Jusqu'à ce que la mort nous sépare - Partie 82

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La femme aux lèvres rouges se tait. 

Elle a le même regard que Jane toute à l'heure : emplie de peurs. 

Mes lèvres se serrent pour retenir mes sanglots. J'ai le ventre tordu par la peur...par leur peur. Je la ressent tellement que ma lèvre inférieur se met à trembler. 

J'entrouvre ma bouche pour appeler Jin de nouveau mais aucun son ne sort. Merde. Je suis tétanisé!

Jin semble perdre peu à peu ses forces. Ses yeux ne me regarde même plus. Il observe le mur derrière moi, le regard vide. Son torse ne se soulève presque plus... Je m'approche de son visage et pose mon nez sur son front. Sa peau est...froide. De pas beaucoup de degrés en dessous de la moyenne je pense, mais bien assez pour que je remarque que sa température n'est pas la même que d'habitude. 

Il va...mourir ? Maintenant ? Alors qu'on a encore rien vécu ? Alors qu'on a jamais habité ensemble ? Alors que je n'ai jamais entendu le son de sa voix... ? 

Je fond lentement en larme et murmure comme je peux :
-Jin...meurt pas s'il te plaît...j'ai besoin de toi !

Ce silence...sa respiration s'est arrêtée! 

Sa main dans la mienne glisse doucement. Alors je ressers mon étreinte et l'appelle en vain :
-Jin !
Je crois que sa mère vérifie son pouls près de mon visage. 

J'ai tellement peur d'entendre ce qu'elle va dire que je ferme les yeux. Comme pour espérer me réveiller de ce cauchemar. 

Mais ce n'est pas une sonnerie agaçante qui me fait ouvrir les yeux, mais la voix de Jane qui me dit :
-Nam, lève toi. Il n'a plus de pouls, il faut lui faire un massage cardiaque maintenant ou on aura jamais l'espoir de le voir de se relever de nouveau.
Ses mots crus et sanglants me compressent un peu plus le cœur. Rose, sûrement aussi surprise que moi par son ton chuchote :
-Jane...
Je me redresse. Elle a raison de me le dire comme ça. Et puis c'est son garçon...elle a aucune envie de le perdre. 

Dès que je me suis relevé, Jane commence le massage cardiaque. Je crois que je réalise pas encore bien ce qu'il se passe. 

J'ai l'impression d'être là sans l'être. 

Je remarque à peine les pompiers entrer dans la petite salle de bain, du moins, leur présence ne me touche pas plus que ça. Mais on m'enlève la main de Jin. Je regarde alors ma main, maintenant vide. Comme ce trou béant dans ma poitrine. On me l'arrache lentement. Je le sens partir. Je ne veux pas qu'il parte...pas maintenant...jamais en fait ! 

Quelqu'un me soulève et je me retrouve assis dans une camionnette je crois. Jane est là. Penchée au dessus de Jin. Trois hommes s'affairent autour de lui. Moi je regarde inlassablement le visage de Jin qui semble juste endormie. Je n'ai pas peur. Je ne ressens rien. Comme si mon cerveau avait était tellement ébranlé par cet événement, qu'il m'avait persuadé que tout ça était faux. Et que bientôt Jin se relèverait, et on rentrerait tous les trois à la maison. 

On me lève de nouveau. 

Je marche machinalement jusqu'à une porte qui se ferme devant moi.

 Jin est de l'autre côté de cette porte. 

Je suis pas du bon côté...ou alors c'est lui... 

Une voix familière me parle :
-Nam, mon grand, tu as entendu ?
Je me tourne vers Jane et fait non de la tête. Elle me dit en souriant gentiment :
-Avant d'entrer là, un infirmier a dit que le cœur de Jin était repartit.
« repartit » ? Jane m'assoie sur une chaise tout en plastique et continue de me parler doucement :
-Nam tu as compris ? Jin va bien, son cœur bat de nouveau.
Je continue de regarder cette femme qui semble épuisée de la vie qu'on lui a offerte, en analysant ce qu'elle venait de me dire. Je demande toujours dans un état second :
-Jin est vivant ?
Jane prend un air triste. Quoi ? Il l'est pas ?? Elle me répond touchée par mon émotion :
-Oui il l'est Nam. Ton amoureux est vivant.
Comme soulagé, des larmes se déroulent silencieusement sur mes joues. Je rajoute en regardant cette porte toujours fermée :
-Je veux le voir Jane...
Elle me rassure en me pressant doucement les épaules :
-Tu vas le voir, dès qu'il sort je te promet que tu sera le premier à le voir ok ?
Je lâche un petit : "Ok" et me tais finalement...

Jusqu'à ce que la mort nous sépare.  TOME 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant