Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

~ Entracte 3 ~

Éric ~ 45 ans

Anaïs était la dernière à s'élancer sur le parcours. Je fus surpris de voir ses réflexes et son agilité et l'observai survoler les différents obstacles. Sa façon de se mouvoir avec légèreté et précision laissait transparaître la pratique d'un sport similaire. Je penchai rapidement pour la gym en la voyant exécuter quelques figures typiques du cheval. Mes soupçons furent confirmé en la voyant se hisser à la corde, parcourir la poutre pour enfin se jeter sur une branche et se comporter comme sur des barres parallèles. Anaïs avait sûrement fait de la gymnastique, voire pratiquait encore cette discipline. J'annonçai son temps, presque pas surpris de le découvrir inférieur au mien.

Je regardai à nouveau mon chronomètre, plutôt impressionné par sa performance. Malgré les difficultés qu'elle allait rencontrer sur le plan surnaturel, elle pouvait se révéler un très bon atout pour nous sur les critères physiques. Les autres la félicitèrent sans réellement prendre mesure de l'acte qu'elle venait d'accomplir. Je ne voudrais pas me venter mais j'avais toujours veillé à garder une santé de fer et maintenir une forme d'enfer mais malgré des années de préparation et de maintien en forme, cette adolescente et presque adulte venait de faire mieux.

Tandis qu'elle s'approchait des autres jeunes qui venaient la congratuler j'observai attentivement sa démarche. Elle avait un je ne sais quoi de gymnaste dans la façon de faire rouler les muscles de ses jambes, ce qui confirmait l'impression que j'avais eu en l'observant sur le parcours. Elle avait acquis des réflexes propres aux gymnastes, ce que les autres seraient incapables de faire avant un long entraînement. Je ne pensais pas réellement les dispenser parce que je ne pensais pas que quelqu'un ferait mieux que moi mais je devais avouer que sur ce coup là, ils m'avaient bien eut !

Lentement nous regagnâmes le quartier général. Il me fallut plusieurs minutes pour parvenir à mettre la main sur Milla.

- Dis-moi Milla, tu sais ce que pratique Anaïs comme sport ?

Elle leva la tête vers moi, assise dans le bureau du dernier étage à vérifier les comptes de l'Organisation.

- Elle a fait de la gymnastique quand elle était un peu plus jeune et Cindy m'a parlé de cheerleading quand elle est entrée au lycée. Pourquoi cette question ?

- Parce que ça se voit dans sa façon de se déplacer, et elle a acquis de meilleurs réflexes que les autres. Elle sera moins difficile à former et en plus elle pourra être un véritable atout sur le plan physique.

Un silence s'installa tandis que Milla digérait les informations que je lui avais données.

- Tu as été recontactée par Raphaël ? Lui demandai-je en m'installant dans un fauteuil en face du bureau où elle était assise.

- Oui. Ils veulent profiter de notre voyage à Miami pour rencontrer les jeunes Sentinelles.

Le silence s'installa à nouveau quelques instants avant de le briser.

- Dire qu'on a passé des siècles sans qu'ils ne nous mettent la main dessus et qu'il a suffit d'un incident pour se faire pincer.

- On aurait dû se douter qu'il y avait des caméras dans le centre commercial...

- Ça devait finir par arriver, le rythme avait accéléré ces derniers temps... Combien de fois a t'on changé de QG ces sept dernières années ?

- 20 fois, j'ai recompté tout à l'heure en regardant les comptes. Ça commençait à faire beaucoup et finalement on est revenu aux sources.

- Tu penses qu'ils vont vraiment nous laisser le choix ?

Elle haussa les épaules, elle aussi peu convaincue de cette possibilité.

- Je ne sais pas, on verra bien comment ça se passera...

Walter entra dans le bureau après avoir toqué à la porte puis il s'installa dans le deuxième fauteuil, à côté du mien.

- Comment s'est passé le parcours d'obstacles ? Demanda t'il en voyant qu'aucun de nous deux ne reprenait la conversation.

- Plutôt bien. Anaïs révèle un vrai potentiel sur les capacités physiques et le niveau des autres est tout à fait acceptable.

- Dommage qu'elle ait quelques difficultés du côté des pouvoirs, répondit Walter.

Quelqu'un frappa à nouveau à la porte et Walter répondit d'un cri d'entrer. Olga et Denise pénétrèrent à leur tour dans la pièce où on commençait à se sentir à l'étroit.

- Éric il va falloir m'expliquer pourquoi je ne peux pas faire de cours cet après-midi... rigola Olga. Parce qu'ils m'ont raconté que vous aviez fait une sorte de pari mais que tu l'avais perdu.

Denise me regarda étonnée avant de lâcher un rire.

- Tu as perdu contre cette bande de jeunes ? Toi, notre meilleur élément ? Est ce qu'au moins c'est ton fils qui a fait mieux ?

- Non, c'est Anaïs, répondit Milla avant que je n'ai le temps d'ouvrir la bouche.

Denise et Olga éclatèrent de rire et Olga s'approcha de mon fauteuil pour venir se placer derrière moi. Elle posa ses mains sur mes épaules et commença à les masser.

- Alors, qu'est ce qui t'arrives ? C'est enfin le contrecoup de la quarantaine ? Se moqua t'elle.

Je retirai ses mains de mes épaules.

- Tu veux vraiment qu'on parle de ton contrecoup de la quarantaine ? Répliquai-je.

- J'ai l'impression que vous avez toujours 20 ans, soupira Walter en s'enfonçant plus confortablement dans son siège.

- Et ça ressemble à une réunion, ajouta Denise en s'installant à son tour dans un fauteuil, le dernier.

- Une réunion improvisée. Vous vous souvenez de la réunion qu'on avait faîte à 4h du matin quand on a quitté le QG de Chicago pour le fin fond des Rocheuses ? Demanda Olga en posant ses fesses sur le bord du bureau.

- On s'était tous levé à la même heure sans le savoir, rigola Milla en repassant ses souvenirs.

- Et c'est Teddy qui nous avait préparé des pancakes de minuit comme il les appelait... ajoutai-je.

- On était soudé comme les doigts de la main, murmura Milla.

- Et on l'est toujours, même si nous ne sommes plus que cinq, ajouta Olga en lui tendant la main.

Milla la saisit avant de tendre sa deuxième main vers Denise. J'attrapai la deuxième main que Olga me tendait tout en saisissant de la gauche celle de Walter. Enfin, Walter et Denise se saisirent la main, fermant notre cercle. Quelques soient les circonstances, les Sentinelles étaient toujours unies.