Chapitre 51 - Débordement

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Mon cri résonna dans la rue où plus aucune voiture ne circulait depuis que nous occupions le centre de la chaussée. Un silence oppressant le suivit et je me rendis compte de ce que j'avais inconsciemment fait. L'homme qui avait agressé Wakiza se trouvait plaqué contre un mur par un vent puissant. Les fissures en étoile autour de lui témoignaient de la violence du choc que j'avais provoqué. Mon adversaire tenta de redresser son bras devant lui pour à nouveau me menacer avec ses lames de glace mais une fois quelques centimètres parcourut, son bras se retrouva à nouveau plaqué contre le mur en béton.

- Tu bouges encore et je ne donne pas cher de ta peau, le menaçai je clairement.

Les premières sirènes commencèrent à retentir au loin, signe que Zita était parvenue à appeler les secours tout en gérant la blessure importante de Wakiza. Une ambulance et plusieurs véhicules de l'armée se frayaient un chemin au milieu des voitures abandonnées pendant l'attaque. Deux minutes plus tard, nous nous trouvions menacés par une douzaine de mitraillettes armées prêtes à faire feu. J'ai bien dit «nous» parce que l'armée semblait me prendre pour une menace.

- Mademoiselle, vous allez cesser immédiatement votre action sur le deuxième individu sinon nous serons obligé d'employer la force ! Me menaça un militaire à l'aide d'un mégaphone de derrière son véhicule.

- Je ne suis pas une menace comme vous semblez le penser, expliquai je, si je relâche la pression sur cet homme, ce sera un carnage.

Ne comprenant pas l'ampleur de la menace dont je les protégeais, l'homme ordonna aux militaires de me mettre en joue.

Ça commence à sentir mauvais là...

- Je ne répéterai pas mon ordre, vous avez 10 secondes pour obtempérer !

Mais je suis censée faire quoi là ? Me faire tirer dessus ou relâcher un tueur sans scrupules ?

Pour ne pas me mettre la pression, l'homme commença à décompter les secondes derrière son mégaphone. Je ne pouvais pas prendre le risque de libérer mon adversaire, il pourrait en profiter pour m'agresser de la même manière que Wakiza. Il me restait une dernière carte à jouer avant d'être obligée de m'en prendre aux militaires pour me défendre.

- Attendez ! Criai-je à l'intention du chef des opérations. Je suis mandatée par la CIA, je travaille pour le département des activités Surnaturelles. Si vous ne me croyez pas, vous n'avez qu'à contacter l'agent Raphaël DOMEN.

L'homme eut l'air sceptique face à mes affirmations mais je me devais de garder un visage neutre et impassible. Il ordonna à un de ses hommes de contacter sur le champ la CIA. Après quelques hochements de tête tout en me fixant du regard, il me demanda d'annoncer mon identification d'agent. Que je n'avais bien évidemment pas.

- Dîtes lui que c'est la Sentinelle d'Argent.

Après d'autres phrases échangées avec son interlocuteur, il raccrocha.

- Gardez la en joue, annonça t'il. Ne tirez que si je vous l'ordonne.

Au moins n'avait t'il pas l'intention de me descendre immédiatement, ça me laissait un petit sursis pour réfléchir à un moyen de me sortir de ce bourbier.

Malheureusement je n'en eus pas le temps car moins de cinq minutes plus tard, d'autres véhicules vinrent s'ajouter à ceux des militaires. Plusieurs personnes en sortirent, vêtues de gilets pare balle floqué au nom de la CIA. L'un comportait aussi la mention "référent" et il devait s'agir du chef de l'opération. Il s'avança pour parlementer avec le responsable des militaires avant de faire demi-tour pour se diriger vers moi. À cause du contre jour et de sa casquette je ne parvenais pas à distinguer précisément les traits de son visage.

- On ne parvient pas à vous mettre la main dessus et ensuite l'armée m'appelle pour me dire que vous travaillez pour nous. Je crois qu'il va falloir qu'on s'explique à l'abri des oreilles indiscrètes.

Je n'eus aucun mal à reconnaître la voix de Raphaël ce qui ne me rassura pas. Je levai la main face à lui pour qu'il arrête d'avancer dans ma direction. De près il reconnaîtrait probablement les traits de mon visage.

- Restez où vous êtes, cet individu est dangereux, justifiai-je.

- Étrangement, c'est vous qui paraissez la plus menaçante.

- Vous voulez peut-être que je le libère et que je vous laisse vous débrouiller seuls ?

Raphaël me lança un regard de défi ce qui m'encouragea à relâcher l'homme que j'avais plaqué au mur. Il glissa au sol et ses bras recommencèrent à se couvrir de glace. Je croisai les bras sous ma poitrine et fixai Raphaël.

- Je vous laisse le gérer. Et on verra qui est dangereux.

La glace se propagea sur le bitume, gagnant les pneus des premiers véhicules militaires. Des pics de glace armaient à nouveau les bras de l'homme qui nous avait attaqué. Raphaël commença à perdre son masque d'impassibilité en voyant l'homme libérer son pouvoir.

- J'ai compris, vous n'êtes pas dangereuse mais est ce que vous pourriez à nouveau maîtriser cet homme ? Je craint que nous n'ayons pas vraiment les moyens sur place de nous en occuper immédiatement.

L'instant suivant, l'homme de glace alla à nouveau se fracasser contre le mur, accentuant les fissures. Un grognement de douleur lui échappa mais j'étais gentille en comparaison de ce qu'il avait fait subir à Wakiza.

- Comment va l'homme qui a été blessé à l'intérieur ? Demandai je à Raphaël en surveillant du regard l'homme au mur.

- Il est toujours vivant pour l'instant, il vient juste d'être transféré à l'hôpital. Les renforts avec l'équipement adapté pour s'occuper de son agresseur ne devraient pas tarder. Et après nous aurons une petite discussion entre quatre yeux.

Je me sentais nerveuse sous le regard inquisiteur de Raphaël mais cette fois-ci je ne pourrais pas me débiner en sautant par la fenêtre comme à l'aéroport à Miami ou être sauvée par les explications de Zita. Les minutes qui s'écoulèrent jusqu'à ce que l'homme soit embarqué me parurent interminables et quand ce fut fait, Raphaël s'approcha de moi.

- Je me doute que vous ne souhaitez pas m'accompagner dans des locaux de la CIA alors que pensez-vous de retourner dans la petite boutique ? Demanda t'il.

Je le suivis en silence au milieu des débris et lorsque nous fûmes dans le magasin il ferma la porte derrière moi et la verrouilla.

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Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant