Un éternel recommencement

Chapitre 6 - Scorpius

Mes doigts passent encore et encore sur le front de Potter tandis que mon regard reste braqué sur son visage. Ce garçon est vraiment fascinant. L'aura qui s'est dégagée de lui tout à l'heure était vraiment très impressionnante. Je n'avais encore jamais assisté à ce genre de chose. Et pourtant, j'ai côtoyé nombre de sorcier puissant.

Mes doigts glissent alors dans les cheveux bruns en désordre, et un petit sourire étires mes lèvres. J'ai toujours trouvé ça incroyable que Potter ne fasse pas plus attention à sa dégaine. S'il le faisait, il aurait toute l'école à ses pieds, c'est sûr.

Un corps tout en muscle, sculpté par le Quidditch, un visage fin d'où ressortent des yeux d'un vert extraordinaire, et cette bouche qui devrait sourire plus souvent.

Le souvenir d'un jour pas si lointain me remonte à la mémoire, et mon sourire s'élargit sur mes lèvres. Je crois que c'est ce jour-là où je l'ai vu sourire pour la toute première fois, et où mon bas-ventre s'est douloureusement contracté.

Ce n'était pas la première fois que je ressentais ce genre de chose en sa présence, mais c'était tout de même la plus brutale de toutes.

J'ai beau y réfléchir, je n'arrive pas vraiment à me souvenir avec exactitude du moment où j'ai compris que j'étais attiré par lui. Tout ce que je sais, c'est que c'est devenu de plus en plus violent. Et ces derniers jours, je me suis retrouvé plus d'une fois empli d'une rage folle en le voyant se rapprocher des autres.

Je n'avais pas compris à l'époque à quel point cela était important pour mon équilibre de le savoir toujours seul. Ça m'évitait de m'en faire dès que quelqu'un s'approchait trop près de lui.

Ça fait deux ans maintenant que je me traite de tous les noms pour avoir fait de lui mon bouc émissaire dès notre première année. Au moment où j'ai compris mon attirance pour lui, j'ai voulu changer de comportement auprès de lui, mais à peine ai-je esquissé un geste d'amitié vers lui, mes amis m'ont regardés avec de grands yeux horrifiés, alors qu'Albus s'est recroquevillé sur lui-même.

Ce jour-là, j'ai compris qu'il n'y se passerait jamais rien entre nous, parce qu'il ne pourrait jamais me faire assez confiance pour cela. J'ai donc mis encore plus de rage dans mes coups bas pour être sûr qu'il reste seul.

Ses compatriotes de Gryffondor ne sont que des lâches. Plutôt que de l'aider face à moi, ils ont préféré l'abandonner à son triste sort en le laissant seul. Même son frère et sa sœur se sont détournés de lui.

J'ignore ce qui l'a poussé à me défier il y a quelques semaines, mais j'en viens à me dire que c'est ma bonne étoile qui l'a guidé. Parce que sans ça, nous ne serions pas enfermés seuls tous les deux pour un temps indéterminé.

Je vais enfin avoir la possibilité de lui montrer le vrai Scorpius Malefoy. Celui dont j'aurais dû lui montrer le visage dès notre premier jour à Poudlard.

D'un mouvement ample de ma baguette je fais léviter son corps pour le transporter jusqu'à la chambre et le déposer tout en douceur sur un lit. Je m'assois à côté de lui, et pose ma main sur son torse, juste au niveau de son cœur pour sentir les battements lents et réguliers sous mes doigts. Ses mouvements me soulagent et me détendent.

J'aimerais pouvoir m'allonger à ses côtés, mais je me doute que s'il se réveille et qu'il me trouve allongé près de lui, il risque de se mettre de nouveau en colère. Et à mon avis, son mal de tête n'est pas une coïncidence. Étrangement, il fait usage d'un peu trop de magie dans un appartement où nous sommes enfermés pour nous être battus sauvagement, et il a récolté un mal de crâne carabiné.

Du bout de mon index, je retrace l'ovale parfait de son visage, passant sur ses sourcils dessinés à la perfection, avant de descendre sur ses pommettes, de glisser tout en douceur sur ses joues glabres, avant de s'arrêter sur ses lèvres fines.