Une étrange relation

Chapitre 38

-   Allô ?
-    Ibrahim ?
-    Petite sœur ?
-    Ça fait du bien de t'entendre...
-    C'est réciproque, je réponds en souriant.

Soudain elle explose en sanglot.

-    Hey, Alice, chérie qu'est-ce qu'il y a ? je demande directement, inquiet.
-    Tu me manques...
-    Mais... tu me manques aussi mais... dis-moi ce qu'il y a enfin...
-    J'ai hâte que tu rentres, elle souffle.

Mon cœur se serre.

-    Je... Alice... je ne sais pas si je vais rentrer, je dis d'une voix pleine de regret.
-    Qu... quoi ? Comment ça ?
-    Je me sens bien ici...
-    Avec ton mec ?

Je ferme les yeux. Elle me connait par cœur.

-    Alors je peux venir moi ? ça me ferait du bien de changer d'air...
-    Tu veux venir ? vraiment ?
-    Hum, hum...
-    D'accord. Si tu veux. Mais dis-moi ce qu'il ne va pas d'abord.
-    J'ai juste la pression c'est tout. J'avais besoin de relâcher tout ça, elle dit doucement.
-    Ok... je réponds, pas très convaincu.

On parle encore longuement avant qu'on ne raccroche. Je soupire et sursaute lorsque je sens des bras m'entourer.

-    Hey... désolé de t'avoir réveillé, je souffle.
-    Je n'étais pas réellement en train de dormir de toute façon, il répond sur le même ton. Ça va... ?
-    Je ne sais pas trop... j'ai dit à Alice que je pensais que j'allais rester mais... je pense plutôt que je vais rentrer et... roh en fait j'en sais rien...

Il m'embrasse la tempe délicatement.

-    Rentre chez toi Ibrahim...
-    Mais...
-    Moi je vais rester ici. Je t'attendrais. Je sais que tu reviendras.
-    Dawson...
-    Ou alors, je te rejoindrais... si tu veux encore de moi dans trois ans... cinq ans ou dix. Vis ta vie. Je ne veux pas que tu te raccroche à moi comme ça...
-    Mais Daw...
-    Je sais ce que tu vas me dire. Que je me suis imprégné de toi et tout et que...
-    Dawson nos vies sont liées... ! Tu ressentiras chaque mal en moi...
-    Et toi aussi.
-    Je ne le ressens pas de la même façon Dawson...
-    Peu importe, ou... justement. Vis Ibrahim, trouve quelqu'un d'autre peut-être.

Je secoue la tête.

-    Je ne trouverais jamais...
-    Alors... deviens vétérinaire mon ange, c'est ce que tu veux non ? Là-bas près de ta famille.
-    Dawson c'est...
-    Exactement ce que tu veux Ibrahim. Je ne te retiens pas. Jamais je ne te retiendrais.

Je me tourne vers lui et le regarde longuement. Je me mords la lèvre inférieure alors qu'il me sourit tendrement. Puis il m'embrasse.

-    Je... vais y réfléchir encore un peu, je dis doucement.

Il hoche la tête avant de nous entraîner dans la cuisine. On prépare le petit déjeuner ensemble puis nous retournons dans la chambre. On reste toute la matinée dans le lit à regarder la télé ou jouer aux cartes ou bien se faire des câlins. Quand mon téléphone sonne à nouveau. Je soupire.

-    Allô ? je réponds.
-    Ibrahim !
-    Maman... ?
-    Oui, c'est moi !
-    Qu'est-ce qu'il y a maman... ?
-    Qu'est-ce qu'il y a ?! Ta sœur vient de me dire que t'allais rester en Allemagne et qu'elle allait te rendre visite ?! C'est quoi cette histoire ?!
-    Maman... maman calme-toi...
-    Non je ne me clame pas ! qu'est-ce que c'est que tout ça !
-    Maman, s'il te plaît calme-toi, je dis à bout de nerfs.

Elle comprend et se radoucit directement.

-    Excuse-moi mon chéri simplement... Tu te rends compte qu'Alice veut te rejoindre ? Enfin Ibrahim... ça coûte cher tout ça...
-    Je sais... excuse-moi maman simplement... je soupire.
-    Qu'est-ce qu'il y a ?

Je soupire encore avant de m'asseoir, me plaçant au bord du lit.

-    Le truc c'est que... je suis tombé amoureux....
-    Oh mon chéri...

Je sens soudainement Dawson se tendre derrière moi. Eh merde... Je ne lui ai jamais dit que je l'aimais... et je ne comptais pas lui dire de sitôt d'ailleurs. Je viens de tout cafter à ma mère. Avec Dawson derrière moi...
Je me risque à me tourner vers lui. Ses yeux sont grands ouverts et il me regarde surpris, étonné, mais aussi... amoureusement.
Je lui fais un maigre sourire avant de me lever doucement.

-    Ibrahim mon lapin ? t'es toujours là ?
-    Oui maman... excuse-moi...
-    C'est qui ? comment elle s'appelle ?

Je soupire quelque peu en quittant la pièce.

-    Dawson, je dis la voix quelque peu enraillé.
-    Dawson... ça fait un peu masculin...
-    Oui maman. Je sais.
-    Oh tu veux dire...
-    Hum...

Il y a un grand silence alors que je m'installe dans l'arrière cours, sur un banc qui traîne dans un coin du jardin.

-    Maman ? j'appelle quelque peu angoissé.
-    Combien de temps... ?
-    Qu-quoi ?
-    Ça fait combien de temps que tu es avec lui... ?
-    Environ... deux mois... je souffle.
-    Deux mois ?! et t'attendais quoi pour me le dire ?!
-    Maman je...
-    Je m'en fiche Ibrahim ! Ta sexualité n'est pas une excuse ! On est au vingt et une nième siècle bordel !

Je soupire de soulagement.

-    Désolé, je murmure. C'était... compliqué....
-    Mouais... et donc... c'est pour lui que tu veux rester ?
-    Oui... Oui maman...
-    Tu l'aimes vraiment ? Tu es sûr de ça ? Tu sais l'amour c'est...
-    J'ai déjà failli le perdre, je dis doucement.
-    Qu'est-ce que tu veux dire par-là mon chéri ?
-    Pas le perdre à cause d'une personne maman, le perdre... pour toujours je veux dire...
-    Ibrahim mon lapin mais... qu'est-ce que j'ai fait pour que tu ne me parles plus... ?
-    C'est pas toi maman, je t'assure. C'est juste moi. Je suis désolé je... je ne sais plus trop comment m'y prendre... c'était... Dawson est quelqu'un de bien maman. Il est vraiment génial avec moi...
-    Très bien, si c'est réellement ce que tu souhaites... alors fonce mon chéri, tu sais qu'on est avec toi.
-    Je t'aime... je vous aime tous les trois, je souffle.
-    On t'aime également mon canard.
-    J'ai plus cinq m'man ! je grogne en pouffant de rire.
-    Oui mais tu restes quand même mon petit bébé...
-    Toujours, je souffle.
-    Par contre... je ne pense pas qu'on puisse... faire en sorte que ta sœur te rendre visite. Elle...
-    Ça va aller, je lui parlerais ok ? elle comprendra.
-    Tu veux que je te la passe ?
-    Je... la rappellerais tout à l'heure.
-    Très bien mon chéri.

Le silence revient un petit instant avant qu'elle ne reprenne la parole.

-    Ibrahim ?
-    Mm...
-    Je suis fière de toi, tu sais.
-    Maman... les résultats ne sont même pas tombés, je dis en ronchonnant.
-    Je ne parle pas de tes études. Je parle de toi mon fils. Je suis fière de toi.
-    Je... n'ai rien de sp... je m'interromps. Merci maman. Je t'aime.
-    Je t'aime aussi mon cœur. Rappelle-moi mm ?
-    Bientôt, c'est promis.

Et on raccroche. Je soupire un instant avant de relever les yeux vers la porte. Où Dawson est adossé. La confrontation maintenant... je crois que je vais vomir mon petit déjeuner...