Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 39 - Révélations

Il était à présent près de une heure du matin et la réalité reprenait progressivement le dessus dans mon cerveau. Nous avions l'enterrement de Walter dans l'après-midi. Je cherchai Zita dans la masse de corps occupant le salon de Natacha. Je repérai enfin la chevelure rousse de la Sentinelle au milieu de quelques cheerleaders. Je me frayai un chemin au milieu des corps couverts de sueur et la rejoignis.

- Hey Zita, il faudrait qu'on pense à y aller. On a l'enterrement de Walter demain, enfin cet aprem vu l'heure.

Elle hocha la tête et quitta le groupe avec lequel elle était. Nous passâmes voir Natacha avant de partir puis sortîmes enfin de la maison. Zita commença à s'extasier.

- C'était vraiment génial Anaïs, merci de m'avoir proposé de venir ! Et ça m'a énormément touchée que tu me présentes comme de la famille...

Nous sursautâmes en entendant du bruit à quelques mètres de nous et nous pivotâmes vers la source de ce bruit, sur nos gardes. Finalement nous vîmes Stephen émerger de l'obscurité. Il s'approcha de nous en titubant, une bouteille de bière en verre à la main. Allez savoir combien il en avait descendu avant celle-là.

- Anaïs, commença-t-il en bafouillant, tu as osé m'humilier...

Il but quelques gorgées à sa bouteille, la mousse de l'alcool coulait du coin de sa bouche jusqu'à son menton. Il poursuivit.

- Tu m'as humilié devant mes potes, t'étais pas autant téméraire d'habitude...

Waouh ! Stephen connait le mot téméraire! Faudra que je raconte ça à Natacha, elle va pas y croire !

Stephen acheva de vider sa bouteille cul sec et d'un mouvement brusque la cassa contre le mur, y laissant des marques.

Ça aussi il faudra que je le dises à Natacha, mais je ne suis pas sûre qu'elle ait la même réaction...

Stephen s'approcha dangereusement de nous.

- Je crois qu'il est temps que tu comprennes où est ta place bébé...

Et Stephen se jeta sur moi, un tesson tranchant de bouteille à la main. Zita me tira en arrière ce qui me permis d'éviter le premier coup mais si je ne réagissais pas rapidement, je n'aurais pas autant de chance pour sa deuxième attaque. Emporté par son élan, Stephen fit encore quelques pas en titubant puis se retourna vers moi en brandissant toujours le morceau de verre tranchant dans ma direction. Le verrou en moi lâcha d'un coup en voyant la menace qui pesait sur nous et la Sentinelle d'Argent se réveilla. Le pouvoir se répandit en une fraction de seconde dans tout mon corps et Stephen se jeta sur moi. Le morceau de verre s'écrasa sur ma poitrine. Quand je dis s'écrasa, c'est vraiment s'écraser : le verre se brisa plusieurs morceaux qui tombèrent en pluie sur le sol après avoir heurté ma poitrine en pierre. Les yeux de Stephen s'agrandirent mais la seconde suivante il s'écroula, ivre, contre le mur et s'y endormit après avoir vomit. Je me tournai vers Zita, elle me fixait bouche bée.

- Il faut qu'on parle Zita, annonçai-je, mais pas ici, ajoutai-je en la trainant vers sa voiture.

Elle acquiesça et on monta dans le véhicule. J'eus le temps d'apercevoir mon reflet dans la vitre, mes cheveux étaient encore en partie argentés tout comme mes iris.

*

Vingt minutes plus tard, nous étions attablées dans un Starbucks, en train de tripoter nos gobelets sans que l'une de nous n'ose briser le silence. Finalement, Zita releva la tête vers moi et me fixa de ses yeux noisettes.

- Donc... tu es la Sentinelle d'Argent, murmura-t-elle.

Je hochai la tête en triturant mon gobelet ne sachant pas quoi ajouter.

- Comment tu fais pour te métamorphoser ? Tu penses que nous aussi on peut le faire ?

- Je n'en rien, je ne contrôle pas ma métamorphose. La plupart du temps ça se produit quand je me sers d'un pouvoir mais par exemple je ne me suis pas métamorphosée quand j'ai envoyé l'eau sur Sarah à Miami.

Zita ouvrit la bouche, surprise.

- C'était toi ?

Je hochai la tête et un sourire s'étira sur les lèvres de mon amie.

- C'était génial, tu recommences quand tu veux ! S'exclama-t-elle.

Je ne pus me retenir de sourire en voyant son entrain. Sincèrement je m'attendais à ce qu'elle le prenne mal.

- Tu ne m'en veux pas ? Lui demandai-je.

- Mais pourquoi ? Demanda Zita en fronçant les sourcils.

- Parce que je ne vous ai rien dit.

- Je suppose que tu avais tes raisons pour le faire. En plus si tu l'avais fait, Lydie l'aurait su et elle aurait vendu la mèche à la secte. On aurait perdu notre meilleur atout !

- D'ailleurs, est ce que tu pourrais ne rien dire aux autres ? Je n'aime pas trop être le centre de l'attention donc je préfèrerais qu'ils pensent à une septième Sentinelle pour l'instant.

- Bien sûr ! Si tu veux, je peux même te couvrir, ajouta Zita avec un clin d'œil.

Machinalement je grattai ma Marque, ce qui me fit penser à quelque chose. Je posai mon avant-bras entre nous sur la table.

- Il faut que je te montre quelque chose, dis-je à Zita qui me fixa en attendant que je le fasse. Regarde ma Marque, lui indiquai-je.

Elle se pencha dessus et releva son visage étonné vers moi.

- Ton trait est doré, chuchota-t-elle.

- Tu as une idée de ce que ça peut signifier ? L'interrogeai-je.

Elle secoua la tête. Puis son regard s'éclaira.

- Et si s'était un pouvoir que nous n'avons pas ?

- Euh... c'est à dire ?

- Je pense au feu ou au septième pouvoir. Ce sont deux possibilités qu'on ne peut pas exclure.

Nous quittâmes notre table un peu après deux heures du matin, la fatigue commençant à se faire ressentir. Arrivées dans le vestibule du QG, Zita me retint par le bras. Elle eut soudain l'air gênée.

- Hum... Est ce que je pourrais dormir dans votre chambre, je n'ai pas très envie de continuer à partager la même pièce de Lydie en sachant ce qu'elle nous a fait...

J'acceptai et c'est comme ça que nous nous sommes retrouvées à partager une chambre à trois cette nuit-là et les nuits suivantes.

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