Dhampire, Tome 1 : Jagger [Terminé]

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Crève cœur

Livi plongea son regard dans celui du roi. Elle ne rencontra pas une once de regret, de mensonge ou d'hésitation après ce qu'il venait de lui dire. Et c'est bien ce qui la dérangeait. Il semblait décidé à la garder, mais elle, n'avait toujours pas renoncé à s'en aller d'ici. Elle souhaitait toujours rentrer chez elle.

De plus, ce qu'il disait lui fit réaliser une chose. Y aurait-il un jour où le roi la comparerait à une autre et qu'elle perdrait aussi largement cette compétition ? Sans doute. La preuve : il avait voulu la remplacer par Bianca. De nombreuses personnes étaient entrées et sorties de la Bulle. Elle se demandait juste quand son tour viendrait.

— Et si demain c'est moi qui perd, est ce que je dois m'attendre à me faire prendre comme tu l'as fait ? Demanda la blonde d'une voix froide.

— Si je suis absent plusieurs nuits et que je rêve de cette personne tous les jours, que je résiste en rentrant à la faire appeler pour te tester et que tu échoues point par point alors que j'ai envie d'elle à en crever, alors il y a une chance infime que ça arrive, fit-il honnêtement.

Jagger ne s'excusait pas, mais s'était indirectement confié et ses explications étaient plus qu'un compliment à son encontre. Livi était hébétée qu'il puisse inopinément lui avouer à quel point il la désirait, même si ses yeux lui criaient la même chose. Elle avait son regard plongé dans celui du brun qui était plus explicite et envoûtant que jamais. Ce simple regard donna plus chaud encore à la blondinette, mais la douleur dans le même temps lui rappelait ses limites. Le roi se jeta sur ses lèvres et l'embrassa ardemment. L'humaine lui répondit cette fois et le brun réagit plus que positivement. Jagger vint se placer au-dessus d'elle et commença à caresser avec possessivité ses cuisses, alors que Livi peinait à écarter les jambes pour lui. Sa grimace le calma instantanément. Des perles de larmes dévalaient les joues rougies de Livi qui détourna le regard. Cela fendit le cœur de glace qui pulsait dans la poitrine du roi.

Tout cela était de sa faute...

Il déposa un baiser chaste sur ses lèvres et se leva pour s'habiller. Livi en fit doucement de même, avec l'aide du souverain. Elle avait encore beaucoup de mal à tenir debout toute seule. Lucan vint la chercher, et sans rien dire à propos de son état, fini par lui proposer son dos. Lorsque la porte du bureau de Jagger fut fermée, elle demanda à Lucan de faire le tour, comme la dernière fois, avec l'ascenseur. Elle avait envie de prendre un peu l'air. Le sénéchal accepta. Cette fois-ci, les couloirs des différents étages étaient complètement déserts, il n'y avait pas un chat. Le silence de la bâtisse eut raison de Livi, qui s'endormit quand les portes se refermèrent au deuxième étage. Elle ne vit donc pas les deux conseillers qui se trouvaient Guiseppe. Le premier, avec la mèche verte ne vit pas Lucan, l'autre, qui avait une main dans la poche, plissa les yeux de curiosité. Lucan fila avant même qu'il ouvre la bouche.

Sous le regard curieux des vampires de la Bulle, Lucan fit de son mieux pour déposer Livi dans son lit sans la réveiller. Il posa son index sur sa bouche et intima aux autres de ne pas faire de bruit. Il leur fit aussi savoir par télépathie de ne pas déranger Livi de la journée, et chacun des membres de la bulle respecta cet ordre.

Ce jour-là il n'y eut aucunes discussions entre filles, pas de ragots contés, aucunes blagues relatées, aucuns faits croustillants narrés, aucuns jugements sur les habits du couturier exprimés. Rien de tous cela n'avait été produit. Mona et Lénaelle trouvèrent cette soirée particulièrement ennuyeuse, de plus Aramis n'était toujours pas revenue. Il en fut de même pour le dîner, qui se déroula dans un silence assourdissant. Même les concubins n'avaient pas ouvert leur bouche, et ils s'étaient inquiétés de ne pas voir la blonde à table. Joris hésita à lui faire apporter à manger mais quand il tendit l'oreille à sa porte, il constata qu'elle dormait toujours. Chacun d'eux avait fini leur assiette, puis s'en était allé directement à leur chambre. L'intendante fut surprise de cette ambiance amorphe, mais finie par soulever les épaules. Elle allait enfin pourvoir travailler tranquillement sans à devoir surveiller les vampires à tout bout de champs.

Le lendemain, des bruits de couloir attirèrent l'attention de Livi qui n'avait pas quitté son lit de la journée, sautant ainsi deux repas. Elle s'attendit un instant à voir débarquer un des membres de la Bulle, ou pire Lucan, mais il n'en fut rien. Ce fut Jagger en personne qui entra, sans même attendre son autorisation d'entrer.

— Comment tu te sens, lui demanda-t-il d'une voix réellement concernée.

— Bien, répondit-elle en lui donnant toujours son dos, la couverture tirée jusqu'à ses épaules.

Elle lui en voulait toujours, il le savait.

Il ferma sa porte avec son pied et s'approcha de son lit, le pot de crème en main. Le brun retira la couverture, puis fit descendre son pantalon de nuit et sa culotte, avant de lui appliquer une nouvelle fois la crème, en la prévenant qu'elle n'avait pas à venir à son bureau de toute la fin de la semaine. Il regarda ensuite la chambre, comme s'il cherchait quelque chose. Son regard s'attarda sur les babioles métalliques étalées sur son bureau et le schéma qui allait avec, que lui avait donné Klaus. C'était une vielle relique qui s'était décrochée d'une de leur machine. Il y avait aussi un bout de papier sur lequel Livi avait écrit les livres qu'elle avait commencé à lire et les pages où elle s'était arrêtée.

Anthologie illustrée du monde marin - page 768
Dictionnaire technique de maintenance, mécanique industrielle et électromécanique - page 56
Dictionnaire professionnel illustré de l'horlogerie - page 36
Glossaire des artéfacts niveau 1 - page 62
Glossaire des artéfacts niveau 2 - page 4
Morning Unity - page 2
Le bruit venant du glacier, de Akim Embette - page 204
L'Ordre de la Fleur Aveugle, de Alain Caunu- page 16
Un couteau dans le bidon, de Daissy Diossi - page 19

Les trois derniers titres semblaient être de la lecture personnelle, mais il savait aussi que le dernier livre : un couteau dans le bidon, était la nouvelle préféré d'Héliette et ne comptait que 12 pages...

Le roi s'en alla. Livi ronchonna, de toutes façons elle ne comptait pas y aller. Elle préférait rester là avec Coconut qui ronronnait contre elle.

Vraisemblablement, le roi ne fit appeler aucun des membres de la Bulle le reste de la semaine. Les vampires ne le voyaient uniquement lorsqu'il arrivait dans la chambre de la blonde, puis repartait tout aussi silencieusement quelques minutes suivantes. Il n'adressa qu'un court regard à chacun d'entre eux, avant de filer comme le vent. Mona et Lénaelle, elles avaient bien décidé d'aller lui parler mais Livi ne leur avait rien répondu et l'intendante était arrivée pour les mettre dehors. Héliette eut alors l'idée de creuser un trou entre le mur de Lénaelle et celui de Livi pour y faire passer un tuyau avec des conserves de la cantine au bout, comme dans l'ancien temps, mais elles n'avaient pas de perceuse... Sans compter que l'intendante entendrait sûrement le bruit.

Livi elle resta dans cet état de transe les jours qui avaient suivi sa pseudo-punition. Elle gardait un visage neutre mais répondait toujours aux questions posées par des phrases simples et très courtes. Edisson la savait aussi bien blessée physiquement que mentalement.

Elle commença à revenir à son était normal vendredi. En sortant de la bibliothèque, elle cru voir une ombre passer sur la tapisserie accroché au dessus de la porte. Sans s'en inquiété, elle se rendit à la cantine. Malgré son clair manque d'enthousiasme et ses blessures, elle avait quand même commencé à faire la bise aux vampires. Une grimace était vite apparue quand elle vit les escaliers qu'elle devait monter, et les vampires l'avaient obligé à s'assoir, avant de venir chacun leur tour lui dire bonjour. Même Alexane lui avait fait la bise. Elle fut aussi furtive qu'elle avait l'habitude de le faire. Cette journée passa bien plus rapidement que les autres et samedi, elle prit le thé avec Joris. Aramis se montra ce jour-là et ne la lâcha pas de la journée.