Gorgone
Le vampire lécha le creux du cou de Livi avant d'y planter ses canines. Ça aussi ça lui avait manqué, sentir ses canines s'enfoncer était aussi jubilatoire que leur moment sous les draps. La jeune femme commença à gémir en se sentant partir à cause de la quantité de sang qu'il lui prenait et s'apprêta à lui dire quelque chose quand il recula à la hâte jusqu'au mur et s'accroupit brutalement au sol.
— Jagger ?
Sa respiration se faisait de plus en plus forte alors qu'il porta les mains à son cou. Livi s'accroupit en moins de deux devant lui, et posa sa main sur son épaule. La respiration du brun s'essoufflait de plus en plus, si bien qu'il ne parvenait plus à tousser. Avec beaucoup de mal, elle réussit à lui attraper la mâchoire et regarde à l'intérieur de sa bouche. Il n'avait pas avalé sa langue, et rien de visible n'entravait sa trachée. Livi ne voyait rien. Elle laissa sa tête retomber et frappa plusieurs fois entre ses omoplates avec sa paume. Les coups raisonnèrent dans la chambre, mais rien ne sortait. Pourtant le roi avait toujours le souffle court et bruyant. Il avait porté ses mains à sa gorge qui émettait des bruits étranges. Il était incapable de respirer ni même de parler. Dans un élan démesuré, elle ouvrit la porte de la chambre puis celle de son bureau.
— Lucan !
Le vampire au bout du couloir, en pleine conversation avec Vasco se retourna à l'entente de son nom. Livi fit de grands gestes pour attirer son attention et usant de sa vitesse de vampire, il se trouva devant elle rapidement, suivit par Vasco.
— Que se passe-t-il ? Où est le roi ?
— Il s'étouffe !
Vasco se trouvait déjà à l'intérieur, intrigué par le son qu'il entendait derrière Livi. Il fut rejoint par Lucan qui étudia la chambre d'un œil expert avant de se diriger vers le souverain. Comme l'avait fait Livi il vérifia l'intérieur de sa gorge avant de jurer.
— Merde, siffla le sénéchal accroupi devant le roi. Appelle Guiseppe, dépêche-toi !
Livi observa la scène impuissante en se poussant du chemin de Vasco. Une brise lui fouetta le visage suite au passage du vampire. Elle vit à peine sa silhouette s'échapper au fond du couloir. Elle reporta son regard sur les deux vampires qui semblaient se disputer. Pourtant si l'on prenait le temps de regarder, Lucan enfonçait ses doigts au fond de la gorge du roi pour le forcer à vomir. Mais rien à faire, il suffoquait toujours en se tenant la gorge. Le son de sa lourde respiration emplissait la pièce.
— Qu'est ce qui s'est passé ? Interrogea Lucan.
— Je ne sais pas, il a juste...
Un fracas assourdissant brisa la phrase de la blonde qui sursauta en se retournant. Dans son dos, s'élevait maintenant un nuage de poussière dans lequel Livi réussit à voir le corps du conseiller qui venait de briser l'étagère ainsi que le mur. Une longue fissure se dessina avant de s'arrêter pile derrière un tableau.
— P'tain la garce ! Cracha Vasco.
Sa blessure à la hanche se refermait déjà alors que le vampire se relevait en montrant ses crocs et bondi en direction de la porte, les yeux fermés. Livi vit ce qui semblait être une queue repousser le vampire qui valsa à nouveau, s'écrasant cette fois-ci sur la table base. La silhouette sombre se rampa jusqu'au conseiller et lui hala son haleine en plein nez. Une fumée verte s'en échappa et Vasco tomba dans les pommes. Livi n'émit pas un mot, espérant secrètement que l'individu ne c'était pas aperçu de sa présence, ce qui n'était pas le cas. L'individu se releva gracieusement, observant le corps endormi du vampire, puis sourit en se léchant la lèvre inférieure. Sa langue était extrêmement fine et l'extrémité était séparée en deux, comme un serpent. Elle posa son oreille contre son torse et poussa un petit cri de jubilation en entendant les battements de son cœur.
L'inconnue recula de quelques pas, toujours dos à Livi, fit disparaître sa queue puis se figea à l'entente du souffle effréné du roi qui commençait à virer au bleu. Lucan attrapa alors Livi par la taille et la cacha derrière le mur à l'instant où l'inconnu regardait dans leur direction. Elle n'aperçut alors qu'un morceau de la pièce voisine, vide, d'où provenait les lamentations de sa victime.
— Commode. Flacon, Articula Lucan sans un mot en lui indiquant l'emplacement de la commode de la tête.
Sans lui laisser plus de temps, Lucan dépassa Livi et envoya valser l'inconnue avec un coup de pied bien placé. Les yeux de Livi n'avaient pas suivi l'action, tout ce qu'elle voyait, c'était l'ombre de Lucan se jeter sur l'intruse. Une queue reptilienne jaillit de son derrière et propulsa le sénéchal contre le mur. Lucan retomba brutalement au sol et sa tête percuta le coin du lit. Ce coup ne fut pas fatal pour le vampire qui n'avait qu'une égratignure, mais ce fut suffisant pour l'étourdir et permettre à la femme inconnue de l'assommer avec sa fumée verte provenant de sa bouche. La femme regarda une nouvelle fois d'un air ravi sa victime au sol. Cette dernière se retourna ensuite vers Livi qui cessa de regarder la commode. Elle se retrouvait contre le mur, celui sur lequel elle avait pris appui l'autre jour pour se détacher des chaînes avec lesquelles Jagger l'avait attaché. Il se trouvait à sa gauche, entre le mur et le lit, et la commode que Lucan lui avait indiquée se trouvait à droite du lit, juste derrière la femme. Appréciant sans doute la crainte qu'elle inspirait à Livi.
— Je te l'avais dit non ? Siffla la voix féminine en penchant la tête sur les côtés. C'est très appréciable...
Livi reconnut la paire de lunettes de soleil et le cache cheveux blancs de la serveuse de la cantine qui se trouvait maintenant devant elle. Une nouvelle fois sa langue de serpent humidifia ses lèvres, la laissant entrevoir les canines qui se cachait dans sa bouche. Il y en avait six, trois de chaque côté, dont une était cassée. La jeune femme enleva ses gants et attrapa son menton, pour ancrer ses iris au sien. Cette fille avait tout d'un serpent, les yeux, la langue, et les écailles usées sur le dos de la main. Même sa respiration semblait siffler l'air.
— Quel gâchis, Souffla la serveuse.
Livi plissa du nez, cette femme puait vraiment de la bouche.
— Qu'est-ce que tu es ? Demanda Livi.
— Tu ne devines pas ?
— Si tu étais une gorgone, tu les aurais déjà pétrifiés.
La pseudo-serveuse ôta alors le filet blanc qui retenait ses cheveux, libérant des dizaines de corps recouverts d'écailles, immobiles et pendant misérablement dans le vide. Non de...
— Comme tu l'as si bien dit... Si je l'étais, je l'aurais tué. Pour sur oui, je les aurais tous tué. Sauf celui-là il est pile à mon goût, fit elle en désignant Vasco, qui se trouvait dans la pièce voisine, d'un mouvement de tête. Mais ce foutu vampire a coupé la tête de chacun de mes serpents !
Livi grimaça en sentant sa main resserrer sa nuque et en pu s'empêcher de regarder ces cheveux. Certain corps étaient plus courts que d'autres, mais la chaire rouge apparente montrait bien qu'ils n'avaient pas été coupé, comme elle l'avait dit. Ils avaient été arraché.
— Tu sais ce que c'est de voir ceux auxquels on tient, se faire tuer sous ses yeux sans pouvoir rien faire ?
La gorgone serra son emprise sur Livi et s'avança vers le corps du roi toujours suffoquant, sur lequel elle essuya ses chaussures sales.
— Tu les as tous décapités, un par un et m'a laissé en vie ! Maintenant c'est à mon tour de te rendre la pareille ! Tu vas me le payer.
D'un seul jet, la gorgone fit une clé de bras pour tenir tranquille la blonde et pointa le couteau bien aiguisé sous sa gorge. Un sourire sadique se dessina sur son visage. Ses pupilles se dilatèrent tels les yeux reptiliens.
Depuis le temps qu'elle en rêvait...
Entrer ici n'avait pas été une mince chose à faire, mais à présent elle avait le roi des vampires à ses pieds, et son regard était si désespéré qu'elle n'aurait pas pu rêver meilleure vengeance.
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Dhampire, Tome 1 : Jagger [Terminé]
VampireAprès une nuit érotique partagée sans qu'elle ne s'en souvienne, Livi se réveille dans un endroit inconnu. Mais pas n'importe où : dans le palais du roi des vampires. Pourquoi ? Où ? Comment ? Elle ne le savait pas : elle avait perdu la mémoire, et...