Chapitre 43 - Drago

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Les mains serrées autour de ma tasse, j'ai du mal à calmer les battements frénétiques de mon coeur depuis que j'ai ouvert la porte ce matin. Je n'arrive pas à croire que Harry soit face à moi, dans ma cuisine.

En entendant la sonnette ce matin, je me suis dépêché de sortir de ma douche et de m'habiller pour ne pas louper la personne à la porte. Le manoir est en vente depuis des semaines, et les visites se font rares. À tel point que j'ai décidé de poser des annonces dans des agences moldues également. Je me suis dit que ce serait peut-être plus facile.

Les sorciers savent à qui appartient cette demeure, et ils ne veulent rien avoir à faire avec elle. Trop de superstitions tournent autour. En revanche, les moldus ignorent tout. Ils seront donc peut-être plus enclins à l'acheter.

En tout cas, je croise les doigts. Parce que l'argent commence sérieusement à manquer. Même mon deuxième boulot n'est plus suffisant. Je ne pensais pas que des frais d'hôpitaux pourraient être aussi élevés.

Lorsque la dépression est trop forte, j'en viens même à me dire qu'il serait peut-être temps pour maman de retourner à Azkaban. Avant de m'en vouloir d'avoir eu une telle pensée.

Mais c'est vrai qu'à présent qu'elle semble aller beaucoup mieux, je vais devoir me préparer à devoir lui dire au revoir à nouveau pour de nombreuses années.

Théoriquement, elle n'a pris que vingt-cinq ans, il ne lui en reste donc que dix à faire à peu près. Mais ce temps va me paraître très long. Et je risque de ne pas la voir ressortir vivante de cet endroit. Maman n'est plus toute jeune, et la vieillesse a envahit ses traits.

Je souffle sur la fumée s'échappant de ma tasse, mes doigts agréablement brûlés par la chaleur qui se dégage de la porcelaine. J'aimerais tellement pouvoir baisser les bras. Tout me paraît tellement dur en ce moment. J'ai souvent la sensation d'étouffer, et je n'en peux plus. Je suis au bout du rouleau.

Et avec ce que j'ai vu la veille, je me sens encore plus mal. Rien que d'y repenser, une nouvelle lame se plante dans mon coeur. Je revois encore la façon dont Harry était étalé sur le torse du grand rouquin, la main de Charlie lui caressant tendrement le ventre. Et ses regards qu'ils ont échangés tous les deux durant le repas.

Je pense que ses images resteront à jamais gravées dans mon esprit. Me torturant inlassablement. Jamais je ne me serais cru du genre jaloux. Pourtant, c'est très exactement le sentiment qui s'est infiltré dans mon coeur lorsque je suis entré dans cette maison. J'ai cru mourir sur place, avant de me souvenir que tout est de ma faute.

C'est moi qui me suis éloigné de lui. Pour son bien, mais j'ai tout de même été celui à l'origine de notre séparation. Et je suis heureux pour lui s'il a trouvé quelqu'un. Il sera bien mieux avec unWeasley qu'avec moi.

Malgré tout, je n'arrive toujours pas à comprendre ce qu'il est venu faire. Il me dit que nous devons parler, mais avec ce que j'ai vu hier soir, je pensais qu'il était passé à autre chose.

C'est vrai que ma discussion avec maman m'a donné un peu d'espoir. Selon elle, je devrais le laisser choisir sa voie. Lui donner son libre arbitre. Lui faire comprendre les peurs qui encombrent mon esprit, et voir s'il veut toujours tenter le coup avec moi.

D'après maman, Harry me veut, et avec ce qu'il m'a dit avant que je ne le quitte, je veux bien le croire. Enfin, en tout cas, lorsque ma mère m'en a parlé hier, je le croyais. Mais plus maintenant. Pas à présent que je l'ai vu se vautrer dans les bras de l'autre.

Je souffle à nouveau sur ma tasse, mais cette fois-ci, pour tenter de juguler la colère qui progressivement s'empare de tout mon être. Je pensais que la nuit blanche que je viens de passer à ressasser tout ça m'aurait calmé, mais il faut croire que non.

Un éternel recommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant