Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 55 - Le Brésil

Les trois toits verts du Dragon's Gate étaient en vue et j'accélérai légèrement la cadence pour ne pas trop faire attendre Raphaël. Un léger vent fit s'envoler mes cheveux et secoua les lampions rouges sous le toit au-dessus de ma tête. Je repérai rapidement le blond qui m'attendait appuyé contre l'une des colonnes de pierre du monument, lunettes de soleil sur le nez. Il ne m'avait pas encore vue et j'en profitai pour le détailler. Une chemise bleue claire était tendue sur son torse, les manches remontées jusqu'aux coudes, et il portait ce qui devait être un pantalon de costume bleu marine. Habillé de cette façon, il donnait l'impression d'être plus âgé ce qui le rendait plus intimidant à mes yeux. Pendant que je me faisais cette réflexion, mon regard remonta vers son visage et je me rendis compte qu'il était tourné dans ma direction et qu'un léger sourire narquois flottait sur ses lèvres.

T'es grillée ma vieille !

Je détournai rapidement le regard en sachant qu'il m'avait tout de même vue le détailler. Heureusement il ne fit aucun commentaire sur mon observation parce que je crois que dans le cas contraire mes joues auraient rougi de honte.

Nous marchâmes pendant plus d'une demi-heure dans les rues de San Francisco avant de s'arrêter devant un immeuble en verre d'une vingtaine d'étages. Le soleil se reflétait sur sa façade, m'éblouissant légèrement. J'entrai dans le hall moderne et lumineux à la suite de Raphaël. Aucun détail ne laissait supposer que nous étions dans des locaux de la CIA, peut-être par soucis de rester discret. Le jeune qui m'accompagnait se présenta devant un portique de sécurité où il montra une carte à l'un des deux agents de sécurité. S'en suivit une fouille en règle avant de le laisser accéder à l'arrière du hall. Il me fit signe de m'avancer jusqu'aux deux agents. L'un me demanda ma carte d'identité que je lui présentai. Ma fouille fut plus approfondie que celle de Raphaël : on me fit quitter veste, chaussures et chaussettes de sorte que je me retrouvai seulement en petite robe printanière en plein dans le hall, puis on me passa au détecteur de métaux, aux tests de poudre à explosifs et enfin j'eus droit au palpage en règle. On me laissa ensuite rejoindre Raphaël.

On se dirigea vers un des ascenseurs et il appuya sur le bouton d'appel tandis que je tenais encore mes chaussures à la main. Quelques secondes plus tard nous étions à l'intérieur de l'ascenseur, en route pour le seizième étage et j'en profitai pour me rechausser.

Quelques minutes plus tard, Raphaël me fit entrer dans son bureau provisoire le temps de son séjour chez nous. Un mur entier était constitué de baies vitrées donnant sur le golden gate dont on reconnaissait facilement la forme rouge entre les deux rives. Sur le mur à ma droite était accrochée une grande carte du Brésil, aussi haute que moi. Raphaël passa plus d'une heure à me résumer les zones sur lesquelles il avait eu des infos et qu'on pouvait soit éliminer soit garder car intéressantes. Donc après cette heure, des punaises à tête ronde de couleur jaune ou rouge selon leur signification couvraient une partie de l'Amazonie. Une zone commençait à se dessiner, d'une centaine de kilomètres carrés.

Raphaël se laissa tomber dans un fauteuil, donnant presque l'impression d'être dépité.

- Pour l'instant, je n'ai pas plus précis que cette zone et si on doit la ratisser entièrement ça peut nous prendre des années.

Je m'appuyai contre le bureau en verre et croisai les bras en réfléchissant. Ma mère avait clairement fait comprendre que j'avais les moyens de la retrouver, au cimetière Lord Godefroy m'avait fait comprendre la même chose.

Alors où elle est cette carte ?

Je soufflai et regardai l'heure à ma montre. Il était déjà plus de 19h, heureusement que j'avais prévenu ma mère - adoptive évidemment - que je rentrerai probablement tard. Le soleil descendait lentement sur l'horizon conférant des nuances orangées à la pièce où nous étions et on pouvait apercevoir sa course depuis les grandes baies vitrées.