Les Sentinelles 1 - La Sentinelle D'Argent

Chapitre 20 - Le grand plongeon

Je marchai en compagnie de Robin et nous nous dirigions  vers la plage où nous avions décider de rejoindre Sheila et Yoann. Nous venions de prendre un petit-déjeuner tous ensemble dans un café français juste à la sortie de l'aéroport. Les français ont vraiment un don pour les pâtisseries et les viennoiseries ! On est bien loin de nos cupcakes gras, trop colorés et... pas appétissants en bref.

Tout à coup, Robin me saisit la main et je sentis mes joues commencer à se colorer mais il tira brusquement et avec force sur mon bras. Et je compris vite pourquoi. Une voiture passa en trombe juste devant moi, sur un espace normalement réservé uniquement aux piétons. La voiture poursuivit sa course, effrayant d'autres piétons un peu plus loin, mais Robin ne lâcha pas ma main pour autant. Nos pieds nus foulaient à présent le sable déjà chaud malgré l'heure encore matinale.

J'aperçus Yoann et Sheila, au bord de la plage avec de l'eau jusqu'aux chevilles, et nous nous rapprochâmes d'eux. Tandis que je m'apprêtai à interpeller Sheila, ils s'enlacèrent et Yoann déposa ses lèvres délicatement sur celles de Sheila. Nous nous arrêtâmes immédiatement de marcher puis, après avoir finalement déposé nos affaires avec les leurs, nous rejoignîmes l'océan à quelques mètres d'eux pour leur laisser un peu d'intimité. J'avais à peine mis les pieds dans l'eau que Robin, avec de l'eau déjà jusqu'au nombril, m'éclaboussa me trouvant trop lente à me mouiller. J'immergeai donc entièrement mon corps pour stopper l'arrosage dont j'étais victime. Robin, frustré de ne pouvoir se livrer à son petit jeu, croisa les bras sur son torse et prit un air boudeur.

Des hommes, tous vêtus de short de bain noir, se redressèrent dans l'eau autour de nous d'un même mouvement et j'aperçus le David de l'avion parmi eux. Des gouttes d'eau perlaient de ses cheveux. Encore une fois nous étions attaqués par la secte des Corbeaux, partout où nous étions, ils ne nous laissaient aucun répit : l'Initiation, le centre commercial, mon lycée et maintenant ici, pourtant à l'autre bout du pays...

- Oh non ! Fit Robin juste à côté de moi. Cette fois il va falloir se battre, ils nous ont encerclés...

Je hochai la tête. Un des hommes se jeta sur moi et me percuta violemment avec son épaule et je m'agrippai à son corps. Il continua son chemin, m'entrainant avec lui sur une dizaine de mètres avant que je ne le lâche. Je m'écroulai dans l'eau sans une once d'élégance. L'homme s'approcha de moi. Il était terriblement grand, au minimum dans les deux mètres, et sa musculature était vraiment impressionnante. J'inspirai et soufflai calmement, Olga nous avait toujours conseillé pendant nos entraînements de rester maître de soi. Je fis le vide dans ma tête et lorsque l'homme voulut me frapper, je saisis son bras et lui tordis le poignet. Il grimaça et tenta de se dégager mais je le retenais fermement sous mon bras. Je lui donnai un coup de genou dans le ventre, lui coupant le souffle, et le lâchai, le laissant ainsi s'effondrer dans l'eau salée en cherchant son souffle. Déjà un de moins, c'est toujours ça de fait.

Je me retournai et fis rapidement le point sur notre situation. Robin se battait au corps à corps avec un homme du même gabarit, et je n'avais aucun doute sur ses capacités à pouvoir se sortir de ce duel vainqueur. Quant à Sheila et Yoann, ils se battaient ensemble contre pas moins de trois ennemis et se défendaient plus que bien. D'ailleurs, un homme gisait déjà à leurs pieds, inconscient. La situation n'était pas vraiment rassurante mais pas non plus complètement alarmante malgré notre nette infériorité numérique. D'autres Corbeaux arrivaient de la plage, mêlés aux touristes. Les baigneurs autour de nous n'avaient pas l'air de comprendre ce qui était en train de se passer.

Soudain, alors que je m'approchais de mes alliés pour leur prêter main forte, on me poussa brutalement vers le large et avant que je ne sois parvenue à identifier mon agresseur, celui-ci me saisit au cou et plongea sauvagement ma tête son l'eau. Je tentai de me dégager en vain : ma tête restait obstinément sous la surface, maintenue par une poigne de fer et m'empêchant d'accéder à une goulée d'air salvatrice. Je manquais d'air et des points noirs commencèrent à danser devant mes yeux.

Ouvre les yeux Anaïs, ressaisis-toi !

La voix résonna dans ma tête, de la même façon que le soir de l'Initiation. Mais il ne s'agissait pas de la même, elle était douce et fluide.

Ce n'est pas le moment d'abandonner ni de mourir, montre lui que tu es plus forte! Ouvre les yeux!

Je finis par obéir et ouvris péniblement les yeux. Une petite créature nageait dans l'eau au niveau de mon visage. Elle était bleue et pas plus grosse que la paume de ma main. Ses yeux étaient sombres comme les profondeurs abyssales de l'océan mais pétillaient de vivacité. La créature cligna de ses immenses yeux et sa bouche s'étira en un sourire sincère.

Enchanté Anaïs, je suis Maphillus, l'esprit lié à la Larme, l'artefact de l'eau!

J'observai Maphillus, comme hypnotisée par sa grâce. Cette petite créature avait en guise de bras de longues nageoires. Une sorte de joyau se trouvait sur sa poitrine, peut-être un saphir au vu de sa couleur bleue intense. Une délicate et fine nageoire, d'une couleur bleutée-violette avec quelques reflets roses, partait du milieu de son front et bougeait au grès du courant marin.

Anaïs,ressaisis toi au lieu de me fixer comme ça!

Je clignai plusieurs fois des yeux. Je ne savais pas depuis combien de temps je n'avais pas respiré d'air mais je commençais à me sentir partir, je n'y voyais presque plus rien. Alors c'est comme ça que toute cette aventure allait se finir ? Noyée au beau milieu de centaines de touristes, sans que personne ne m'aide ? Incapable de me servir des pouvoirs qui m'étaient venus au lycée ? Eh ben la vie est sacrément injuste.

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