Attire-moi

Chapitre 6

Lorsque j'observe mon reflet dans le miroir de la salle de bain, je découvre avec horreur mes yeux gonflés et rouges d'avoir tant pleuré. Mes cheveux sont ébouriffés après y avoir entremêlé mes doigts.

Je passe un gant de toilette sous l'eau froide et tente d'apaiser les rougeurs en le laissant reposer sur mes paupières.

Il fait à présent nuit dehors, et je suis exténué. Pourtant, je sais d'ores et déjà que le sommeil n'est pas prêt à m'emporter de si tôt. Je soupire avant d'enfiler mon pyjama, qui se compose d'un sweat bien trop grand pour moi et d'un legging confortable, ainsi que de grosses chaussettes pour ne pas risquer d'avoir froid.

Je finis tout de même par me coucher, les yeux longtemps rivés sur le plafond plongé dans l'obscurité totale.

* * *

Une demi-heure seulement de passée et pourtant, j'ai l'impression que je suis assise ici depuis plus d'une heure. Certains étudiants s'endorment sur leur document et d'autres sur le clavier de leur ordinateur.

Moi, je passe mon temps à fixer l'entrée de l'amphithéâtre, après avoir remarqué qu'il n'était pas dans la salle. Même si je suis convaincue qu'il est un peu tard pour qu'il fasse son entrée. Alors, entre chaque petit paragraphe du cours que je retranscris sur mon ordinateur, mon regard dévie automatiquement dans la direction de la double porte, en espérant qu'elle daigne s'ouvrir sur une tête brune.

Soudainement plus aucun bavardage, qui couvrait la voix de Mr Smith, ne se fait entendre. Je relève la tête de l'écran et observe désormais le centre de l'attention.

De là où je suis, j'arrive tout de même à reconnaître la carrure imposante du brun, cette fois sans le type blond à la casquette rouge. Le professeur réagit immédiatement :

- Arriverez-vous, une fois seulement, à l'heure dans l'un de mes cours, ou dois-je m'y habituer ?

L'intéressé hausse les épaules, impassible.

Apparemment, je me suis trompé. Peu importe l'heure, il débarque comme une fleur.

Mr. Smith souffle, puis il indique :

- Va donc t'asseoir.

Avant qu'il ne fasse un pas, il l'interrompt de nouveau :

- Où est ton clone ?

Downs répond, mesquin :

- Qui ?

Le professeur hausse un sourcil.

- Il n'a pas voulu venir pour une demi-heure seulement.

Au moins, ça a le mérite d'être franc.

Mr. Smith réplique :

- Au point où nous en sommes vous auriez pu faire de même.

Le brun scrute l'amphi, ne prêtant aucune attention à ce qu'il vient de dire, puis il me repère au loin, rictus en coin. Il s'assoit à mes côtés en sortant à son tour son ordi puis l'allume en vitesse, je le regarde faire, discrètement.

Puis, le silence demeure ensuite entre nous. Un silence de plomb qui ne me réjouit pas pour autant. Les minutes s'écoulent, je ne cesse de guetter chacune de ses expressions et entreprends chacun de ses gestes, il a dû le remarquer, mais n'a rien rétorqué.

J'ai besoin d'en savoir plus.

- Tu t'appelles comment ?

Il lève un sourcil, moqueur, puis marmonne :

- Plus indiscret, tu meurs...

Je ne passe pas par quatre-chemins, c'est tout.

Je soutiens son regard dans l'attente de sa réponse, puis il m'interroge :

- Pourquoi voudrais-tu le savoir, Gourmande ?

Gourmande, il retient vraiment le stupide surnom qu'il m'a donné l'autre jour ?

Je détourne la tête, découragée. Pourtant, sa voix rauque s'élève discrètement :

- Asher.

Je tourne mon regard vers lui comme pour enfin assigner un prénom à son visage.

Il me retourne ensuite la question :

- Et toi ? C'est quoi ton joli prénom ?

Je hausse un sourcil et dirige de nouveau mon attention sur le clavier, simplement dans le but d'éviter la question.

- Quoi, tu vas m'ignorer ?

C'est à mon tour de hausser les épaules comme il semble en avoir l'habitude.

Cette fois, il lance :

- Impolie.

Je plonge mes iris dans les siens et rétorque :

- Toi stupide, tu aurais pu ne pas me donner le tiens.

Son attention pèse sur moi. J'ignore comment il a pu le supporter lorsque je le faisais quelques minutes avant, mais ce qui est clair, c'est que j'en suis incapable.