Chapitre 32 - Embarquement... pas immédiat

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Il y a des moments où je me demande si depuis que je connais l'organisation des Sentinelles et en fais partie, ma poisse n'a pas considérablement augmenté. Quand nous ne sommes pas confronté à la secte, nous nous retrouvons, par exemple, au milieu d'une prise d'otage à l'aéroport de Miami. Pourtant tout allait bien quand nous avions pris le métro pour aller à l'aéroport et rentrer en urgence au QG à San Francisco. Nous nous étions répartis dans toutes les rames à cause de nos bagages. Mais à peine avais-je eu le temps de faire trois pas dans l'aéroport en dehors du métro qu'un taré avait tiré un coup de feu en nous ordonnant de tous lâcher nos valises et de nous coucher à terre. Tous les voyageurs obéirent dans un mouvement de panique.

Je vis Yoann et Sheila ensemble à quelques pas de moi et j'aperçus également Éric et Milla, qui accompagnaient toujours Lydie, à plusieurs mètres de ma place. Impossible par contre de repérer Robin et Zita dans la masse de corps couchés au sol. Je sentis l'adrénaline commencer à courir mes veines, comme à chaque fois à présent que la Sentinelle en moi prenait le contrôle de la situation. Je comptai rapidement les assaillants : il y en avait trois au centre de la foule, dont celui qui semblait être le meneur et avait crié les ordres auparavant, un au niveau du métro qui avait d'ailleurs interrompu le trafic en activant le système d'urgence, et un en haut des escalators qui était bien caché, j'avais eu du mal à le voir, il devait probablement couvrir les arrières.

L'un des hommes avec le meneur attrapa violemment une petite fille, d'environ sept ans, des bras de sa grand-mère. Il la ramena avec lui au centre de tous les otages où son chef attendait.

- On veut un million de dollars, vous videz vos porte-monnaies, vous débarrassez de vos montres et bijoux pour assembler cette somme. Si dans 20 minutes ce n'est pas fait, c'est à elle qu'on explose la cervelle, annonça le leader. Puis on prendra un autre otage qu'on exécutera si 5 minutes plus tard ce n'est toujours pas fait et ainsi de suite jusqu'à ce qu'on ait notre million !

J'entendis des hoquets d'indignation autour de moi mais je ne pouvais plus détacher mon regard du visage terrifié de la fillette. Je sentis la colère commencer à bouillonner en moi, ce type était un monstre ! Comment pouvait-il espérer récupérer un million de dollars à une centaine de touristes, dont des enfants possédant pour seul objet de valeur des peluches !

Ma Marque commença à me démanger furieusement tandis que les preneurs d'otages commençaient à rassembler la rançon. Ils avaient fait le tour d'une dizaine de personnes terrorisées et n'avaient que mille dollars. L'évidence me frappa de plein fouet tandis que j'observais toujours le visage de la fillette. On ne rassemblerait pas le million. Ils avaient l'intention de faire un bain de sang en faisant culpabiliser les survivants toute leur vie puisqu'ils auraient pu l'empêcher. Plus mes yeux fixaient le regard désespéré et emplit de larmes de la petite fille, plus ma Marque me démangeait. Je me tournai brusquement vers mon voisin de gauche, un géant costaud mais qui n'en menait pas large et semblait autant terrifié que la plupart des otages dans le hall de l'aéroport. Mes yeux fixèrent son sweat sans manche. Avec une capuche.

- Excusez-moi, lui chuchotai-je en surveillant du coin de l'oeil la progression des terroristes, est ce que vous pourriez me passer votre sweat ?

Il me regarda avec de grands yeux apeurés et hocha vigoureusement la tête, sans chercher à comprendre pourquoi j'en avais besoin. J'enfilai le sweat qui à cause de la grande taille de mon voisin m'arrivait mi-cuisse. J'attrapai ensuite ma carte bancaire et la passai quelques instants sur l'aimant servant de fermoir à mon bracelet. Adieu ma carte bancaire ! Maintenant elle était foutue donc mon plan avait intérêt à fonctionner. Je rabattis la capuche sur mes cheveux et laissai le pouvoir s'éveiller en moi. Ce fut comme si des vagues de puissance se mirent à courir mes veines, comme si je relâchai quelque chose que j'avais retenu depuis trop longtemps. Je n'eus aucun doute quant à la couleur actuelle de mes yeux et de mes cheveux : argenté. Je me relevai lentement en mettant les mains en l'air pour faire comprendre que je ne représentais pas une menace. Quoique...

Entre-temps, les ravisseurs avaient déjà fait le tour de la moitié des otages mais avaient à peine atteints les dix-milles dollars. Je montrai ma carte bancaire, coincée entre deux de mes doigts.

- Il y a 30 000 dollars sur le compte lié à cette carte, annonçai-je. Si l'un d'entre vous a un téléphone suffisamment bien équipé, je vide l'intégralité par paiement sans contact.

Les trois assaillants qui étaient au milieu des otages se tournèrent immédiatement vers moi à la mention de la soi-disant somme sur le compte. Je vis un éclair d'avidité traverser le regard d'un des deux sous-fifres du meneur. Il s'approcha de moi et s'arrêta à moins de trois mètres de moi.

- Quelle chance on a les gars, on est tombé sur une fille à papa qui a un compte bien rempli en banque !

Le leader, lui, était un peu plus méfiant.

- Si tu essaies de nous la faire à l'envers, on te descend et juste après c'est la fille qu'on butte pour éviter qu'un autre otage nous fasse la même, me menaça t-il.

Je me contentai de hausser les épaules.

- C'est vous qui avez des armes entre les mains, pas moi, lui répliquai-je. Que voudrais-tu que je tente ?

Le leader m'observa tandis que mon visage était toujours à moitié dissimulé par la capuche du sweat. Il sortit finalement son téléphone, trafiqua quelques trucs dessus avant de le lancer à son bras-droit qui était toujours à moins de trois mètres de moi.

- Bill, fais le virement, ordonna-t-il. À la moindre tentative d'entourloupe on te descend, est ce que c'est bien clair ? M'avertit-il à nouveau.

- Absolument, lui répondis-je en le laissant entrevoir un sourire candide lorsque je tendis la carte bancaire à Bill.

Bill attrapa la carte pincée entre mes doigts et recula de quelques pas pour essayer de faire le transfert. Je laissai le pouvoir de la Sentinelle d'Argent m'envahir encore plus parce que je savais ce qui allait se passer à présent : la carte ne marcherait pas puisque je venais de la démagnétiser et on essaierait de me descendre.

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