Chapitre 49

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Le samedi, Natacha était dans la salle commune de la caserne, désœuvrée faute d'intervention, quand son portable sonna, alarmée, elle reconnut le visage de son chéri sur l'écran.

- Jo? Ça va?

- moyen... j'avais besoin d'entendre ta voix... je te dérange?

- non, nos taches sont finies et la radio est calme... et chez toi?

- on vient de rentrer...

- dur?

- insoutenable... une femme battue... battue à mort... elle est morte dans mes bras... en pleurant... articula t il.

- oh merde... la pauvre... comment?

- elle devait pas être beaucoup plus âgée que toi, Carra Mia... elle suppliait qu'on dénonce pas son gars... ça a été ses derniers mots...'ne lui faites rien'... on n'a rien eu à faire, les flic étaient là... j'ai demandé pourquoi il s'était emporté contre elle... il m'a dit qu'elle était vraiment trop chiante... tu te rends compte, Nat? Juste pour ça...

Elle comprit qu'il essuyait des larmes en lui parlant.

- tu n'y peux rien, mon chéri, mon homme, mon amour... tu n'es pas responsable de cette tragédie... si tu avais pu la sauver, tu l'aurais fait, j'en suis certaine...

- il n'y avait plus rien à faire, il l'avait démolie à coups de barre de fer... tu sais, les trucs de chantier... juste à essayer de l'apaiser...

- je suis sure que tu as su le faire...

- mais c'est pas suffisant...

- parfois juste rassurer, c'est notre maximum et ça change tout... fit elle en répétant les paroles de leur instructeur.

- elle méritait pas de mourir...

- on décide pas ça, Jo...

- tu as raison... pardon de t'emmerder avec ça...

- tu m'emmerdes pas... je sais pas si j'aurais pu supporter un truc pareil.

- pas le choix, hein? On fait ce qu'il faut et ensuite on doit digérer...

- j'espère que ça va être calme un moment pour toi...

- je sais pas, une autre inter, ça aide à penser à autre chose... parce que là, la victime elle est imprimée devant mes yeux...

- c'est vrai.

- en tout cas, j'arrête pas de me dire que je suis heureux que toi, tu sois une lionne... ce genre de misère, ça peut pas t'arriver...

- juste des empreintes de mains sur le derrière... susurra t elle malicieusement pour faire diversion. Et au fait, ton suçon disparaît...

Cela fonctionna à merveille, elle trouvait les garçons si prévisibles!!

- je vais réfléchir où placer artistiquement le prochain... fit il la voix rêveuse, j'ai quelques idées...

- j'en doute pas... espèce de pervers...

- oh, les gars ont vu tes coups de griffes à l'entraînement... ils ont compris... enfin, il paraît que j'avais l'air trop euphorique... ils fantasment tous sur notre vie sexuelle maintenant!

- allons bon...

- je suis trop fier.

- en mode dompteur de fauve? Ironisa t elle mal à l'aise.

- y a de ça... oh merde, une inter... je te laisse... je te ferai passer mes idées, je t'aime.

- moi aussi...

Elle resta près du standard, inquiète d'une nouvelle intervention pénible pour son chéri et manqua de s'étouffer de rire une demi heure plus tard, avec ses collègues en entendant la voix blasée de son homme déclarer: «Équipe de Venezia, de retour d'intervention, nous avons bien écrasé la grosse araignée qui avait fait peur à la dame». Elle ne put résister et demanda de sa voix la plus pro: «pouvez vous répéter équipe de Venezia?».

Elle sentit qu'il souriait en répétant, il avait reconnu sa voix. «compte rendu d'intervention, la grosse bestiole a trépassé, on est opérationnel pour un nouveau départ mais on espère parler au mec qui déclenche nos inters...», «il est accroché au lustre à cause d'une guêpe, on compte sur vous, équipe de Venezia».

Le commandant qui riait avec les autres intervint pour faire libérer la radio. Les autres casernes avaient entendu bien sur, cela fit le buzz ce week-end là!!

C'était cela aussi la vie de pompier, les drames laissaient la place aux idioties et la vie continuait...

La radio envoya l'équipe de Firenze chez une dame pour un départ d'incendie... puis chez un papy en crise d'asthme...

Tout cela s'enchaîna jusqu'au dimanche soir. Pour une fois, la soirée avait été calme, Jo rentra de bonne heure. Riant d'avance des blagues que sa chérie devait lui réserver à propos de l'araignée, il ouvrit la porte et la chercha du regard. Il la trouva dans le canapé.

- hey, j'ai pu me sauver de bonne heure pour une fois... tu fais quoi?

- salut, on m'a fait un cadeau, Jo... regarde...

Elle se tourna doucement vers lui, les bras serrés devant elle et les yeux noyés de paillettes dorées. Il se pencha, curieux et découvrit lové dans ses bras une boule de poils grise.

- c'est quoi?? sursauta t il, pas fan des bestioles.

- un bébé chat...

- ah.

- la dame chez qui on a éteint le début d'incendie, en avait 4 à donner... celui là était le plus petit... tout seul dans son coin... est ce que tu permets que je le garde?

Impossible de reprendre son souffle, elle lui demandait son accord pour adopter un chaton mais lui, il la projetait dans l'avenir, le jour où elle lui présenterai son enfant... comment dire non à un sourire pareil, à des yeux pareils, à une frimousse pareille?

- oui... articula t il.

Elle posa doucement le machin poilu près d'elle et lui sauta dans les bras, l'embrassant mille fois partout sur le visage. Il éclata de rire, inquiet de cet intrus mais surtout ravi de la voir si heureuse.

- tu viens, on va lui chercher ce qu'il lui faut, pendant qu'il dort?

- il lui faut des trucs?

- t'en fais pas, toi, tu gères la voiture moi, je m'occuperai des dépenses pour lui...

- si tu veux...

Il la suivit dans le rue jusque la petite supérette, et la regarda choisir une espèce de bassine en plastique verte fluo, se retrouva avec un sac de ... litière??? de 10 kilos au bras... elle prit du lait pour chat, ça il comprenait, des croquettes, une canne à pèche avec des plumes, une souris mécanique et un genre de couffin.. Ils en avaient plein les bras en rentrant chez eux.

NAT ET JO Spin off M.A.P.L.V.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant