Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

~ Entracte 10 ~

Raphaël ~ 20 ans

Je quittai le QG des Sentinelles tôt dans la matinée sans avoir de réponse au comportement étrange de la jeune brune. Visiblement elle ne semblait pas disposée répondre à mes questions, j'allais devoir lui tirer les vers du nez à un moment donné. Elle pensait m'avoir dupé avec son amie mais des détails me paraissaient encore louches et je voyais clairement qu'elle me mentait ou me cachait quelque chose.

Je passai la matinée dans les bureaux de la CIA à San Francisco à faire de la paperasse pour le recrutement des Sentinelles. Ce travail administratif était barbant et occupait malheureusement une bonne partie de mon temps. Je n'étais pas entré à la CIA dans le but de remplir des papiers mais pour le travail sur le terrain, l'action, l'adrénaline. Je pataugeais  sur les dossiers, mes pensées se tournaient tout le temps vers les Sentinelles, Anaïs qui me mentait, et la Sentinelle d'Argent qui était toujours introuvable depuis son apparition à Miami à l'aéroport. J'avais pourtant mis les meilleurs informaticiens de la CIA sur son traçage à l'aide des caméras de vidéosurveillance, des portables présents dans l'aéroport et également des images tournées par les différents journalistes sur place à la fin de l'attaque mais rien. C'est comme si elle avait littéralement disparu après avoir sauté par la fenêtre. À cause de toutes ces pensées, mon travail avançait lentement. C'est avec soulagement que la pause méridienne arriva.

Malheureusement elle fut vite interrompue. Aux alentours de 14h mon téléphone professionnel sonna et je décrochai après avoir avalé une bouchée de sandwich .

- Raphaël DOMEN à l'appareil.

- Nous avons reçu un appel qui pourrait vous intéresser, il y a du grabuge en centre-ville et certains éléments font penser à une activité peu naturelle. Des témoins décrivent des plaques de glace sur la route alors qu'il fait 25 degrés en ville. De plus nous avons un appel pour un blessé qui a été transpercé par une lance au niveau du thorax mais la personne nous ayant contacté n'a pas précisé la nature de la lance. Si vous voulez envoyer une équipe je vous donne l'adresse.

L'adrénaline commença à parcourir mes veines, récemment les rares activités surnaturelles à San Francisco allaient de pair avec la présence d'une Sentinelle. Peut-être allais-je parvenir à mettre la main sur la Sentinelle d'Argent en me rendant sur place. Immédiatement après avoir reçu l'adresse, j'attrapai mon blouson et descendis au parking récupérer un véhicule après avoir prévenu mon équipe. Nous quittâmes le bâtiment sirène hurlante pour traverser la ville. Je branchai la radio sur les ondes militaires sachant qu'ils devaient être sur place et je ne fus pas déçu d'apprendre qu'un homme et une femme s'affrontaient sur la voie publique. En effet la description de la femme correspondait fort à la Sentinelle d'Argent.

Mon téléphone sonna à nouveau. Je décrochai via le Bluetooth de mon véhicule.

- Sergent GRANT à l'appareil. Je me trouve actuellement devant un affrontement pour le moins étrange entre une femme et un homme. Ce dernier est collé au mur par une bourrasque que semble contrôler la femme. Bref, pour l'instant nous les avons tous les deux en joue mais la femme dit bosser pour vous. Elle se fait appeler la Sentinelle d'Argent. Je fais quoi moi ?

- Ne la laissez surtout pas partir ! M'exclamai je. Je suis en route, j'ai été prévenu par la plateforme d'appels d'urgence. Je suis là dans moins de cinq minutes. Merci Sergent GRANT.

Il raccrocha après avoir grommelé quelque chose qui ressemblait fort à un «tous des rabats joies à la CIA» mais j'étais trop excité à l'idée de mettre la main sur ma Sentinelle pour lui en tenir rigueur.

Je ne fus pas déçu une fois sur place, elle dégageait cette aura écrasante de puissance. Elle me défia verbalement ce qui n'était pas pour me déplaire après m'être ennuyé toute la matinée sur de la paperasse inutile. Après avoir été débarrassé du rigolo qui avait pensé dominer la situation face à elle, je l'entraînai dans la petite boutique où avait commencé l'attaque au vu des dégâts. Quand elle fût rentrée, je verrouillai la porte et me plaçai devant pour bloquer l'issue. Son regard argenté me fixa sans retenue, attendant que je prenne la parole. Je profitai de l'avoir réellement devant moi et non sur un écran pour la détailler du regard. Elle portait une robe en daim qui épousait ses formes qui me semblaient familières jusque mi-cuisse et décorée de quelques franges au niveau des manches. Si j'en croyais le mannequin déshabillé un peu plus loin, la robe venait de la boutique. Un indice qui pourrait m'aider. Un cristal reposait en évidence sur sa poitrine en émettant une douce lueur argenté. Elle commença à rougir sous mon regard scrutateur et se racla la gorge.

- Qui êtes vous ? Lui demandai-je simplement.

Elle ouvrit la bouche pour me répondre mais aucun son n'en sortit pendant plusieurs secondes.

- La Sentinelle d'Argent, fini t'elle par dire.

- Vous savez que ce n'est pas la réponse que j'attend. Je veux une identité, un nom, un prénom...

Je m'approchai d'un pas souple d'elle alors qu'elle perdait peu à peu contenance.

- Alors ?

Elle déglutit nerveusement, ma proximité semblait la gêner ce qui pouvait jouer en ma faveur. Je fis un pas de plus vers elle, réduisant la distance qui nous séparait à seulement une dizaine de centimètres.

- Je peux juste vous dire que je ne vous poserai pas de problème, je suis là pour protéger les autres Sentinelles et mettre fin aux séries de catastrophes causées par ceux qui nous pourchassent.

- Vous vous battez sur la voie publique, vous avez de la chance d'être tombée sur moi qui connais votre Organisation. Un autre n'aurait pas chercher à comprendre et vous aurez aussi coffrée. Alors vous comprenez que je ne peux pas vous laisser partir comme ça.

Un soupir lui échappa alors que ses yeux me fixaient. Elle chancelait légèrement, son combat semblait l'avoir épuisée plus qu'il n'y paraissait.

- Raphaël, ne complique pas les choses s'il te plait, je n'ai pas besoin de ça en plus de tous les autres problèmes.

Ma mâchoire manqua de se décrocher en l'entendant m'appeler par mon prénom et me tutoyer. Elle me connaissait. Mais le temps que je me ressaisisse, elle disparaissait derrière le rideau de l'arrière boutique, me lassant seul avec encore plus d'interrogations à son sujet et pas beaucoup plus d'indices sur son identité. Pourtant une idée faisait son chemin dans mon cerveau.

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