Une étrange relation

Chapitre 24

- Jessica, j'ai besoin de toi.

Il me laisse me rincer tandis qu'il parle rapidement au téléphone. Lorsque l'on retourne à l'intérieur, nos plats sont toujours là, ils n'ont pas bougé. J'ai terriblement faim et pourtant, ce qu'il y a dans mon assiette me dégoûte. Je me rassoie tout de même et m'oblige à manger, l'appétit vient en mangeant. Putain de merde c'est dégueulasse. Je manque de m'étrangler littéralement en avalant la bouchée. C'est à cet instant que Dawson raccroche. Il me regarde un instant et fronce les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ? il me demande inquiet.
- C'est infect... je dis doucement.
- Pardon ?
- Ce qu'il y a dans mon assiette...

Il fronce à nouveau les sourcils avant de prendre ma fourchette et de goûter le plat. Il secoue la tête en reposant la fourchette.

- C'est très bon Ibrahim.

Je fronce les sourcils. Ok... je reprends ma fourchette mais cette fois, je goûte son plat. C'est pire que dégueulasse. Je fais une grimace en secouant la tête.

- Ton plat est pire...

Il goûte également le sien et se pince les lèvres.

- C'est un plat tout ce qu'il y a de plus normal. C'est très goûteux.
- Mais non... ça à un goût de terre...

Il soupire.

- Jessica va bientôt arriver, ne t'en fais pas... je crois que Sherryl t'a encore lancé un sort.
- Oh... oui, ça explique tout... non parce que ça sent super bon et j'avoue que même si j'avais pas aimé, je l'aurais mangé parce que le bouffe c'est carrément important... mais là... c'est limite si je ne retourne pas vomir... j'explique d'une traite.

Il pose sa main sur la mienne et me rassure d'un regard. On attendant Jessica on parle un peu, je lui dis même de manger sans moi, c'est pas un problème. Même si j'ai carrément la dalle.
Grâce au ciel, la sorcière arrive quand même rapidement et son diagnostic est le même que Dawson. Sherryl m'a jeté un sort. De mauvais goût. Dans les deux sens du terme. Quel que soit la nourriture que je mets dans la bouche, je le trouverais dégueulasse à en vomir. C'est juste horrible. Moi, qui adore manger, je vais devoir me passer de miam miam le temps que Jessica trouve un contre sortilège. Génial...
Deux jours plus tard j'ai l'impression d'être un zombie. La seule chose que je peux avaler, c'est de l'eau. Dawson est de plus en plus inquiet et n'arrête pas de se défouler sur Jessica. Au départ je l'en empêcher. Mais là j'avoue que je n'en ai plus réellement la force. Melissa est inquiète et Bastian prend un malin plaisir à me voir me dessécher. Mais je prends sur moi et reste fort. Je n'ai pas vraiment le choix de toute façon.

- Ibrahim !

Je me retourne doucement et lève un sourcil. Il m'attrape la main et me tire avec lui. Je manque de me casser la gueule mais il n'a pas l'air de s'en rendre compte.

- Dawson.... je murmure. Tu vas trop vite...

Il se stoppe et me regarde avant de baisser les yeux, toujours inquiet. Et comme ça, au milieu de la fac, il me prend dans ses bras. Je ne dis rien, n'en ayant pas la force. Je ne peux même pas passer mes bras autour de son cou tellement je suis faible. Je pose ma tête contre son épaule et ferme les yeux. Je suis carrément exténué.

- Hey, Baÿ, reste avec moi mm ?
- Mm...

Je sens qu'il s'assoie, m'asseyant également, sur ses genoux. Je n'ouvre pas les yeux. Je n'en ai pas la force. J'entends un petit grognement et un bruit de déchirure. J'essaie d'ouvrir les yeux, mais rien. Puis je sens un liquide sur mes lèvres.

- Bois mon ange... ça va te faire du bien.

Je passe ma langue sur mes lèvres. Je grimace en sentant un goût métallique sur ma langue. Je réussis à ouvrir les yeux et me recule instinctivement quand je vois le poignet de Dawson presque collé sur ma bouche.

- Qu'est-ce que... ?
- Mon sang à des vertus guérissables. Il va te nourrir en attendant que Jess trouve un remède.

Je fronce les sourcils n'ayant pas trop envie de tenter cette expérience.

- Bois Ibrahim, s'il te plaît.

Je me renfrogne et attrape son bras dans mes mains. Je l'approche à nouveau de mon visage avant de coller mes lèvres sur sa peau. Son sang est juste infect. C'est carrément dégueulasse. Mais je sens déjà les forces me revenir et j'avoue que ça fait un bien fou. Après quelques minutes je m'écarte et lâche son bras.

- Merci, je souffle.
- Pas de soucis. Comment tu te sens ?
- Carrément mieux...
- Super... il dit en soupirant de soulagement.

Soudain son téléphone sonne.

- Allô ? (...) Jessica...
- Elle a trouvé ? je demande impatient.
- Je m'en fiche bon sang ! (...) Non ! Ce n'est pas un cobaye ! Tu trouves !