Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 54 - Rendez-vous

Natacha slalomait à reculons dans les couloirs du lycée en nous faisant la conversation. On aurait presque pu croire qu'elle avait des yeux dans le dos... Elle s'arrêta devant la salle de son prochain cours et nous adressa un dernier signe de main avant d'y entrer. Je continuai avec Lily jusqu'à l'escalier.

- À tout à l'heure ! S'exclama Lily en commençant à gravir les marches tandis que je descendais au sous sol.

Au fur et à mesure du trajet, je fus rejoint par d'autres lycéens de ma classe d'informatique. Sébastien, un élève plutôt doué mais qui ne parvenait toujours pas à me surpasser, me sauta presque dessus, ce qui créa probablement un sentiment de panique à ses lunettes qui se retrouvèrent en équilibre précaire au sommet de son crâne au milieu de ses boucles brunes.

- Je te défie aujourd'hui Anaïs ! Je me suis entraîné comme un malade pendant les vacances pour faire mieux que toi !

- Ça je m'en doute... T'as vu la taille de tes cernes ? Elles mangent presque la moitié de tes joues ! Rigolai-je. Tu sais, tu ne devrais pas mettre ta santé en danger juste pour faire mieux que moi, tu es déjà très doué Seb.

Son visage prit une expression étonnée et je soupirai avant de m'expliquer.

- J'ai eu un pressentiment hier soir et j'ai regardé ton activité informatique pendant les vacances... Tu es en moyenne à 16h par jour ! Tu te rends compte de ce que ça représente Seb ?

Sa mine se fit plus sombre et il se justifia en m'expliquant que c'était le seul domaine où il avait peut-être un avenir. Le fait que je sois meilleure que lui, lui faisait prendre conscience qu'il y avait probablement encore beaucoup de personnes plus performantes et le déprimait. Certaines personnes se mettent parfois trop la pression...

Nous nous installâmes derrière nos écrans dans la salle informatique et je perchai mes lunettes anti lumière bleue sur mon nez pendant que mon ordinateur démarrait. Très vite la salle fut emplie des seuls bruits des doigts qui courraient sur les claviers pour écrire les programmes, ce son m'avait presque manqué.

Je ne fis même pas attention à la personne qui entra dans la salle une heure plus tard et alla s'entretenir avec notre professeur. Je réalisai que nous avions un visiteur seulement quand une main se posa sur ma table.
Je quittai mon écran des yeux pour lever mon regard qui rencontra deux yeux gris. Je retirai mes lunettes et me levai.

- Bonjour Anaïs, je vous la kidnappe cinq minutes, indiqua t'il à M ROUBLIX.

Je suivis Raphaël jusque dans le couloir. Je m'adossai au mur et croisai mes bras sous ma poitrine en attendant ses explications. Il commença à tourner en rond, pas totalement à l'aise.

- Surtout ne t'emballe pas trop, c'est peut-être juste une fausse piste mais j'ai localisé une tribu qui pourrait correspondre à celle de ta mère. J'ai réussis à entrer en contact avec l'homme qui avait servi de guide à ton père à chacun de ses voyages. Le seul problème c'est qu'à aucun moment il n'a vu l'emplacement exact de la tribu parce que ton père le congédiait avant. Cet endroit est au beau milieu d'un territoire reconnu pour appartenir à une tribu effrayant suffisamment les autres pour que personne ne tente de pénétrer sur leurs terres. Les images de ses membres sont extrêmement rares, j'en ai trouvées seulement trois.

Je coupai Raphaël parce qu'il s'était emballé et j'avais un peu de mal à suivre. De plus, les cinq minutes étaient écoulées.

- Raphaël, je pense que le mieux ça serait qu'on en parle ailleurs un peu plus tard. Là je suis seulement à moitié concentrée : la moitié de mon cerveau réfléchit encore à mon programme info. Je finis à 16h donc tu me signe. D'accord ?

Il hocha la tête tandis que je décollai mon dos du mur.

- Je te tiens au courant p'tit cristal ! S'exclama t'il en s'éloignant alors que j'étais sur le point d'ouvrir la porte de la salle.

Encore ce surnom ! Ça ne va tout de même pas devenir une habitude ?

Je repris ma place derrière mon écran et me remis au travail en faisant abstraction des informations qu'il venait de me donner.

*

Plongée dans mes pensées, je sursautai quand Natacha m'attrapa le bras à la sortie du bâtiment.

- Tu viens avec nous en ville ? Me demanda t'elle.

- Je sais pas, je vérifie un truc d'abord.

À ces mots, je sortis mon téléphone portable que je rallumai. J'avais un message non lu datant de pendant mes heures de cours.

"Rendez vous au Dragon's Gate quand tu as fini les cours.

On ira dans mon bureau où j'ai stocké toutes mes recherches.

Préviens moi quand tu auras ce message."

- Désolée les filles, ça sera pour demain, je dois voir quelqu'un aujourd'hui, leur annonçai je en répondant à Raphaël. Mais profitez en !

Elles me saluèrent quand nos chemins se séparèrent et je pris le bus pour rejoindre le Dragon's Gate. Mon téléphone vibra dans la poche de ma veste en jean et je lus le message.

"Je t'attendrai sous l'arche, normalement tu ne me rateras pas ! J'espère que tu as tes papiers d'identité avec toi sinon tu ne pourras pas rentrer, procédure obligatoire."

Je rigolai du côté un peu formel de Raphaël et ne pus résister à la tentation de lui faire une blague.

"J'espère qu'on peut faire rentrer les armes sinon je risque d'avoir un problème."

La réponse fusa :

"Quoi ? Tu as une arme avec toi ? Je te signale qu'on va entrer dans un bâtiment du gouvernement Anaïs !"

"Bien sûr que j'ai une arme : moi-même. Je te rappelle que les militaires me considèrent comme un danger"

"Tu vas devoir progresser niveau humour parce qu'on frôle les pâquerettes. Et quand tu seras officiellement reconnue comme un agent du Département des activités Surnaturelles de la CIA, ça ira mieux avec l'armée"

Le bus s'arrêta à la bonne station et je descendis après avoir glissé mon téléphone dans ma poche. J'avais encore au moins cinq minutes de marche pour rejoindre le point de rendez-vous fixé par l'agent de la CIA aux yeux gris.

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