prairie mais, difficile à dire étant donné que tout est enneigé. Je me retourne plusieurs fois. Plus pour retrouver Dawson qu'autre chose.
C'est peut-être pour cela que je réagis lentement lorsqu'un loup se jette sur moi. Je finis par me laisser faire, me laissant tomber au sol, un loup blanc me dominant totalement.
Il fait partie de sa meute. Je le sens. Il n'est pas loin.
J'essaie de m'éloigner du bêta mais il ne me lâche pas et montre les crocs. J'essaie de montrer ma bonne volonté mais il ne semble pas la remarquer. Alors je montre les crocs à mon tour, instinctivement.
Puis je me fige. Il est derrière moi.
Je le sens de tout mon être. Je sens son parfum m'enivrer. Mon cœur se met à battre plus fort. Le loup blanc en face de moi s'écarte et je comprends qu'il ne tentera rien. Je me retourne alors. Et mon cœur explose. C'est une sensation indéfinissable. Et je crois savoir de quoi ça vient. C'est l'imprégnation. C'est une sensation à la fois très douce et très violente. Je me noie littéralement dans ses iris luisants. Et pris d'une impulsion je me rus sur lui.
Sa meute s'apprête à me sauter dessus mais il les en empêche, me laissant courir vers lui. Je m'arrête juste en face de lui. À un millimètre. Je n'ai pas peur de lui. Mais il reste mon alpha. Et je lui dois mon respect.
Puis son museau vient se coller au mien et je me relâche me collant davantage à son pelage. Nos retrouvailles sont celles d'un alpha et son compagnon. Et jamais je n'aurais pu croire cela possible un jour. On se roule carrément dans la neige et puis, tout synchronisé, nous reprenons nos formes humaines. Je me retrouve dans ses bras qui me serrent contre son torse. Il m'embrasse passionnément et je sens ses larmes se mélanger aux miennes.

- Ibrahim, il souffle.
- Je suis là... je réponds juste.
- Sois mon compagnon.
- Je n'appartiendrais qu'à toi et toi seul...

Il sourit et m'embrasse encore. Mais je me décale soudainement et vomis. Il fronce les sourcils. Je crache essayant de me débarrasser du goût amer avant de secouer la tête, me tournant vers Jessica qui se trouve au milieu des arbres. Elle hoche simplement la tête et je comprends. Mais je ne dis rien et me tourne vers Dawson qui a toujours les sourcils froncés.

- Tu... Y'a des problèmes avec la métamorphose mon ange ?
- Non, aucuns... ! je réponds. Apprends-moi à chasser ! je demande avec un grand sourire, enthousiaste.

Il hoche simplement la tête et nous reprenons nos formes de loup. Tandis que la meute s'éloigne et que Jessica rentre pour garder un œil sur Imy, Dawson et moi nous dirigeons dans le cœur de la forêt.
Il m'apprend plusieurs techniques de chasse et je m'en sors plutôt bien pour une journée enneigé. Il me trouve époustouflant. Bon, il ne me l'a pas encore dit, mais je le vois bien dans ses prunelles.
Cette matinée se passe plutôt bien, mais je suis mort de fatigue. On finit par rentrer vers midi et on se prend une douche. Qui termine plutôt... mal. Enfin bien pour nous. Mal pour Imy. On a juste pas réussit à nous retenir.
Mais c'est lorsque j'ai planté mes crocs dans le cou de Dawson sans m'en rendre vraiment compte, parce que je sentais mon orgasme arriver que j'ai compris.
C'est encore mieux que la morsure en elle-même. Ou... non, ce n'est pas réellement la même chose, la même sensation. Mais les deux sont juste excellentes.
Après nos ébats, je me sens comme sur un nuage. Et je m'affale sur notre lit, Dawson à mes côtés.

- Ibrahim ?
- Mm... ?
- Qu'est-ce que... tu ressens ? il demande.
- Comment ça ? j'interroge à mon tour.
- En tant que loup, il s'explique.
- Hum... différent. Je veux dire pas dans le sens... hum psychologique. Mais... physique. Tout ce que je ressens physiquement est différent. Quand tu me touches c'est différent.
- Ah... ?
- C'est... plus profond qu'avant.
- Et... y'a-t-il autre chose ?
- Je... me suis imprégné de toi Dawson...
- Tu... as quoi ? il s'étrangle presque, n'ayant certainement pas réellement assimilé la nouvelle.
- Je me suis imprégné de toi, je murmure.

Il tremble de tout son être et je souris, me rapprochant de lui. Je le serre contre moi, lui embrassant la mâchoire au passage.

- Comment tu peux en être sûr ?

Je ris doucement.

- Il y a certaines choses que je comprends mieux maintenant, je dis doucement. Comme cette histoire d'imprégnation. Je le sais juste. Je le ressens au plus profond de moi. Quand je t'ai vu. Quand j'ai posé mon regard sur toi. Il n'y avait plus que toi. Toi et personne d'autre. Mais il n'y a pas que l'imprégnation que je comprends mieux... il y a... les liens de la meute aussi. Je comprends pourquoi ils sont tous... très respectueux envers toi. Je ressens la même chose. Peut-être même en plus fort...
- C'est.... possible.

Il me serre contre lui, se taisant un moment.

- Je suis tellement heureux que ça ne t'ai pas...
- Tué ?
- Mm...
- Je t'aime Dawson.
- Je t'aime aussi mon ange... plus que tout.

Je me serre contre lui et nous restons un long moment ainsi. Jusqu'à que je m'endorme en fait. Mais c'est... très léger. J'entends toujours chaque son. Chaque petite chose qu'il pourrait se produire. En fait... c'est comme si j'étais aux aguets. Comme si... je voulais être sûr de ne rien rater et d'être prêt au cas où il se passerait quelque chose.
Mais il ne se passe rien. Je dors paisiblement pendant trois heures. Dawson ne me quitte pas une seule fois, me gardant dans ses bras, me serrant parfois plus fort que d'autres. Je sais qu'il se pose énormément de questions sur ma métamorphose. Sur... le processus de celle-ci. Mais... je n'y répondrais pas avant qu'il ne me pose ses questions. Je ne veux pas le brusquer et je ne pense pas qu'il soit réellement prêt à les poser alors...
De toute façon, on a maintenant tout notre temps. Ce qui n'est pas pour me déplaire évidemment.
Je voulais vivre ma vie avec lui. Je veux toujours la vivre avec lui. C'est maintenant une réalité. Notre réalité. Et je suis juste très heureux. Plus qu'heureux même.
J'ouvre les yeux et le regarde. Mais je me relève rapidement et ouvre à peine la porte qui mène vers la forêt que je dégueule le lapin de tout à l'heure.

- Ibrahim... Qu'est-ce... ?
- Félicitation, je dis.
- Quoi ?
- Tu vas être papa, je souffle.