~ Entracte 9 ~

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Raphaël ~ 20 ans

Après le manque de tact de ma sœur, je me suis retrouvé à traverser le pays pour tenter de convaincre à nouveau l'Organisation des Sentinelles. Ils ne nous avaient toujours pas donné de réponse, probablement pas rassurés par l'attitude qu'avait eu ma sœur lors de notre rencontre à Miami. Je ralai en voyant l'heure à laquelle mon avion avait atterrit, il était déjà 22h et il fallait encore que j'aille jusqu'au QG de leur Organisation. J'attrapai mon sac de voyage sur le tapis roulant et quittai l'aéroport d'un pas rapide pour rejoindre la société de location de voiture où l'une d'entres elles m'attendait.

Après avoir pesté deux heures dans les embouteillages de la ville, je quittai enfin San Francisco en direction de la zone déserte où les Sentinelles avaient installées leur QG. En roulant à une bonne allure, je devrais parvenir à y être avant 3h du matin et étais bon pour finir la nuit sur la banquette arrière puisque personne ne serait réveillé.

Et pourtant je me trompais.

Je m'engageai lentement dans l'impasse en gravier qui allait jusqu'à la maison des Sentinelles. Soudain il me sembla apercevoir des silhouettes qui bougeaient sur la route. Pourtant il me semblait que le QG était le seul point de vie sur plusieurs dizaines d'hectares aux alentours.

Je ralentis pour jauger la situation. Deux femmes donnaient l'impression de se battre et un homme se tenait discrètement à l'écart. De vagues cris parvenait jusqu'à ma voiture dont je venais d'ouvrir les fenêtres. L'homme se jeta sur l'une des femmes et la frappa violemment derrière le crâne avant de s'enfuir vers la forêt, suivi de l'autre femme.

La première s'était complètement effondrée au sol et tentait de se redresser dans un mouvement de corps incertain. Son regard fixa la fuyarde et celle-ci s'imobilisa brusquement dans sa course, comme tétanisée. Je reconnus presque immédiatement l'effet assez particulier des capacités des Sentinelles. Voyant que sa compagne s'était arrêtée, l'homme revint en arrière et acheva ce qu'il avait commencé en frappant à nouveau la fille encore au sol. Puis il disparut avec sa partenaire dans la forêt.

Je descendis de mon véhicule et me précipitai vers la fille au sol. Je fus stupéfait de reconnaître la plus jeune Sentinelle.

- Anaïs, est ce que tu m'entends ? Est ce que tu as mal quelque part ?

Je la mis sur le dos et observai ses pupilles. Leurs réactions avaient l'air normal, elle n'avait probablement pas de traumatisme crânien.

- Anaïs, je ne sais pas si tu comprends ce que je te dis mais je te ramène jusqu'au QG. Je vais te porter jusqu'à ma voiture, OK ?

Son visage n'exprima à nouveau aucune réaction. Le taré qui l'avait frappée n'y était vraiment pas allé de main morte.

Attends un peu que je te mette la main dessus et je te garantis que tu passeras un mauvais quart d'heure crétin !

Je passai mon premier bras sous sa tête puis le deuxième sous ses genoux. Elle était légère et je la soulevai sans difficulté. Son corps vint basculer contre mon torse. C'est en sentant le contact de sa peau au niveau de ses genoux contre mon bras que je pris conscience de la tenue dans laquelle elle était.

- Putain Anaïs, tu pouvais pas sortir avec un truc plus couvrant ? Grognai-je en détaillant du coin de l'oeil sa nuisette.

Je la portai jusqu'à la voiture en essayant de me concentrer sur autre chose que ses jambes nues et sa poitrine dépourvue de sous-vêtement.  Je la posai sur la banquette arrière, ce qui pour le plus grand malheur de mon self-control dévoila encore plus le haut de ses cuisses. Je claquai la portière pour ne pas faire de bêtises.

Lorsque j'arrivai au QG, la lumière était allumée à presque toutes les fenêtres et plusieurs Sentinelles se trouvaient à l'extérieur. Je coupai le moteur et sorti du véhicule pour me diriger vers l'arrière. Je sortis Anaïs de la voiture en la prenant dans mes bras.

- Qu'est qu'il s'est passé ? Me demanda Éric en se précipitant vers nous.

- Elle s'est battue avec deux autres personnes qui se sont enfuies.

La surprise se peignit sur le visage d'Éric.

- Deux ?

Je hochai la tête et me dirigeai vers l'intérieur pour allonger Anaïs quelque part. Je débouchai sur le salon après avoir franchi la porte d'entrée et me dirigeai vers le canapé pour l'y allonger. En voyant les frissons parcourir sa peau, je posai ma veste sur elle.

- Est ce que quelqu'un va m'expliquer ce qu'il se passe ici ? Demandai-je d'un ton sans appel.

Éric prit place à mes côtés sur le canapé et soupira.

- Lydie, l'une des notres, vient de s'enfuir.

- Attend, tu parles de la personne dont vous aviez déjà des soupçons sur sa fidélité ?

Il hocha la tête, dépité de la situation dans laquelle se trouvait leur Organisation, avant de m'interroger sur l'état d'Anaïs.

- Elle est seulement inconsciente, elle a pris un coup sur la tête. Quant à Lydie, c'est trop tard, elle a achevé de s'enfuir quand je suis arrivé. Vous devriez tous retourner vous coucher, je m'occupe d'Anaïs. On fera une réunion de crise demain.

- Tu as raison... D'ailleurs, qu'est ce que tu fais là Raphaël ? Me demanda Éric après s'être levé.

- Je ne pense pas vraiment que ce soit le moment idéal pour vous en parler donc la raison de ma visite attendra un peu si tu veux bien.

Éric hocha la tête avant d'informer les Sentinelles debout que l'heure était au sommeil et qu'une réunion de crise attendrait le lendemain. Cinq minutes plus tard, ils avaient tous quitté le salon, me laissant seul avec Anaïs sur le canapé.

Je vérifiai son poul et réajustait ma veste sur son corps. Je la détaillai encore un peu avant de plonger la pièce dans l'obscurité en appuyant sur l'interrupteur. Les traits de son visage donnaient une impression de détente et de sérénité... Comment se douter que cette fille venait d'affronter deux personnes et de subir de violents coups ? Plus j'en apprenais sur elle et plus elle continuait à m'impressionner.

Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'ArgentOù les histoires vivent. Découvrez maintenant