Un éternel recommencement

Chapitre 28 - Drago

En rentrant de ma petite virée avec Blaise, je me sentais encore plus perdu qu'en partant. Mon ami n'a pas arrêté de me dire que j'étais stupide. Selon lui, je devais profiter de ce que j'avais avec Harry, sans me prendre la tête de savoir ce que pourrait en penser mon fils.

Ce qu'il ne comprend pas, c'est que Scorpius est tout ce que j'ai. Je n'ai plus que lui. Je sais que jamais je ne reverrais mes parents. Mon père est enfermé à vie à Azkaban, et il y a très peu de chances que maman sorte avant sa mort également.

La dernière fois que j'ai eu de leurs nouvelles, elle semblait aller très mal. Bien que les détraqueurs ne soient plus en charge de la prison, ce n'est pas un hôtel tout confort, et les courants d'air sont légion là-bas. Maman a toujours eu une santé fragile.

Scorpius est la seule famille qu'il me reste. La seule personne qui me connaisse réellement. Le seul qui sache à quoi je peux ressembler dans l'intimité.

Je m'arrête en plein milieu du couloir en me rendant compte que ce n'est plus tout à fait vrai. Harry aussi sait qui je suis maintenant. Je lui ai montré mon vrai visage.

Si mon père savait ça, je pense qu'il me jetterait des Doloris pour me remettre les idées en place.

Il n'a jamais compris mon attirance pour les hommes. Bien sûr que je ne lui ai rien dit, mais il a remarqué les regards que nous échangions parfois avec mon meilleur ami, et il a compris tout seul.

Je me souviens d'un jour où je raccompagnais Blaise à la porte du manoir après une semaine de vacance qu'il avait passé à la maison. Bien évidemment, nous avions passé la majeure partie de nos nuits à nous envoyer en l'air sauvagement, et les endorphines du plaisir coulaient encore dans mes veines.

À peine mon ami était-il parti que mon père m'a fait demander dans le grand salon. En voyant sa mine fermée et son masque froid sur son visage, je me suis douté que j'avais encore fait quelque chose de mal.

C'est d'une voix glaciale qu'il m'avait dit savoir pour ma petite particularité, et qu'il ne l'admettait pas. Il m'a fait promettre de ne jamais dévoiler cette partie de moi au monde sorcier. Bien que l'homosexualité soit très bien acceptée parmi nous, lui n'en voulait pas chez lui. Il ne voulait pas en entendre parler. Les Malefoy n'étaient pas des dégénérés.

Ses paroles m'ont fait mal, parce que cela voulait tout simplement dire qu'il ne m'acceptait pas comme j'étais. Quoi que je fasse, il garderait cette image de moi gravée dans la tête, et nos relations n'ont fait que se dégrader à partir de ce jour.

C'est pour ça que je n'ai pas vraiment eu le choix lorsque Voldemort est venu me trouver pour me demander de l'aider à faire entrer les Mangemorts à Poudlard. Le regard que m'a lancé mon père ce jour-là reste figé sur mes pupilles. Il y a avait tellement d'espoir et de fierté que le grand Lord Noir me demande une telle chose. Je ne voulais pas le décevoir de nouveau.

Pourtant, je ne cesse de m'en mordre les doigts depuis ce fameux soir où j'ai hoché la tête pour accepter. Il y a eu de nombreux morts à cause de ma stupidité.

Je me passe une main lasse dans les cheveux, avant de pousser la porte de mon labo et de m'installer derrière mon chaudron. Faire quelques potions pour l'infirmerie me changera les idées.

Pourtant, j'ai à peine le temps de m'atteler à la tache que quelques coups sont frappés à ma porte. Je m'avance d'une démarche raide, redoutant qu'il s'agisse de mon amant, avant de soupirer intérieurement en reconnaissant le fils de Blaise. Il me fait un léger sourire, avant de me demander d'une toute petite voix si je sais où se trouve mon fils.

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment sa question. Nous sommes samedi. Théoriquement, mon fils a dû passer la journée avec ses amis. Comment veut-il que je sache où il se trouve ? Il serait mieux placé que moi pour le savoir.