Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 7 - Mauvaises retrouvailles

Il me regardait et avait l'air vraiment inquiet. Je me retournai, Lily et Natacha s'apprêtaient à traverser la rue pour nous rejoindre. Je regardai à nouveau Robin.

- Ne dis rien devant elles, lui chuchotai-je en montrant Lily et Natacha d'un signe de la tête. Nous allons au centre commercial, une fois qu'elles seront dans les magasins, je peux t'assurer qu'on n'aura aucun problème pour discuter de ce sujet délicat.

Il hocha la tête et je me retournai vers mes deux amies. Natacha dévisagea sans aucune gêne Robin de la tête aux pieds.

- À qui ai-je l'honneur ? Demanda-t-elle après son inspection visuelle.

J'ouvris la bouche pour lui répondre mais il me devança :

- Je m'appelle Robin, on y va Anaïs ?

Et tous les quatre, après que Natacha m'ait jeté un regard envieux, nous prîmes la direction du centre-ville. En arrivant, Lily et Natacha filèrent directement au dernier étage où cette dernière avait repéré la paire de chaussures. Robin et moi montâmes au premier étage pour nous installer à la terrasse du café qui surplombait le rez-de-chaussée. Robin alla droit au but lorsqu'on nous eut servi nos boissons.

- Vendredi, quand nous sommes rentrés, ils ont suivi Walter et l'ont attaqué une fois qu'il fut seul après avoir déposé sa petite-fille chez elle.

- Non! Comment va-t-il ?

- Bien mais ça va lui prendre un peu de temps de se remettre. Évidemment, ils voulaient le collier. Manque de chance, Walter était vraiment méfiant à cause de l'attaque et avait donc confié le collier à Éric. À présent, les anciens ont peur qu'ils nous attaquent un à un pour trouver le collier et je voulais donc te mettre en garde.

- Merci, tu as bien fait, lui assurai-je.

Je laissai mon regard vagabonder. Robin était venu pour m'informer que nous étions en danger. Je n'arrivais pas à le croire ; c'était bien la première fois qu'un garçon se souciait de ma sécurité. Un groupe d'hommes à l'air menaçant entra dans le centre commercial : ils étaient tous habillés en noir. J'aurais parié qu'ils nous avaient suivi. Je me tournai vers Robin.

- Je crois que moi aussi j'ai une mauvaise nouvelle, lui annonçai-je.

Je pointai mon doigt vers le rez-de-chaussée et Robin les vit aussi. Il se leva et jeta quelques pièces sur la table pour payer nos boissons. Un des Corbeaux présent à l'Initiation leva la tête, regarda dans ma direction et cria plusieurs mots à ses complices en montrant le café après m'avoir reconnue.

- Viens, on s'en va, murmura Robin en m'entraînant vers la sortie.

- Il faut que j'appelle Milla pour qu'elle vienne nous chercher et prévienne les autres!

Nous sortîmes du café au pas de course et nous réfugiâmes dans les WC. Je m'enfermai dans une cabine et appelai Milla, ravie qu'elle ait pensé à me donner son numéro après l'Initiation. Elle décrocha à la deuxième sonnerie.

- Milla! Commençai-je sans lui laisser le temps de répondre. Dépêche-toi de venir nous chercher, on est au centre  commercial et ils sont aussi là!

- Pourquoi? Je ne comprend pas Anaïs, tu parles trop vite.

- Ils sont là, ils nous cherchent!

La voix de Milla se fit plus sérieuse.

- Ne t'inquiète pas, je préviens les autres aussi.

Elle raccrocha et je sortis des toilettes, Robin m'attendait tout en surveillant la sortie à plusieurs mètres de moi lorsqu'un type en noir s'approcha de lui dans son dos.

- Derrière toi! Hurlai-je.

Quelques personnes tournèrent la tête vers moi. Robin se retourna et fit face à l'inconnu. Celui-ci lança son poing vers Robin, mais il bloqua le premier coup de son adversaire qui se prépara à le renouveler lorsque je lançai ma jambe dans les genoux du type en noir. L'homme cilla, laissant juste le temps à Robin de le frapper à la mâchoire. Le Corbeau se releva et s'apprêta à répliquer lorsque je fracassai l'extincteur contre son crâne. C'était le seul objet massif qui se trouvait à ma disposition. Heureusement, il n'y avait aucun témoin puisque toutes les personnes présentes s'étaient volatilisées au premier signe de bagarre...

- On se tire! Me cria Robin.

En effet, les clients du centre commercial commençaient à s'agiter devant l'entrée des sanitaires suite au bruit de l'extincteur contre le crâne de notre agresseur. Nous quittâmes les toilettes et dévalâmes l'escalier jusqu'au rez-de-chaussée où nous nous retrouvâmes nez à nez avec un groupe de Corbeaux qui nous bloquait la sortie. À leur tête se trouvait l'homme qui m'avait prise en otage le soir de l'Initiation. Il me vit et sa bouche se tordit en un rictus cruel.

- Comme on se retrouve! J'ai beaucoup pensé à toi depuis notre rencontre!

Je me campai sur mes jambes, prête à en découdre. Ce type me donnait des frissons dans le dos, il avait quelque chose d'inquiétant, jusque dans sa façon de parler. Il poursuivit :

- Je me demandais comment j'allais te faire payer cet affront, j'ai donc pensé à quelques petites tortures à te faire subir...

- On se place dos à dos, me murmura Robin.

Les Corbeaux nous avaient encerclé. Robin se tourna et se plaça dos à moi. Son contact me déstabilisa. Le chef continua à avancer en me parlant.

- J'allais oublier, l'homme qui te torturera jusqu'à que tu le supplie à genoux d'arrêter s'appelle Colin.(Ses hommes l'acclamèrent à l'annonce de son nom et Colin fit une révérence... vraiment narcissique ce type! Et rien dans le cerveau pour les autres! )

- Est-ce-que tu es narcissique pour parler de toi à la troisième personne? Répliquai-je. Et puis j'ai jamais dis que j'acceptais de me faire torturer.

- Il me semble que c'est toi qui es en mauvaise posture, alors à ta place je la fermerai! S'énerva Colin.

- Mais tu vois, le truc c'est que tu n'es pas à ma place.

Je ne sais pas ce qui me prenait mais avec lui je ne pouvais pas m'empêcher de la ramener. Je dois être complètement folle pour aller provoquer un danger public tel que lui.

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