Chapitre 27 - La messagère

127 16 3
                                    

À mon grand soulagement, avant que les filles n'aient eu le temps d'échafauder un plan tordu, la porte de notre chambre s'ouvrit pour laisser entrer Yoann.

- Il ne vous reste que deux minutes si vous ne voulez pas croiser le dragon en fureur, nous indiqua-t-il.

- Merde, laissa échapper Sheila, je n'avais pas vu l'heure !

À ces mots, nous nous jetâmes toutes les trois sur nos sacs et chaussures. J'enfilai rapidement mes converses et verrouillai la porte derrière Zita et Sheila. Nous dévalâmes ensuite l'escalier tous les cinq en nous arrêtant brusquement au rez-de-chaussée.

- La voie est libre, je ne vois pas le dragon blond, rigola Zita.

Nous nous engageâmes dans le hall de l'hôtel et nous dépêchâmes de rejoindre l'extérieur du bâtiment.

- Je donnerais cher pour voir la tête de Sarah quand elle trouvera les chambres vides ! S'exclama Zita.

La pluie avait cessé mais de nombreuses flaques recouvraient le trottoir et l'air s'était considérablement rafraichit en comparaison avec la matinée étouffante de chaleur. Je resserrai mes bras contre moi pour ne pas laisser la fraîcheur s'infiltrer à travers le tissu de mon haut. Nous arrivâmes enfin devant le restaurant repéré par Sheila.

- Désolé, pour l'instant nous sommes complets, il vous faudra patienter une dizaine de minutes pour avoir une table pour cinq, nous indiqua le serveur à l'entrée.

Nous commençâmes à patienter sur le trottoir et Sheila et Zita se lancèrent dans un débat sur le transport idéal à San Francisco. Pas vraiment mon truc, je me contente de prendre le bus, donc je n'écoutai plus vraiment la conversation et laissai mon esprit vagabonder. Je réfléchissais à l'eau que j'avais manipulée. Maphillus avait dit que le fait que je ne me métamorphose pas allait avoir des effets secondaires. Est ce que ça signifiait qu'à chaque fois que j'utilisais des pouvoirs de Sentinelles je devais devenir la Sentinelle d'Argent ? Et pourquoi m'étais-je transformée au lycée et pas là ?

J'étais complètement perdue dans mes pensées lorsque deux bras s'enroulèrent autour de mon cou tandis qu'un torse frôlait mon dos. Mes réflexes prirent le contrôle et mes mains saisirent les deux bras enroulés autour de moi tandis que mon pied droit écrasai violemment celui de la personne derrière moi. Celle-ci réprima difficilement un grognement.

- Anaïs, ce n'est que moi, détend-toi, râla Robin.

- Que...Qu'est ce que tu es en train de faire ? Demandai-je surprise.

- Tu tremblais de froid et tu n'avais pas de veste, me répondit-il simplement. Donc je partage ma chaleur corporelle.

C'était réussi, je n'ai aucun doute sur le fait qu'à ce moment-là il réchauffait mes joues. Heureusement qu'il était derrière moi pour ne pas les voir.

À mon grand soulagement, moins d'une minute plus tard, le serveur sortit pour nous annoncer qu'une table était libre, mettant fin à la proximité de Robin avec moi.

***

Nous attendions nos plats lorsque Robin me donna un coup de coude. Je le dévisageai.

- Il y a une femme louche dans le restaurant.

- Où ? Demandai-je, sur mes gardes en pensant immédiatement à la secte des Corbeaux.

- Seule à une table au fond de la salle.

Je suivis le regard de Robin et pus voir la jeune femme en question. Ses longs cheveux châtains étaient coiffés en une tresse avec quelques plumes. Elle portait une robe longue verte pastel. Elle me regarda et ses yeux bleus électriques me frappèrent. Elle me souriait.

- Tu la connais ? M'interrogea Robin.

- Non. Et en quoi est-elle louche ? Elle n'a pas l'air de faire partie de la secte.

- Quand on attendait devant le restaurant, elle était de l'autre côté de la rue et elle nous observait déjà.

Je fronçai les sourcils en réfléchissant.

- C'est peut-être un hasard, elle observait probablement le restaurant où elle allait manger.

- Anaïs, elle est en train de te faire des signes ! Tu crois que ce n'est pas louche ça ?

Après cette remarque de Robin, je regardai à nouveau la femme, elle était en effet en train de me faire signe d'approcher. J'apostrophai le serveur qui venait de déposer les plats à notre table avant qu'il ne reparte.

- Excusez-moi, où se trouve les toilettes ?

- La porte au fond de la salle mademoiselle.

- Je vous remercie. J'en ai pour deux minutes, indiquai-je aux autres.

Je me levai de table et me dirigeai vers les toilettes en sentant le regard de l'inconnue sur mon dos. Je poussai la porte et entrai, il n'y avait personne. Je m'appuyai aux lavabos et attendis qu'elle vienne. Parce qu'elle allait venir après les signes insistants qu'elle m'avait fait.

Ça ne loupa pas, quelques secondes plus tard la porte s'ouvrit et elle se planta devant moi. Je me rendis compte que je l'avais prise pour une jeune femme mais qu'elle faisait plutôt partie de ces femmes sans âge, celles dont on est incapable de deviner l'âge.

- Bonsoir Anaïs.

Je sursautai, comment pouvait-elle connaître mon prénom ? Finalement Robin avait peut-être raison, cette femme était probablement louche. Je lui demandai franchement où elle avait obtenu cette information.

- On s'est déjà vu Anaïs, tu n'étais encore qu'un nouveau né.

- Comment m'avez vous reconnue malgré les années qui se sont écoulées depuis? Demandai-je toujours méfiante. En plus, il doit y avoir énormément de jeunes filles qui correspondent à ce qu'aurait pu devenir le bébé que j'étais.

- Je savais que c'était toi. Personne n'a la même aura que toi, personne ne dégage la même puissance que toi.

Il y eut un instant de silence, j'avais l'impression que nous tournions autour du pot. Alors autant être franche.

- Pourquoi me suiviez-vous ?

- J'ai une lettre de ta mère à te remettre.

- Euh, fis-je septique. Ma mère connait l'adresse de l'hôtel.

La femme soupira et me tendit tout de même une enveloppe.

- Tu dois la lire pour mieux comprendre.

J'avais quelques doutes sur la fiabilité de cette femme, mais après tout, je pouvais toujours prendre la lettre, la lire et la mettre à la poubelle si tout ça s'avérait être une belle arnaque.

- Je ne vous ai pas demandé votre prénom.

- Amélie, me répondit-elle en me tendant toujours l'enveloppe.

Je saisis la lettre mais Amélie ne la lâcha pas pour autant.

- Anaïs.

Je la regardai en fronçant les sourcils. Quelle entourloupe était-elle en train de me faire ?

- Promets-moi d'attendre la fin du repas pour la lire.

Je hochai la tête à sa demande singulière. Elle sortit mais au moment de refermer la porte, la dernière phrase qu'elle prononça sonna étrangement à mes oreilles.

- On se reverra Anaïs, j'en suis persuadée.

*******

N'hésitez pas à commenter et voter !

Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant