Puis Amélie quitta les toilettes et me laissa seule face à mes doutes. Que venait-il de se passer ? Je glissai la lettre dans la poche de mon pantalon et quittai à mon tour les toilettes pour rejoindre Zita, Sheila, Yoann et Robin à notre table.- Alors ? Me demanda celui-ci.
- On aura des réponses à la fin du repas.
Nous finîmes le repas en parlant des différentes universités de Californie, tant sur les aspects sportifs que éducatifs, même si Yoann et Robin étaient plutôt à fond sur les résultats des équipes sportives. Je ne me mêlai pas trop à la conversation, préoccupée par le bout de papier rangé dans la poche de mon jean.
Enfin, nous quittâmes le restaurant. Au premier cercle de lumière projeté sur le sol par un réverbère, je m'arrêtai et sortis la lettre de ma poche. Les autres s'arrêtèrent aussi en me voyant m'immobiliser. Je dépliai lentement la lettre, appréhendant ce que j'allais pouvoir y lire. Et mes craintes ne furent pas déçues, loin de là. Même dans mes pires cauchemars je n'aurais jamais imaginé lire ce que j'avais lu dès les premières lignes. Je ne finis pas ma lecture et fourrai rageusement la lettre dans ma poche.
- On se rejoint à l'hôtel, annonçai-je en partant en courant en direction de celui-ci.
Mes converses percutaient régulièrement le sol mouillé tandis que je me rapprochai, mètre après mètre, de notre hôtel. Je laissai l'effort physique effacer mes pensées et mes troubles le temps de quelques minutes. J'arrivai enfin devant celui-ci, légèrement essoufflée. Je pénétrai d'un pas rapide dans le hall et me dirigeai vers la porte du restaurant dans le fond. Je n'eus pas besoin de parcourir toute la distance qui m'en séparait que Lydie, Milla, Éric, Sarah et Raphaël en sortirent.
- Anaïs, où sont les autres ? Me demanda Éric d'un ton sec en m'apercevant.
Visiblement, il n'avait pas apprécié notre petite escapade en ville pour le dîner, mais c'était le dernier de mes problèmes à ce moment-là. Je regardai la petite femme à ses côtés et sentis ma colère ressurgir en croisant le regard presque doré de Milla.
- Est-ce que tu connais ma mère ? Lui demandai-je en essayant de contenir ma rage.
- Bien sûr, c'était quand même la compagne de mon neveu. Et tu t'en es bien rendue compte l'autre soir, me répondit-elle.
Ma colère fut progressivement chassée par une vague de tristesse.
- Milla, je ne te parle pas de ta fille qui s'est fait passer pour ma mère depuis toutes ces années, je te parle de ma vraie mère, ma mère biologique.
La stupeur traversa les yeux marrons doré de Milla et sa bouche s'ouvrit d'étonnement.
- Quand tu te sentiras prête, tu viendras me dire la vérité, murmurai-je en sentant les larmes me monter aux yeux.
Tandis que je me dirigeais vers l'ascenseur, j'entendis des bruits de pas derrière moi, signe que Sheila et le reste de la bande étaient rentrés eux aussi à l'hôtel. Je passai par ma chambre pour prendre un pull que j'enfilai en me rendant sur le toit de l'hôtel. L'espace était aménagé avec une piscine, des parasols et des transats. Je m'appuyai à la balustrade au bord du vide et laissai libre court à mes larmes. Je sortis la lettre de mon jean et la serrai dans mon poing. Je refusai d'y croire et pourtant l'expression de Milla avait confirmé mes doutes. J'enfouis ma tête dans mes mains, je ne souhaitais qu'une chose : me réveiller dans mon lit et que tout depuis l'Initiation ne soit qu'un simple rêve. Parce que tout avait commencé à aller de travers depuis cette nuit-là. Je perçus un bruit de pas derrière moi et je jetai un coup d'œil au-dessus de mon épaule.
- Ah, c'est toi... murmurai-je avant de me retourner pour fixer à nouveau les lumières de la ville.
Robin s'accouda à la balustrade à côté de moi.
- Ça va ? Me demanda-t-il simplement.
- Sincèrement, non. Ma vie est en train de s'effondrer.
- Tu veux en parler ?
Je haussai les épaules tandis que je sentais le regard vert de Robin sur moi. Je n'étais pas sûre d'être prête à me livrer à ce point à quelqu'un que je connaissais encore à peine. J'essuyai les larmes qui dévalaient toujours mes joues. Robin s'approcha de moi et me prit dans ses bras pour la deuxième fois de la soirée.
- Quoi que ce soit, ça ne vaut pas toutes ces larmes Anaïs, murmura-t-il, le menton calé au-dessus de ma tête.
J'essuyai à nouveau mes larmes et tentai de retenir les suivantes mais mon reniflement n'échappa à Robin qui essaya de me faire rire.
- Sarah nous a fait une crise parce qu'on avait posé un lapin à son rendez-vous. On aurait vraiment dit un dragon enragé et Zita a eu le culot de lui dire.
Un petit rire m'échappa en imaginant la tête qu'avait du faire Sarah à la moquerie de Zita tandis qu'un sourire satisfait apparaissait sur les lèvres de Robin. Quelques minutes plus tard mes larmes avaient complètement cessé de dévaler mes joues au plus grand plaisir de Robin.
- Tu vois, ça ne vaut pas le coup que tu pleures.
Je hochai à la tête en lui adressant un sourire de remerciements. Ensuite je desserrai mon poing dans lequel la lettre donnée par Amélie était à présent froissée. Je soupirai, il était temps que j'en achève la lecture, passé le choc des premières lignes.
- Est-ce que tu pourrais me laisser seule ? Murmurai-je à Robin, toujours contre moi.
- Bien sûr, murmura-t-il à son tour. Si tu as besoin de quoi que soit, je suis disponible.
- Merci... pour tout Robin.
- Tout le plaisir était pour moi, répondit-il en déposant furtivement un baiser sur ma tempe.
Ses bras autour de mon corps se desserrèrent avant d'entièrement me libérer en me laissant une sensation de froid et de vide. J'entendis ses pas s'éloigner et la porte donnant sur l'escalier se refermer. À présent, j'étais seule dans la nuit de Miami face à cette lettre.
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Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent
ParanormalMa vie de lycéenne normale a basculé du jour au lendemain, lorsque je suis devenue une Sentinelle, membre d'une organisation secrète luttant pour la protection de sept artéfacts. Chacun de ces objets permet à chaque Sentinelle d'avoir un pouvoir qui...