Chapitre 6

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Le commandant appela tout le personnel de la caserne et demanda à chacun de se présenter.

- je m'appelle Natacha Malket, je viens de France pour étudier ici à Firenze, j'ai 16 ans... et je suis très heureuse d'avoir réussi les test et d'être ici parmi vous...

- ouais bravo, bienvenue Natacha! Applaudirent les autres.

Personne n'avait fait attention à son nom de famille, et elle s'en félicita, c'était suffisamment galère d'être une fille, alors une fille à papa... Giovanni, lui, assuma son nom et répondit calmement aux questions qui fusèrent, seul son regard noir disait combien il en avait assez de traîner ce fardeau.

Le lundi à la cafet du lycée, Mattéo vint s'asseoir à la table de Natacha et Ariane. Il commença par passer sa main sur les fesses d'Ariane avant de s'adresser à Natacha.

- je me suis fait engueuler par Manzoni et je ne tiens pas à me faire virer...

- moi non plus, je ne tiens pas à ce que tu te fasses virer... c'est pas dur, si je te plais pas, évites moi... je ne prendrai pas de garde avec toi, fais pareil et voilà...

- voilà... faisons ça... et évites les ruades...

- alors fous moi la paix, OK?

- OK... salut...

- salut...

- tu lui plaît... susurra Ariane.

- c'est un connard!

Natacha travaillait dur toute la semaine pour être disponible à 100 % le samedi pour sa formation.

Ils commencèrent par le secours à personne, puis, aux vacances de la Toussaint, les secours divers. Ils passaient des heures en cours théoriques avant de passer à des exercices concrets où, chacun leur tour, ils faisaient la victime ou le pompier.

Cela donnait des situations cocasses comme ce samedi de Novembre ou Natacha se mélangeait les pinceaux dans son comptage pour le massage cardiaque à plusieurs reprises.

- je dois être un putain de zombie... soupira Giovanni en se redressant, ça fait 5 fois que tu me laisses mourir...

- oh je suis désolée... je n'y arrive pas...

- échangez les rôles, demanda le formateur.

Giovanni commença son massage cardiaque en comptant bien fort chaque fois qu'il simulait de lui presser la cage thoracique. Mais, elle n'avait pas joué à fond son rôle de morte et gardé les yeux ouvert. Les «trucs dorés» réapparurent et ce fut lui qui perdit son compte.

- bon, vous êtes minables... suivant!

Vexé, le jeune homme se mit à l'écart, le nez dans son fichier de cours.

L'après midi, alors que Paula devait accoucher, Natacha lâcha le poupon. Le formateur lui envoya un taquet à l'arrière du crane en demandant si elle avait bu.

A la fin de la journée, c'était au tour de Giovanni de vérifier les salles de cours et les vestiaires pour les fermer. Il sursauta en entendant du bruit, persuadé d'être seul. Il y trouva Natacha qui pleurait en boule dans un coin par terre.

- hey, Natacha...

- laisses moi...

- je peux pas, je dois vérifier que rien ne traîne... tu traînes par terre là... argumenta t il. Vas traîner ailleurs, si tu veux pas me voir...

Elle lui sourit et décida de ne plus traîner par terre. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever.

- merci...

- c'est pas grave, tu sais, une journée la tête ailleurs, ça arrive... c'est rien...

- oh c'est pas rien... sanglota t elle.

Ses larmes coulaient incontrôlables, elle tremblait comme une feuille. Doucement, il passa le bras autour de ses épaules et l'attira contre lui.

- on doit sortir... viens... fit il, pensant aux types de garde et leurs commentaires, si ils les trouvaient ainsi.

Elle se laissa emmener, le suivant docilement. Il la conduisit dans un petit jardin public sur un banc au calme.

- aller, Natacha, reprends toi, tu te trompes c'est vraiment pas grave de merder en formation, en vraie intervention, oui...

- c'est pas ça...

- c'est Mattéo? Il continue? Il a dit qu'il ne te lâcherais pas tant que tu n'aurais pas couché avec lui, c'est lui qui te met dans cet état là?? si c'est ça, dis le, je lui refais le portrait...

- non... non... le coupa t elle en posant une main apaisante sur son bras. Non...

- alors quoi? oh... si tu veux pas me le dire, si c'est pas mes oignons, je comprends... fit il en se levant, un peu gêné...

- c'est mon père... je suis si inquiète...

Le jeune homme réalisa que jamais elle n'avait parlé de sa famille. Il revint s'asseoir près d'elle, plein d'empathie. Elle appuya sa tête contre son épaule alors que ses larmes reprenaient de plus belle.

- il est peut être mort...

- peut être?

- ou en train de se faire torturer... j'ai si peur...

- torturer???? mais par qui?

- les cartels de la drogue en Amérique du sud... c'est des malades, paraît il... oh mon papa...

- mais qu'est ce que tu racontes??? Natacha?

- j'ai pas été aussi courageuse que toi... j'ai pas parlé de ma famille pour qu'on me foute la paix... articula t elle d'une petite voix éteinte...

Elle lui raconta tout, sa mère, sa carrière, ses origines, son frère, What, le mariage, la tournée, la drogue, la maladie, le procès, et l'enlèvement de son père au tribunal de Rio, il y a 5 jours en direct à la télé.

Giovanni l'avait prise dans ses bras, inquiet de ses tremblements incontrôlables et ému de son chagrin.

Peu à peu, en lui parlant de son inquiétude, elle parvint à se contrôler.

Blottie contre lui, ses bras rassurants autour d'elle, elle se sentait mieux, moins oppressée de terreur et respirait plus profondément. Sans bouger, elle lui expliqua que sa mère avait pris l'avion pour être sur place... au risque de se faire, elle aussi, enlever...

- je ne... m'en sortirai pas si ils me les prennent tous les deux... même juste lui...

- tu n'es pas seule... souffla le jeune homme bouleversé par sa détresse.

- merci... merci d'être si gentil... je commençais à penser que pour être un homme pompier, il fallait forcement être un gros bourrin...

NAT ET JO Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant