Chapitre 34 - Harry

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Assis sur le canapé, un verre de whisky pur feu entre les mains, mes yeux perdus sur le feu, je tente par tous les moyens de ne pas me mettre à pleurer devant tout le monde.

Mon bras se lève pour porter le verre à mes lèvres, et j'en avale une gorgée, grimaçant légèrement sous la brûlure de l'alcool qui passe dans ma gorge. Depuis trois semaines, je ne cesse de vivre encore et encore cette dernière discussion entre mon amant et moi.Cette toute dernière fois où j'ai pu regarder l'homme que j'aime me jeter comme une vulgaire chaussette.

J'ignore ce qu'il s'est passé dans sa vie pour qu'il en arrive à cette extrémité, mais j'en viens à douter qu'il ait réellement éprouvé des sentiments pour moi à un moment donné.

Une fois de plus, je lève le coude et avale une nouvelle gorgée. Noyer mon chagrin dans l'alcool est devenu un de mes sports préférés ses derniers temps. A tel point que j'en viens à résister trop facilement à la brûlure dans mes veines. Il me faut à présent des litres et des litres avant de pouvoir m'enfoncer dans le brouillard procuré par le whisky.

A nouveau, les mots qu'il a prononcé me perfore le cœur, et je le revois, droit face à moi, son regard gris éteint de toutes les lueurs que j'ai pu y voir les dernières semaines. Je l'entends encore me dire que je ne suis rien d'autre pour lui qu'un énième plan cul, certes plus intense que les autres, mais rien de plus que quelques orgasmes éblouissants.

Je me suis senti me liquéfier face à lui au fur et à mesure qu'il m'assassinait de ses mots méchants. Mon cœur s'est déchiré en plusieurs morceaux impossibles à réparer à présent.

Je porte le verre à mes lèvres à nouveau, et grogne doucement en voyant qu'il est vide. En à peine quelques gorgées, j'ai réussi à le finir.

Mon regard se détourne des flammes dansant dans l'âtre pour se poser sur le petit meuble où se trouvent les liqueurs. Il me semble loin et en même temps trop proche. Je sais qu'il faut que je réduise ma consommation, mais j'ai également besoin de me perdre en moi-même.

Une bouteille apparaît soudainement devant moi avant que le liquide ne se déverse dans mon verre, le remplissant à nouveau. Je relève les yeux pour tomber dans des prunelles noisettes, interrogatrices. Je me laisse emporter par elles, avant de baisser à nouveau le regard sur mon verre pour en absorber une nouvelle gorgée.

- Tu veux en parler ?

Je relève à nouveau la tête et esquisse un très léger sourire triste en voyant le regard triste de mon vis-à-vis, avant de détourner la tête pour me plonger une fois de plus dans l'observation du feu dansant dans la cheminée.

Je me demande encore ce que je fais là . Je n'ai plus rien à faire ici. Je ne fais plus partie de cette famille.

Pourtant, lorsque Molly m'a contacté pour m'inviter à fêter noël avec eux, je n'ai pas eu le courage de lui dire non. J'ai appris durant toutes ses années qu'il était vain d'essayer de dire non à Molly Weasley. Lorsqu'elle avait décidé quelque chose, cela arrivait immanquablement.

Je dois bien avouer que j'ai toujours adoré l'ambiance qui fourmille dans cette famille. Dès la toute première fois où j'ai mis les pieds au Terrier, j'ai été subjugué par l'amour qui vibrait dans l'air. Et je crois que c'est aussi pour m'assurer d'être toujours le bienvenu dans cette maison que je me suis laissé piéger aussi facilement par Ginny.

Mon verre m'est soudain retiré des mains, avant que des bras forts me forcent à me lever avant qu'une veste ne soit posée sur mes épaules et que je me retrouve à déambuler dans le jardin, dans l'air froid de cette fin décembre.

- Je sais que ça ne va pas, Harry, et il faudrait que tu en parles à quelqu'un. Ron m'a dit que tu lui assurais que tout allait bien. Mais tout le monde l'a vu ce soir. Tu ne vas pas bien.

Un éternel recommencementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant