Chapitre 49 - Notre histoire

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Depuis une dizaine de minutes nous attendions dans la boutique avec Zita. Wakiza nous y avait ramenées avec des petits gâteaux pendant qu'il retournait s'entretenir avec sa grand-mère Naya. Zita parcourait les présentoirs et en profitait pour triturer tous les objets qui l'intriguaient. Pour l'instant, elle avait jeté son dévolu sur ce qui ressemblait à un calumet de la paix, peint avec des couleurs criardes.

Je soupirai en faisant tourner sous mes doigts un petit biscuit dans l'assiette. Tous ces détails étaient intrigants. Entre une indienne qui voit l'aura des humains et non-humains et une pierre qui peut être qualifiée d'interrupteur pour ma Sentinelle, il y avait de quoi ne plus savoir où donner de la tête. Mais avant que je n'ai réellement eu le temps de me perdre dans mes réflexions, le gérant surgit devant moi, sortant de l'arrière boutique.

- Ma grand-mère ne vous a pas tout raconté sur ce qu'elle sait de vous. Vous devriez vous asseoir, ce que j'ai à vous narrer n'est pas court.

Nous suivîmes son conseil et deux minutes plus tard, Zita et moi avions nos fesses posées sur des tabourets en face de notre hôte, prêtes à boire ses paroles.

Il débuta son récit.

Vous le savez probablement déjà, votre groupe n'a pas toujours vécu ici. À sa fondation, il se trouvait en Europe et plus précisément sur une petite île grecque, coincée dans la mer entre la Grèce et la Turquie actuelle. Le peuple qui vivait sur ce petit bout de terre perdu au milieu de kilomètres d'eau n'avait pas encore était atteint par le culte des divinités grecques que se répendait comme une traînée de poudre à cette époque. Ils croyaient en autre chose, beaucoup plus réel. Sept êtres aux capacités dépassant l'entendement humain.

Mais la situation se dégrada pour les habitants de l'île. Les champs avaient été durement touchés par la sécheresse, l'eau pure menaçait de manquer et les athéniens, pour les punir de leur résistance à leur culture divine, refusaient toute forme de commerce. Le moral des habitants baissait et le risque d'émeutes entre différents groupes menaçait. Alors les sept Originels sont venus parmi les habitants, les ont aidé à cultiver leurs champs secs grâce à leurs capacités et à retrouver de l'eau. L'île connut ainsi des décennies de paix mais malheureusement toute période prospère a une fin.

La nouvelle de la prospérité cette l'île s'était répandue aux autres îles proches, puis de plus en plus loin. Jusqu'à une île aux cultes étranges, on pourrait même dire, aux pratiques lugubres et effrayantes. En même temps, les habitants n'avaient pas vraiment un symbole divin des plus recommandable. Un démon de la pire espèce, doué d'hypocrisie, violence et emplis de tous les sentiments les plus négatifs qu'il soit. Et sous les ordres de ce guide, les habitants de cette île attaquèrent l'île des sept Originels. Les deux peuples luttèrent, défendant chacun un idéal, et pour éviter le massacre qui se profilait, les sept Originels fuirent leur île entièrement dépendants des Sentinelles et entraînant à leur suite un peuple gorgé de haine.

S'en suivit quelques siècles de fuite pour la nouvelle Organisation des Sentinelles. Elle s'installa successivement dans ce qui est aujourd'hui la Bulgarie, l'Italie, l'Allemagne, la Norvège, la France et finalement le Portugal. Au XIII ème siècle, près de deux cents ans avant l'expédition de Christophe Colomb, l'Organisation des Sentinelles entreprit la traversée de l'océan Atlantique, protégée par les Originels. Ils accostèrent sur la côte Est et au bout d'à peine un jour sur le territoire, une tribu indienne leur tomba dessus. Ils étaient réceptifs au discours des Originels ce qui permit aux Sentinelles de vivre et s'intégrer avec eux.

La situation se gâta à nouveau pour votre groupe lorsque les colons débarquèrent sur le sol américain : ils étaient à votre recherche. La tribu dont vous faisiez partie fournit ses meilleurs guerriers et guerrières pour vous accompagner dans votre fuite le plus loin possible. Les indiens qui couvraient votre fuite et ralentissaient l'ennemi furent massacré sans aucun scrupules.

Pendant ce temps là vous vos ancêtres s'étaient déjà installés bien loin et avaient pensé à bien dissimuler leurs traces. Ils étaient toujours accompagnés d'une vingtaine d'indiens. En signe de fidélité, ils se dessinèrent la même marque que les Sentinelles sur leur peau avec une encre rouge et chaque nouveau membre de la tribu recevait ce tatouage à ses quinze ans pendant une cérémonie.

Dans les années 1850, les Sentinelles quittèrent la tribu, la libérant de son engagement de protection mais la menace de la secte leur courant après n'étant pas éliminée, les membres de la tribu continuèrent la cérémonie du tatouage pour montrer leur fidélité et surtout leur engagement à combattre pour les Sentinelles.

- Aujourd'hui, cette tribu existe toujours mais ses membres sont peu nombreux, racontait Wakiza. Et peu sont de véritables guerriers : la plupart ont rejoint la civilisation et se sont confondu dans les masses de gens dans les grandes villes comme la notre. De plus, n'ayant plus eu de contact avec ne serait-ce qu'une seule Sentinelle a transformé la véritable histoire de cette tribu en une simple légende aux yeux des jeunes membres sceptiques. Les plus anciens sont les plus convaincus.

L'indien face à nous se tut, nous laissant digérer l'histoire de l'Organisation des Sentinelles, notre histoire.

- Je peux vous poser une question indiscrète, demanda Zita.

L'homme hocha la tête.

- Naya fait-elle partie de cette tribu ?

- Absolument, son tatouage se trouve dans son dos, entre ses deux omoplates.

Je fixai l'homme en face de moi, réalisant soudainement quelque chose.

- Et le votre ? Demandai-je.

Il me regarda, un air interrogatif peint sur ses traits.

- Votre tatouage, il est où ? Reformulai-je.

Il resta muet et se contenta de défaire la moitié des boutons de sa chemise pour nous dévoiler son pectoral gauche. Un cercle rouge s'y trouvait, un peu plus grand que notre Marque.

- Sur le cœur.

ANAÏS, ATTENTION !

Le cri résonna dans ma tête comme trop souvent. Mais avant que je n'ai compris quel était le danger, un sifflement résonna trop proche de mon oreille et un pic de glace transperça le torse de Wakiza, en plein milieu de son tatouage. Là où se trouvait son cœur.

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Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant