Chapitre 58

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Giovanni et Natacha restèrent ainsi les yeux dans les yeux un moment.

- tu as mal, Carra Mia?

- ça va... la minerve me maintient bien... tout va bien tant que je reste droite sans forcer...

- c'était à moi de le défoncer ce malade...

- oui peut être... dans un film romantique mais là, dans la vraie vie... tout le monde a vu quel psychopathe il est, et personne n'a rien à te reprocher.

- même pas toi?

- non.

- tu es... je t'aime si fort...

- donc à part que tu as le bras cassé, et des coquards... on est débarrassé de toutes les merdes?? et on va avoir des semaines pour se reposer...

- comment ça?

- tu crois pas qu'on va prendre des gardes dans l'état où on est... tu vas devenir un adepte de la grasse mat...

- oui mais les ronds...

- maman a réfléchi et s'en est déjà occupé, indemnisation par la sécurité sociale et assurance accident des pompiers... on a deux mois tranquilles... faut juste pas qu'on loupe tes partiels et mes évals, ça serait trop con...

Elle voulut s'asseoir sur le bord du lit, il l'aida de sa main valide. Elle lui prit les mains.

- embrasse moi... j'ai envie d'un vrai baiser de cinéma...

- on est deux alors. Mais je dois avoir du sang partout.

- rien à cirer...

- ta maman a raison, quand tu es dans mes bras, je suis à ma place dans l'univers...

- et moi aussi...

De sa bonne main, il lui caressait le visage, émerveillé de la voir vivante et souriante. Avec une douceur infinie, il s'approcha, la main sur sa nuque pour s'assurer qu'elle ne bouge pas, il posa ses lèvres sur les siennes et l'embrassa tendrement.

- allez, viens, tu as besoin de soins...

- ouais...

Il se laissa entraîner la main de son amie dans la sienne. Ils virent la famille à la cafeteria et allèrent les voir. Le ministre fit une grande déclaration un peu pompeuse à Natacha puis s'éclipsa en leur souhaitant à tous les deux de vite se remettre. Il laissa un numéro de téléphone au cas où ...

Une infirmière repéra Jo et courut chercher deux collègues, pas moyen que ce jeune, têtu comme une mule, refuse encore une fois de se faire soigner. Il se fit embarqué manu militari sous les rires de la famille.

Natacha vint se blottir contre son père... père adoptif qui était tellement plus que ça... tellement plus son papa que beaucoup de pères biologiques l'étaient pour leurs enfants.

- je t'interdis de mourir... décréta t il.

- OK... papa, je ferai de mon mieux...

- merci.

Un silence s'éternisa, Nikita proposa à Benjamin de rester avec sa sœur le temps qu'ils aillent chercher des affaires pour les jeunes.

- alors, frangine... tu as mal?

- ils m'ont injecté un truc excellent... je sens plus rien, je suis sure que si tu me pinces je sentirai rien.

- je peux essayer alors?

- non.

- il a raison, Cha, il faut pas que tu meures...

- viens là...

Le frère et la sœur se serrèrent fort dans les bras l'un de l'autre.

- ne pleure pas, p'tit frangin, je vais bien.

- je pleure pas, c'est toi qui pleure...

- OK

Les larmes qui ne coulaient pas des yeux de Benjamin mirent longtemps à se tarir. Les parents de retour avec un sac de vêtements et une trousse de toilette, les trouvèrent ainsi. Benjamin lâcha vivement sa sœur.

- j'ai eu un coup de bad, fit elle, Ben me consolait... ça va maintenant...

- c'est bien, mon petit vieux de prendre soin de ta sœur, approuva Martin nullement dupe mais ému de leur complicité.

Une infirmière vint les prévenir que Giovanni était revenu et allongé dans son lit, ce qui risquait de ne pas durer si sa petite amie ne venait pas rapidement le persuader d'y rester.

Elle s'éloigna les yeux aux ciel en maugréant 'quel bourrique ce gamin'.

Dans la chambre, Jo y était effectivement mais déjà plus allongé, il tournait en rond.

- hey! Sourit Natacha en entrant.

- hey! On rentre?

- non. Fit Nikita. Pas tant qu'un médecin ne l'aura pas autorisé.

- et c'est non négociable. Ajouta Martin.

- c'est stupide. Avoir mal, on peut faire ça partout. Et à la maison, on serait mieux. Argumenta t il avec un regard suppliant vers Natacha.

- tu as raison, fit elle en lui prenant la main, mais moi, je crois que j'ai vraiment besoin de leur piqûre contre la douleur et je pense que toi aussi.

- on sait les faire, les injections...

- pas le choix, mon capitaine, on est retenu ici contre notre gré.

- ...

- tu devrais utilisé ton énergie à négocier une chambre double, proposa t elle, parce que l'évasion semble difficile... tu te souviens, tu avais un emplacement pour ton projet artistique à réfléchir... ça serait peut être le moment de t'en occuper, si on est coincé là à rien faire quelques jours...

Il se figea, interloqué, puis se tourna vers elle, tout sourire.

- ouais, t'as pas tort, Carra Mia... je vais leur parler...

La famille médusée le regarda sortir. Natacha, bien sur, n'avoua pas parler d'un suçon mais était vraiment fière d'elle... et impatiente de savoir le fruit de ses cogitations.

Le médecin chef revint avec lui, en rigolant.

- bon alors, il semble qu'une chambre double soit nécessaire ici, s'amusa t il alors que les joues de Natacha prenaient une jolie teinte rosée.

- c'est possible? Demanda Nikita.

- non. Mais on peut libérer la chambre de mademoiselle et mettre un lit d'accompagnant ici.

- parfait.

- non, jeune homme, votre amie a la colonne vertébrale vraiment fatiguée, elle ne peut pas dormir sur un lit non médicalisé.

- oui bien sur, mais moi j'ai juste mal au bras, moi je peux... c'est évident, docteur, que si sa santé l'empêche de sortir, c'est qu'il faut prendre soin d'elle...

il avait répondu calmement mais avec un aplomb et une autorité tranquille qui scotchèrent son auditoire. Ils découvraient le pompier assuré et compétent qu'il était.

- on est d'accord, et je fais retirer la porte.

- pardon?

- tant que vous portez cette minerve et que vous souffrez, aucune partie de jambes en l'air ne sera envisageable... c'est compris?

- oui, docteur, répondit Jo avec un petit sourire montrant qu'il assumait d'être démasqué dans ses projets.

Finalement, ils ne restèrent que trois jours à l'hôpital. Martin avait été raccompagner Benjamin à son collège et était revenu. Nikita et lui avaient décidé de rester dans leur appartement en face de celui des jeunes et de prendre soin d'eux.

Les visites de leurs amis n'arrêtaient pas, ils n'eurent pas le temps de s'ennuyer. Et puis, honnêtement, la douleur dans la nuque ou le bras, nécessitait vraiment des injections régulières. Ils eurent, grâce à leurs amis, leurs cours et ne prirent pas de retard scolairement.

NAT ET JO Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant