Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 12 - Voyage en groupe

On me secoua à l'épaule et je me réveillai en sursaut. Je m'étirai et, après que ma vision soit redevenue nette, regardai autour de moi pour reprendre mes repères, j'étais sur le canapé de la bibliothèque du QG et Robin était déjà à la porte.

- Walter a fini avec Colin, c'est l'heure du dîner la marmotte!

Je m'aperçus qu'il faisait déjàpresque noir dehors, combien de temps avais-je bien pû dormir ? Je sortis de la bibliothèque et descendis l'escalier en pierre jusqu'au rez de chaussée. Tout le monde était déjà installé face aux appétissants plats éparpillés sur toute la longueur de la grande table en bois. Les discussions allaient de bon train et l'ambiance était moins morose que le midi. Après m'être assise à ma place sur un des deux bancs, je me servis des haricots et du poulet. Juste avant de passer au dessert Walter se leva et attendit le silence dans le but de prendre la parole. Il s'exprima d'une voix puissante:

- L'heure est grave et nous venons de perdre l'un des notres.

À ces paroles les yeux sombres de Zita se voilèrent. Elle baissa la tête pour se cacher derrière sa frange. Walter continua:

- C'est pourquoi les anciennes Sentinelles -y compris moi- ont décidé que votre Apprentissage commencera plus tôt que ce qui était initialement prévu.

Le silence régna quelques instants avant que l'un d'entre nous n'ose le briser.

- Plus tôt ? Ça veut dire quand exactement ? Demanda Yoann.

- Demain, lui répondit immédiatement Walter. Vous passerez deux jours ici, au quartier général, puis nous partirons quelques temps en Floride. Maintenant c'est l'heure du dessert !

Il se rassit sans comprendre la bombe qu'il venait de lancer à table. Les discussions reprirent de plus bel chez la nouvelle génération de Sentinelles. La Floride ! Qui parmi nous n'avait jamais rêvé d'y aller un jour ?

***

Le repas était fini depuis un quart d'heure et nous nous partagions les différentes tâches ménagères. Denise et Eric balayaient la salle à manger, Olga nettoyait la grande table et Milla, Robin et moi faisions la vaisselle. Quant à Lydie, Sheila et Zita, elles étaient plantées, ou plutôt avachies, sur le canapé du salon, devant la télé. Soudain Walter entra dans le salon et leur demanda de faire tous les lits des chambres au premier étage. Je ne pus retenir un petit sourire.

Allez les filles, au travail comme tout le monde ! 

Il semblerait que ma conscience commence à prendre ses aises...
Lydie poussa un gros soupir mais Sheila la regarda en haussant un sourcil avant de répondre à Walter:

- Bien sûr ! Mais je ne sais pas où sont les chambres...

- Mais Lydie sera ravie de te les montrer et de t'aider, lui répondit Walter en se tournant vers sa petite-fille et en lui souriant.

Celle-ci croisa les bras et leva les yeux au plafond. Je détournai mon regard de cette belle démonstration de paresse et me tournai vers Milla.

- Préparer tous les lits ?

- On reste dormir ce soir.

Je ne sais pas pourquoi mais je m'en étais doutée dès qu'il avait parlé de faire TOUS les lits.

- Mais tu ne m'avais rien dit ! Je n'ai absolument rien prévu pour me changer...

- Je sais mais ne t'inquiète pas, moi non plus, me répondit-elle en souriant. On rentre, on récupère ce qu'il faut et on revient.

Je tendis la main pour une assiette dégoulinant d'eau que Robin me tendait. Nos doigts s'effleurèrent pendant un instant et il lâcha la vaisselle qui alla se fracasser au sol. Denise se retourna et découvrant lequel était fautif, elle le réprimanda aussitôt mais Milla me regarda et rigola discrètement.

- Je vais y aller avec Anaïs, dit-elle après s'être ressaisie et en me poussant hors de la cuisine. On vous laisse nettoyer les dégâts, ajouta t-elle avec une sourire malicieux à Denise.

***

La voiture filait rapidement sur la route déserte à cette heure ci.

- Tu supportes les voyages en avion ? Demanda soudain ma grande-tante.

- Oui, enfin je suppose. Je n'ai pris l'avion qu'une seule fois et c'était il y a douze ans.

- Il faut que tu prépares une valise pour deux semaines.

DEUX semaines ? C'était une mauvaise blague de leur part ou quoi cette affaire ?

- Maman est au courant ? Demandai-je seulement.

- Oui, bien évidemment, je l'ai appelée quand nous avons pris la décision cet après-midi.

- Et on va à quel endroit exactement ? Et on va chez qui ?

Vous n'avez pas l'impression que je commence à ressembler à un policier qui fait un interrogatoire ? Non ? Parce que moi c'est l'impression que ça me fait ! À moins que ce soit simplement ma curiosité qui ressorte.

- À Pahokee, c'est une petite ville sur le bord d'un lac. On y possède un refuge réservé à votre Apprentissage. Il faut que tu prévoies des vêtements de sport mais aussi pour des réunions, vous devez rencontrer plusieurs de nos alliés.

On était enfin arrivé chez moi. Ludmilla me demanda de la rejoindre une heure plus tard, chez elle. Je descendis de la voiture et me dirigeai vers la porte d'entrée. Elle s'ouvrit et je me jetai au cou de ma mère qui se tenait dans le vestibule. Nous entrâmes et elle referma la porte tout en parlant:

- Ça va me faire bizarre autant de temps sans te voir ! File vite faire ta valise !

Ses yeux brillaient et elle se détourna pour cacher ses larmes. Je gravis l'escalier en me demandant si elle était en train de craindre que le scénario de mon père se reproduise avec moi. J'entrai dans ma chambre puis commençai à rassembler les vêtements dont j'aurais besoin durant mon voyage.

- Tu auras probablement besoin de ça.

Je me retournai, avec le cœur complètement affolé à cause de la discrétion de ma mère, elle se tenait sur le seuil de ma chambre avec une valise en cuir noir dans les mains. Elle la posa sur le lit. Son regard se fixa sur mon visage et ses lèvres s'étirèrent en un sourire triste.

- Elle appartenait à ton père, maintenant que tu fais partie des Sentinelles, elle est à toi.

- Merci Maman !

C'était un véritable trésor à mes yeux, tout ce qu'il me restait de mon père, cet inconnu.

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