Skin vs Sweet Poison - let's rock !

Chapitre 28 : Préfixes et Romantisme

Lundi 15 septembre 8h 12
GWENDAL - bassiste de SKIN

    Je m'assois à ma place habituelle  - contre le mur - et balance mon sac sur la table face à moi, sans le moindre entrain pour le cours qui m'attend.

 — Gwendal ! 

     Cette voix. De ce genre criard, insupportable en temps normal, insoutenable un lundi matin. Et droit dans le mille : Émilie. Déjà qu'une heure et demi de français pour commencer la semaine doit être passible d'un avertissement de l'ONU pour usage de torture, si en prime, la pétasse vient y mettre son grain de sel...

 — Pas trop réveillé ce matin, on dirait... En même temps l'after de samedi devait être animé !

     Elle roule des yeux complices et se mord les lèvres comme si elle avait elle-même assisté à une scène d'orgie entre Sweet et nous, ou quoi que ce soit d'autre du même acabit. Je l'ignore royalement.
    Ce qui ne l'empêche pas de s'asseoir sur la chaise voisine.

 — C'est la place de Nacim, lui signalé-je d'un ton neutre.

 — Pour ce matin, il se mettra à côté de Clémence.

 — On est sous la cinquième République Émilie. Tu n'es pas Madame la Présidente donc ce n'est pas à toi de décider où Nacim pose son derrière dans cette salle.

 — Mais j'ai quand même le droit de décider que je mets le mien ici, mister Genêt.

    Je ne peux m'opposer. Vide juridique sur la place qu'Émilie peut occuper ou non au lycée Victor Hugo.
    Su-per. Ma semaine commence si bien.

 — Rest in my arms.

 — Pardon ?

    Voilà qu'elle parle anglais maintenant.

 — C'est l'un de vos titres non ?

 — Ah... oui effectivement. Toutes mes félicitations pour en avoir retenu un.

    (C'était sarcastique. )
    Elle rit en agitant ses ongles rose bonbon dans un geste tout sauf naturel.

 — Ouh mais c'est qu'on est bien grognon, ce matin !

    Elle imite un enfant boudeur. Bon sang qu'elle me fait chier.

    Pour des raisons de contexte, je me dois de préciser que : le cours a commencé, nous étudions un extrait de Les Misérables de Victor Hugo et Nacim s'est assis à côté de la plantureuse Clémence comme l'avait prédit ma charmante voisine. Je vais balancer son infidélité à Claire, sa petite amie par correspondance, ça lui apprendra à me laisser avec la brune insupportable.

    Brune insupportable qui me laisse d'ailleurs quelques minutes de répit. J'imagine qu'il faut bien qu'elle fasse semblant de prendre des notes sur Cosette¹ si elle veut son bac. Malheureusement cela ne dure pas.

 — J'avais demandé à... merde c'est quoi son nom ? On s'en fiche ! Bref, à ton batteur de te transmettre que je vous avais trouvés très bien sur scène.

    Elle a demandé à Hadrien de se transformer en facteur ? Sérieusement ? Rien que pour le regard dédaigneux qu'il a dû lui rendre, elle mérite presque ma compassion.

 — C'est Hadrien son prénom. Et merci.

 — Ah oui c'est ça Hadrien ! Il était au collège non ?

    Le cerveau d'Émilie pourrait donc contenir plusieurs informations ?

 — Ouais. Mais il est dans un lycée privé, pas ici.