Chapitre 9 - L'éveil

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Nous étions jeudi après-midi et le réel début des Sentinelles pour moi s'est produit en plein milieu du cours de mathématiques. Depuis ma chaise dans ma salle de cours, je vis trois hommes vêtus de noir escalader le mur d'enceinte de mon lycée. Une sueur froide descendit le long de ma colonne vertébrale. Des membres de la secte des Corbeaux ici ! Personne ne semblait s'en être rendu compte dans la classe et cette zone était dans l'angle mort des caméras de surveillance, à croire que le coup était bien préparé. Il fallait absolument que je fasse quelque chose avant qu'ils ne s'en prennent aux élèves. Je levai la main et le professeur m'autorisa à parler d'un regard.

- Est-ce que je pourrais aller aux toilettes s'il vous plaît?

Vous moquez pas, je n'ai rien trouvé de mieux que les toilettes comme excuse.

- Non tu attendras la fin du cours, répondit-il après avoir jeté un œil à sa montre.

Et merde... j'allais devoir sortir l'artillerie lourde.

- S'il vous plaît, c'est urgent , j'ai un léger problème et...

Tout en parlant j'attrapai mon sac, ouvris une poche et en sortis un tampon que je mis bien en évidence pour que le prof le voit. Et aussi tous les élèves de la classe... La honte ! Mais les membres de la secte étaient en train d'envahir le lycée donc je n'étais plus vraiment à ça près.

- Bon, allez-y, céda le prof soudain mal à l'aise.

Je quittai la salle pour pénétrer dans les WC en réfléchissant à un plan d'action et c'est à ce moment-là que mon avant bras droit se mit à me démanger affreusement. Je m'arrêtai au milieu de la pièce, devant toutes les portes jaunes pâles alignées. Ma Marque brillait d'une lueur blanche intense.

- Qu'est ce que c'est encore? Grognai-je déjà irritée par l'intrusion des Corbeaux dans mon établissement.

La lueur augmenta au point de m'éblouir. J'avais la désagréable impression que ma peau était marquée au fer brûlant. Je me laissai glisser le long d'une des nombreuses portes. Soudainement, la lueur s'éteignit, comme on souffle une bougie, me lassant une marque sur la rétine. Mes yeux se réhabituèrent progressivement à la lumière de la pièce et je jetai un coup d'œil à ma Marque. Elle était à présent entourée d'un mince ruban doré, presque imperceptible sur ma peau déjà colorée.

Je me redressai et m'appuyai à un des lavabos à cause de la nausée qui me prit aussitôt. Lorsque je levai machinalement les yeux sur le miroir, je lâchai le lavabo et reculai. J'avais failli ne pas reconnaître mon propre reflet. Mes cheveux prenaient progressivement une teinte argentée, quant à mes yeux, habituellement entre le vert et le bleu, ils étaient en train de s'éclaircir pour enfin se stabiliser sur un gris pâle, proche de la nouvelle couleur argentée de mes cheveux. Je n'étais plus la même.

- T'as intérêt à ce que ça parte, murmurai-je à mon reflet.

J'envoyai un message de sos à Robin et Milla sans préciser mon étrange métamorphose. Puis j'observai alternativement mon reflet et ma Marque. En un instant ma décision fut prise. J'enfilai le sweat aux couleurs du lycée, rabattit la capuche sur ma chevelure à présent entièrement argentée. Je sortis dans le couloir et saisis un des masques blancs du club de théâtre accroché au mur en décoration. Je l'enfilai et montai sur le toit du lycée pour affronter les Corbeaux avant qu'ils ne s'en prennent aux lycéens.

- Vous ! Hurlai-je

Je les vis lever la tête et un sourire carnassier étira les lèvres de celui qui semblait être le leader du groupe. Il avait trouvé son adversaire.

- Tu cherches une Sentinelle? Demandai-je en souriant en le fixant.

- Qui que tu sois, à ta place je ne ferais pas la maligne, répondit il.

Il tendis la main et un lycéen qui était dans la cour se trouva attiré vers lui, comme tiré par un fil invisible. Au moins, j'étais fixée : il manipulait l'Air.

- Je suppose que tu tiens un minimum à tes camarades, me lança t-il, c'est bien dommage...

Je voyais sa main se resserrer autour du cou du lycéen qui commençait à avoir du mal à respirer et agrippait désespérément les avant-bras de son agresseur. Mon sang ne fit qu'un tour.

- C'est entre toi, tes hommes et moi. Lâche-le immédiatement, lui ordonnai-je du toit.

Il sourit et resserra sa prise. Muée par un instinct inconscient, j'appuyai ma main sur le toit et ressentis la terre sous le bâtiment et sous le chef du petit bataillon de Corbeaux - c'était carrément flippant comme sensation, presque comme l'impression de sentir l'immensité de l'infini. Une petite graine se trouvait justement sous son bras et n'attendait que d'être stimulée. Je ne sais pas trop comment la suite se déroula mais une minute plus tard, un arbre avait poussé entre le chef et le lycéen, quant à ses deux collègues Corbeaux, ils se débattaient à présent au milieu de buissons de houx épais. Le lycéen s'enfuit vers mes bâtiments en voyant le geste que je lui faisais.

Dire que le chef Corbeaux était furieux aurait été un énorme euphémisme. Il se propulsa en l'air et avant que j'ai compris ce qu'il était en train de faire, il se trouva à un mètre de moi, à trois étages de haut. J'évitai de justesse le coup qu'il me destinait et le bousculai le plus violemment dont j'étais capable à cet instant. Il se réceptionna en faisant une roulade sur le toit et se redressa. Il se jeta à nouveau sur moi et je le repoussai d'un coup de genou vers le bord du toit tandis que son poing avait heurté mon menton. Je serrai les dents tandis que la douleur se répercutait dans mon crâne. Lorsqu'il se rua une nouvelle fois sur moi, je le frappai du pied en plein sur le torse. Ce fut comme si l'air qui nous entourait accompagnait mon mouvement et, repoussé par mon pied et une violente bourrasque, le chef passa par dessus le bord du toit.

Oups.

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Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant